💚 // CHRONIQUE 2 ET COUP DE CƒUR D’UNE TRAILEUSE PASSIONNÉEđŸƒâ€â™€ïžđŸƒâ€â™€ïž

Chronique n°2
Des hauts, des bas : entre rire et larmes, peine, joie, tristesse, nostalgie, colÚre, rage, haine, mépris, doutes, émerveillement, surprise

Et la liste est encore longue. Des sentiments, des Ă©motions, des ressentis et des sensations c’est aussi ça que je vis grĂące Ă  ma passion.
J’ai du positif et du nĂ©gatif mais je peux te proposer une fin heureuse.
Alors, ce qu’on va faire c’est que je vais commencer par le positif, t’amener dans les moments plus difficiles pour te remonter le moral avec un happy end. En fait, faut que je t’avoue que c’est comme ça que j’ai envie de l’écrire parce que c’est assez reprĂ©sentatif. Tu l’avais compris, le positif ce sont les hauts et le nĂ©gatif, les bas. Les hauts et les bas ça me connait un peu : les profils de courses, les sommets Ă  grimper Ă  partir du bas des vallĂ©es, les sĂ©ances de cĂŽtes, les descentes qui t’explosent les quadris. Mais c’est aussi ma vie de tous les jours (je prendrai peut-ĂȘtre le temps ou pas de te l’expliquer dans un prochain Ă©crit) et la rĂ©alitĂ© de ce que je traverse pendant que je cours.

1) Les hauts
Souvent, aprùs une course, on me demande comment je fais : pour courir avec ce grand sourire, pour avoir l’air aussi sereine, heureuse et positive.
J’ai une explication assez simple et rationnelle, un truc de scientifique :
la pratique d’une activitĂ© sportive entraine la production d’endorphine. L’endorphine, c’est ce qu’on appelle communĂ©ment l’hormone du bonheur. Scientifiquement parlant ce n’est pas tout Ă  fait ça mais je te laisse faire des recherches si ça t’intĂ©resse.
La production d’endorphine pourrait donc expliquer mon Ă©tat de bonheur et de bien-ĂȘtre pendant les courses. Pourtant, moi je te le dis que je n’ai pas le mĂȘme Ă©tat de bonheur pendant mes sĂ©ances de renforcement.
Je t’assure que ce n’est pas l’explication que je donne quand on me pose ce genre de questions. Je souris parce que je suis heureuse oui. Et dans ces moments-là je suis heureuse pour mille et une raisons.
Il y a des raisons sur lesquels je ne sais pas poser de mots, des raisons certainement inexplicables, peut-ĂȘtre trop personnelles ou peut-ĂȘtre pas encore assez clairs pour que je puisse les exprimer. Mais je ne vais pas te laisser sur ta faim et te raconter quelques petits trucs tout de mĂȘme. D’abord, toutes ses courses en montagne accompagnĂ©es de soleil, de paysages Ă  en couper le souffle, de sentiers remplis de cailloux (que tu insultes de tous les noms au bout de kilomĂštres, je parle bien de ceux-lĂ ), de forĂȘts enchantĂ©es, avoue que ça peut que rendre heureux. En tout cas, ça s’apparente pour moi au paradis sur terre et c’est l’endroit, peu importe qu’il s’agisse des Alpes ou des Vosges (oui, je vais devoir m’aventurer dans d’autres massifs tu as raison), oĂč je me sens chez moi.
Aussi, courir ça me permet de me sentir libre. Pourquoi ? Je n’en sais trop rien, surement parce que j’avance sans rĂ©flĂ©chir avec beaucoup de lĂ©gĂšretĂ© dans un monde qui n’appartient qu’à moi. Un monde oĂč il n’y a qu’à se demander oĂč poser son pied Ă  la prochaine foulĂ©e, ce que
l’on va bien pouvoir manger au prochain ravitaillement, si l’on a plutĂŽt envie de sa gaufre au chocolat ou sa barre macchiato (j’ai une amie qui me rĂ©pondrai sans hĂ©siter de manger la barre macchiato).
Puis trĂšs sincĂšrement, sur une course qui dure des heures et des heures, si je ne faisais que tirer la gueule, avoir des pensĂ©es nĂ©gatives quel intĂ©rĂȘt ça pourrait bien avoir. Qu’est-ce que j’en tirerai dans mon quotidien ? J’ai dĂ©cidĂ©, depuis un petit moment maintenant, d’avoir pour philosophie « le smile c’est la life », avoir le sourire aux lĂšvres mĂȘme s’il ne s’agit que d’une image extĂ©rieur me permet au fond de moi d’apporter des bonnes vibes. Me forcer Ă  sourire m’apporte de la chaleur, du rĂ©confort. Oui, parfois je m’y oblige en essayant de me rĂ©pĂ©ter que le positif attire le positif.
Sinon, parcourir les sentiers en compĂ©tition ou non me dĂ©foule et me soulage du poids que je porte au quotidien sur mes Ă©paules, mon cƓur, dans ma tĂȘte (et un peu sur mon corps aussi faut pas se cacher qu’il faut parfois Ă©liminer la fondue, les cookies et les chocolats) plutĂŽt que de crier, de pleurer je vais courir, aprĂšs tout va mieux et je souris. J’ai encore une raison sĂ©rieuse. Je ne pense pas que je paraisse sereine, je ne suis jamais
vraiment sereine sur une course, mais mon sourire est aussi dĂ» en partie, Ă  ma satisfaction. Je suis satisfaite de courir. En fait, non enfin si, mais je veux encore rajouter une chose : je suis reconnaissante.
La reconnaissance, c’est exactement ça, c’est le mot juste. Aujourd’hui, je me dois d’ĂȘtre heureuse, de sourire. Je crois surtout que je le dois au trail, Ă  la montagne. Ça fait quelques annĂ©es maintenant que je cours, la course Ă  pied et le trail en particulier m’a beaucoup appris. Cette passion et tout ce qu’elle m’a permis de vivre m’a fait grandir, Ă©voluer, avancer, comprendre, changer et tout ce genre de trucs-lĂ  qui seraient trop long Ă  expliquer maintenant. Bref, ça m’a apportĂ© tant de choses dans la vie de tous les jours, que maintenant quand je foule les sentiers, je dois Ă  la montagne et Ă  ce sport une reconnaissance Ă©ternelle.
Elle passe, d’aprùs moi, à travers cette bonne humeur, ce sourire et mon bonheur.
Il faut quand mĂȘme que je te confie deux petites raisons du smile dans tous les cas sur 5 ou 110 kilomĂštres. Ne le dis Ă  personne mais la musique et le coca-cola sont ma raison de vivre en trail. Sur chacune de mes courses, mes sorties longues, j’ai toujours la mĂȘme playlist dans
les oreilles. Une playlist qui tient 13h pour sĂ»r ! Chaque morceau a une signification. Il me rappelle soit une personne, celle qui m’a donnĂ© le titre en gĂ©nĂ©ral, soit un moment ou encore un endroit. Tu te doutes bien que ce ne sont que des personnes, des moments et des endroits que j’aime ou que j’ai aimĂ©. De la musique qui me fait sourire, parfois mĂȘme rire. Des titres qui me donnent envie de danser, qui me font parfois penser qu’un ultra trail peut s’apparenter Ă  une folle soirĂ©e un peu arrosĂ©e Ă  clubber entre copains. Pour le coca, il faut savoir que dans
les moments les plus critiques d’une course c’est la chose qui m’a le plus sauvĂ© et je ne te parle pas d’hypoglycĂ©mie lĂ  mais d’un coup de blues mental. Un coup de mou et il me suffit de penser que tous les 20 kilomĂštres je trouverai ma bouteille de coca-cola pour retrouver le sourire (dĂ©solĂ©e Ă  tout mon crew qui pensait que c’était eux qui me donner envie d’avancer jusqu’au prochain point).

2) Les bas
Ok ok, ce n’est pas toujours rose, je mentirais si je te faisais croire ça. A vrai dire, c’est assez difficile pour moi d’écrire sur les coups durs car ce sont en gĂ©nĂ©ral les premiĂšres choses que j’oublie une fois passĂ©e la ligne d’arrivĂ©e. Ça me parait logique parce que sinon je ne vois pas comment j’aurai envie de recommencer.
Il y a quand mĂȘme quelques difficultĂ©s que je peux te raconter. D’abord, sache que l’on ne peut pas ĂȘtre toujours satisfait et encore moins lorsqu’on s’entraine dur pour un objectif, un rĂȘve, l’accomplissement que l’on attend. Lorsque j’ai prĂ©parĂ© l’Ultra Trail des PaĂŻens (UTDP), je courais beaucoup, c’était Ă  vrai dire la prioritĂ© dans ma vie, et j’ai Ă©tĂ© déçue des centaines de fois. Tu me diras que c’est un peu ridicule d’ĂȘtre déçue de son allure sur une sĂ©ance de cĂŽte alors que quelques annĂ©es auparavant tu pensais ĂȘtre incapable de courir 5 kilomĂštres.
Oui, au fond, ce n’est que du sport, ça ne doit t’apporter que du plaisir. Moi, je te le dis, non.
Non, en fait tu as le droit d’ĂȘtre déçue. Et ça m’est bien Ă©gal que toi, quand je te dis ça, tu te dis que certains ont des problĂšmes plus graves et que ce n’est que ma passion, pas mon mĂ©tier, que je dois arrĂȘter d’en faire un drame de cette allure pourrie sur ma sĂ©ance de cĂŽte. Je te le dis, quand tu fais des sacrifices, des compromis, que tu fais passer la course avant le reste et bien si ça peut te paraĂźtre ĂȘtre la fin du monde et tu as le droit de t’en vouloir, d’ĂȘtre déçue et en colĂšre. VoilĂ , ça c’est difficile mais sache juste que ce moment dur, tu dois apprendre Ă  en faire une force la fois d’aprĂšs. Puis, il y a aussi tous ces moments oĂč j’ai culpabilisĂ© de ne pas y ĂȘtre aller. Je n’y suis pas allĂ© parce que je n’avais pas envie, parce que j’ai prĂ©fĂ©rĂ© aller boire un cafĂ© avec une copine, parce que j’avais besoin de souffler, parce que je ne m’en sentais pas capable mais aussi quelquefois parce que je craignais d’échouer. Ah, il y a aussi cette culpabilitĂ© Ă  chaque Ă©cart, le soir oĂč j’ai mangĂ© trop de chocolats, celui oĂč j’ai bu deux biĂšres au lieu d’une, la semaine oĂč au lieu de manger des lĂ©gumes tous les jours j’ai mangĂ© trop de pĂątes. Bien sĂ»r, bien sĂ»r, je suis complĂštement folle de culpabiliser pour ça quand je sais que je cours 100 kilomĂštres par semaine. Mais finalement, ce qui me fait le plus souffrir dans tout ça, c’est que je m’en veux, je me fais du mal et je dĂ©teste mon corps, voilĂ  Ă  quoi ça abouti. Mentalement, je me dis que
j’ai tout foutu en l’air, que je suis faible et qu’en plus Ă  cause de ça je n’arriverai Ă  rien. Alors, je me dĂ©teste, je dĂ©teste mon corps. En fait, quand je me rends compte que j’en arrive lĂ , je suis encore plus mal parce que je me dis que je dĂ©teste un corps qui me permet de faire des choses extraordinaires. Bon, tu l’auras compris, ce n’est pas toujours simple dans ma tĂȘte et ça me parait compliquĂ© de te l’expliquer mais au moins tu vois qu’il existe bien des passages difficiles.
Je te l’ai dit, la plupart du temps quand je passe une ligne d’arrivĂ©e, j’oublie totalement les moments nĂ©gatifs que j’ai dĂ» affronter que ce soit physiquement, sur le parcours ou mentalement. Par exemple, sur l’UTDP, je pense bien que tout n’a pas Ă©tĂ© toujours merveilleux et je le sais car je le dis dans certaines vidĂ©os mais je n’ai aucun souvenir d’avoir
mal vĂ©cu un moment, d’avoir Ă©tĂ© au bout de ma vie, d’avoir Ă©tĂ© dĂ©primĂ© etc. Pourtant, il y a
cette course, cette fois-lĂ  oĂč j’ai eu l’impression que je n’arriverai jamais Ă  terminer, oĂč j’ai eu la sensation d’un Ă©chec total, d’un mal ĂȘtre permanent. C’était au Munster Trail 2022, 42km d’enfer et je vous assure que le classement n’a rien Ă  voir lĂ -dedans car je n’étais pas trop mal placĂ©e. DĂ©jĂ , ça commence par de la pluie Ă  ne plus voir devant soi, le genre de journĂ©es oĂč il n’y a jamais de jour, assez dĂ©primant de base. DĂšs le dĂ©part, ça m’a gonflĂ©, avec la veste de pluie je crĂšve de chaud, je l’enlĂšve et je n’arrive pas le mettre dans mon sac (merci le gentil monsieur qui m’a aidĂ© aprĂšs avoir trĂšs certainement vu mon grand agacement), sans la veste de pluie je crĂšve de froid, j’enlĂšve mon tour de coup en mĂȘme temps je me bats avec ma casquette (non il n’y avait pas de soleil mais beaucoup trop de pluie), j’avais compris que rien n’ira comme je veux. Je t’avoue que je suis plutĂŽt du genre Ă  vouloir que tout fonctionne comme je veux et pas autrement, je te laisse imaginer mon Ă©nervement. Alors quand, en plus on me dit « allez t’es Ă  2 minutes du podium », c’était la phrase de trop et lĂ  surgit une Tif que tu ne veux jamais connaĂźtre. Oui, excuse-moi je ne suis pas parfaite. D’ailleurs merci Ă  toutes les personnes qui se sont fait hurler dessus parce qu’il manque une compote, insulter parce qu’ils me disent que je cours bien et qui m’excusent aprĂšs chaque course et se retrouvent au bord des chemins pour moi la fois d’aprĂšs. ArrĂȘte de faire genre, je sais que tu peux ĂȘtre pareil (enfin j’espĂšre ne pas ĂȘtre seule), c’est juste que certains arrivent Ă  la garder dans leur tĂȘte lĂ  oĂč j’ai besoin de l’extĂ©rioriser. Bon, mon caractĂšre pourri n’est pas le sujet. Et comme rien ne se passait comme prĂ©vu, comme j’étais extrĂȘmement de mauvaise humeur, je me suis
demandĂ© ce que je faisais lĂ  sur les sentiers en train de me battre contre moi-mĂȘme pour arriver au bout de ces 42km. D’abord je me suis dit de penser Ă  tous les moments de bonheur sur les sentiers mais ce sont tous les autres qui me sont venus Ă  l’esprit. Ceux oĂč justement, j’ai pleurĂ© en rentrant, qui m’ont dĂ©primĂ© pendant des jours car j’ai Ă©tĂ© déçu.
Avant, je t’ai dit de te servir de ça pour en faire une force, c’est vrai ça m’a donnĂ© la rage mais elle s’est plutĂŽt retournĂ©e contre moi. J’étais en colĂšre de pas avoir rĂ©ussi, de ne pas rĂ©ussir comme je veux, autrement dit en colĂšre de ne pas passer un bon moment, de ne pas ĂȘtre heureuse d’ĂȘtre lĂ .
Je suis allĂ©e jusqu’à l’arrivĂ©e en me rĂ©pĂ©tant dans ma tĂȘte que je suis trĂšs nulle, que je dĂ©teste ce que je fais et que je suis vraiment incapable de rien. En arrivant, j’ai dit : plus jamais, plus jamais je ne ferai cette course c’était la plus horrible de ma vie. Cette annĂ©e, j’y suis retournĂ©e, j’ai choisi le format 62km, j’avais une revanche Ă  prendre, ça Ă©tĂ© un moment extraordinaire et j’y ai vĂ©cu l’inverse de l’an passĂ©. Pardon, en fait je suis obligĂ©e de trouver du positif dans mes expĂ©riences nĂ©gatives. Mais, on a qu’à se dire que ça fait une belle transition vers la derniĂšre partie.

3) Les larmes
Mon grand sourire, ma marque de fabrique comme certains le disent. Ceux qui me connaissent vraiment savent que ma marque de fabrique c’est aussi et peut-ĂȘtre mĂȘme avant le sourire, les larmes.
Je dois te le dire, je pleure et je pleure beaucoup. Alors, non je ne pleure pas toujours de tristesse, de rage, de dĂ©sespoir, de dĂ©ception ou de colĂšre. Mais oui, il peut m’arriver de pleurer aprĂšs un entrainement pour toutes les raisons que je t’ai expliquĂ© avant. Je pleure aussi parfois parce que je doute, je doute de moi, je pense que je n’y arriverai jamais. Parce que, je l’ai toujours fait pour tout. Un copain m’a dit, en fait toi tu Ă©tais celle qui pleurait parce qu’elle n’avait pas rĂ©ussi l’interro mais qui avait un 20/20 avec le point bonus pour l’éval d’aprĂšs
 c’est un peu ça en effet. C’est vrai, je peux pleurer pour toutes ces raisons nĂ©gatives : peur, doutes, haine, dĂ©ception etc. Et c’est mĂȘme ok de te dire que je peux pleurer la veille d’une course, de peur de prendre le dĂ©part, de stresse de ne pas ĂȘtre capable, de la pression que je me mets seule sur les Ă©paules.
Mes larmes sont tellement mais tellement plus que juste ces sentiments négatifs.
Parce que je pleure Ă©normĂ©ment mais je pleure aussi un peu n’importe quand. Je vais te raconter quelques moments oĂč ça m’est arrivĂ©e.
J’ai pleurĂ©, Ă  la fin de mon premier 50km, c’était une sortie off avec des copains. Je suis entrĂ©e dans la voiture, je ne peux mĂȘme pas dire que j’ai pleurĂ©, j’ai chialĂ© en fait. Il faut dire, quand mĂȘme, que j’avais mal partout et que j’étais Ă©puisĂ©e parce que ce truc ça nous avait pris 11h dans
60 centimĂštres de neige. À vrai dire, je ne comprenais pas trop pourquoi je pleurais mais je pense que c’était parce que je me suis rendu compte de ce que j’avais rĂ©alisĂ©, du parcours que j’avais fait depuis mes premiers 500 mĂštres de la mort Ă  ces 50 kilomĂštres.
J’ai pleurĂ© Ă  mon dernier entrainement avant la SaintĂ©lyon. Cette course, celle que je pensais ne jamais pouvoir toucher du bout des doigts, la belle, la mythique, la course que je rĂȘvais de faire. Les larmes ont coulĂ© parce que j’ai fait dĂ©filer ma prĂ©pa dans ma tĂȘte. Les heures d’entrainement, la motivation quel que soit l’heure, la mĂ©tĂ©o, de nuit comme de jour et la plupart du temps seule.
Je remerciais mon corps, ma tĂȘte et mon cƓur de m’emmener, me permettre de m’envoler vers l’un de mes rĂȘves. Je m’imaginais passer cette arche d’arrivĂ©e dans le cĂ©lĂšbre Hall Tony Garnier.
J’ai pleurĂ© parce que j’étais heureuse de ce que j’avais fait pour arriver au dĂ©part de cette course et dis-toi juste que ces larmes m’ont servi Ă  avancer dans les derniers kilomĂštres et ont bien sĂ»r coulĂ© de la mĂȘme façon au moment de passer l’arche. J’ai pleurĂ©, et je t’assure que c’étaient des Ă©normes larmes de crocodiles, quand j’ai rĂ©alisĂ©, en regardant des milliards de fois les vidĂ©os, ma victoire sur l’UTDP. LĂ , vraiment je peux te dire que j’ai pleurĂ© parce que j’étais fiĂšre, parce que j’ai vu la fiertĂ© dans les yeux de mes proches et parce que c’était la plus belle arrivĂ©e que je n’ai jamais vĂ©cue. Je n’ai quasiment versĂ© aucune larme Ă  mon arrivĂ©e, sĂ»rement parce qu’aprĂšs cet effort je ne rĂ©alisais pas vraiment ce qui m’étais arrivĂ©e et ce qui se passait. Mais, c’est juste dingue, dingue de vivre ça, ces Ă©motions de malade, elles sont indescriptibles, dĂ©solĂ©e je ne trouverai jamais les mots
pour ça, je peux juste te dire que c’est un peu comme un rĂȘve Ă©veillĂ©. SecrĂštement, parfois le soir dans mon lit, je m’imaginais gagner cette course et je l’ai gagnĂ©e, c’est exactement ce que j’ai pensĂ© en passant la ligne d’arrivĂ©e. Mais bref, on ne parle pas de cette course folle maintenant. Donc voilĂ , j’ai versĂ© d’énormes larmes en comprenant ce que j’avais fait et je crois que le plus beau moment et le plus de larmes qui ont coulĂ© c’est quand j’ai compris (j’ai encore dĂ» mal aujourd’hui) que cette victoire je me la dois d’abord Ă  moi-mĂȘme et Ă  moi seul (il m’a fallu un peu d’aide pour le comprendre). Tu l’as compris, ces larmes ne reprĂ©sentent rien de malheureux, de triste ou de nĂ©gatif mais elles traduisent juste la beautĂ© et le moment inexplicable que j’ai vĂ©cu.
Je pleure et je pleurerai toujours Ă  la lecture des messages que je peux recevoir avant une course. Tu as raison ça c’est juste parce que je suis super Ă©motive et sensible. Mais les messages de certaines personnes, celles qui comptent Ă©normĂ©ment et qui me font avancer (plus que la musique et le coca-cola j’avoue) par leur prĂ©sence, souvent juste mentale, me font pleurer. Je crois que ça me fait pleurer parce que peut-ĂȘtre je me sens chanceuse, chanceuse d’avoir des personnes comme elles qui croient en moi et sont prĂ©sentes pour me rappeler que je dois croire en moi.
Des larmes pleines d’émotions, des larmes de reconnaissance.
J’ai et j’aurai toujours les larmes aux yeux dans un sas de dĂ©part, simplement parce que je sais Ă  ce moment que je vais vivre une expĂ©rience exceptionnelle, des moments uniques, des Ă©motions fortes et parce qu’entre nous avec leur musique ils cherchent Ă  ce qu’on chiale aussi.
Je pleure et je pleurerai toujours Ă  chacune de mes arrivĂ©es, en tout cas c’est ce que je me souhaite car ça voudra dire que j’ai Ă  chaque fois vĂ©cu quelque chose de fort, que je reste passionnĂ©e et amoureuse de toutes ses sensations que je ne retrouve nulle part ailleurs que dans ce sport et les montagnes.
Il y a deux autres moments oĂč je pleure, quand je retrouve les montagnes et celui oĂč je les quitte. Et allez, je t’avoue qu’en me rappelant tous ces souvenirs et en Ă©crivant ces lignes quelques
gouttes salées ont coulé sur mes joues.
VoilĂ , j’ai tentĂ© de t’expliquer les montagnes russes que je vis dans ma tĂȘte et dans mon cƓur.

Coup de cƓur n°2
Tout schuss
Aujourd’hui je te parle ski et pour ĂȘtre honnĂȘte je n’y connais pas grand-chose, on peut donc parler d’une belle dĂ©couverte.
Comme c’est l’hiver, je me suis dit que je pourrais mettre Ă  l’honneur une athlĂšte locale dans le sport d’hiver. J’ai effectuĂ© quelques recherches et je suis tombĂ©e sur ce petit flocon
pĂ©tillant, j’ai nommĂ© LĂ©onie Perry.
LĂ©onie Perry
LĂ©onie est une skieuse de fond de 19 ans qui est originaire de la Bresse. Nous avons passĂ© une bonne heure ensemble Ă  Ă©changer autour du ski, de la montagne et un peu du trail comme deux passionnĂ©es qui se rencontrent par hasard. Un chouette Ă©change qui je l’espĂšre mĂšnera sur quelques cours de ski de fond et sorties trail dans les Vosges.
A NoĂ«l, j’ai reçu le livre « La vie courante » de François d’Haene, et lĂ  tu te dis que je dĂ©bloque complet parce que je suis totalement hors-sujet, bien non

Figure-toi qu’en commençant Ă  le lire, j’ai pensĂ© Ă  ce que LĂ©onie m’a racontĂ©. Une enfance dans les montagnes, ok les Vosges
ce n’est pas la Savoie mais quand mĂȘme. LĂ©onie a grandi Ă  la montagne dans une famille de sportif, avec des parents qui l’ont mis sur des skis dĂšs son plus jeune Ăąge. Quand je lui ai
demandĂ© si c’était dur de skier, elle m’a rĂ©pondu qu’elle avait skiĂ© avant de marcher. En
grandissant, elle a intĂ©grĂ© le club d’athlĂ© de la Bresse et elle s’en allait courir partout pour
passer des moments sympas entre copines. Oui, tu l’as compris, elle a eu une enfance dehors, au contact de la nature et de tous les sports que l’on peut croiser en montagne.
En grandissant, elle a eu quelques soucis de genou alors elle s’est davantage tournĂ©e vers le ski en laissant un peu la course Ă  pied. Tant mieux pour moi (c’est une blague) !
– A quoi ressemble la vie de LĂ©onie aujourd’hui ?
Elle est Ă©tudiante comme toutes les personnes de son Ăąge, enfin c’est ce qu’elle m’a dit. En fait, elle fait des Ă©tudes en STAPS Ă  Grenoble en ayant des cours par correspondance et des horaires amĂ©nagĂ©es afin de pouvoir suivre son emploi du temps d’athlĂšte de haut-niveau. Elle skie aujourd’hui au ComitĂ© des Vosges aprĂšs avoir fait partie l’an dernier de l’équipe de France Junior qui n’existe plus faute de moyens.
Sa vie est rythmée par ses entrainements. Sur la saison estivale, elle pratique beaucoup de course à pied et de vélo de route tout en y intégrant des séances de renforcement. Petit à petit, le ski roues prend place. Puis sur la saison hivernale, en tout cas dÚs que la neige pointe
le bout de son nez, elle chausse les skis.
– Comment LĂ©onie en est-elle arrivĂ©e au haut-niveau ?
Alors, comme je te l’ai racontĂ©, elle passe son temps en montagne et skie depuis toujours ou presque. Mais elle me raconte qu’au dĂ©part, elle skie et intĂšgre un club pour passer du bon temps entre copains. Elle commence les compĂ©titions et lĂ  elle me dit qu’elle Ă©tait trĂšs nulle. Laisse-moi rire, j’ai chaussĂ© des skis deux fois dans ma vie et elle, elle me raconte qu’elle Ă©tait nulle. Disons que son niveau de l’époque ne lui laissait pas penser qu’elle pouvait un jour en arriver lĂ . Puis, les rĂ©sultats s’amĂ©liorent petit Ă  petit et elle prend goĂ»t Ă  la performance et Ă  ses rĂ©sultats. Si tu me connais un peu, tu comprends qu’on a quelques points communs toutes les deux. Du coup, comme moi, elle te dira d’y croire, de bosser, de ne pas lĂącher et de te donner les moyens pour rĂ©ussir Ă  aller lĂ  oĂč tu veux.

– Qu’est-ce qu’apporte le ski Ă  LĂ©onie ?
LĂ©onie aime le sport en gĂ©nĂ©ral parce que ça permet de soigner son corps, d’en prendre soin.
Le sport lui permet aussi de garder le moral. Et le ski, plus particuliĂšrement, elle en a besoin car elle ne se voit pas rester enfermer, elle a besoin de ce contact avec la nature. Puis forcĂ©ment, les rĂ©sultats ça donne toujours envie de continuer et d’aller plus loin.
– Au fait LĂ©onie, tu imagines quoi pour ton avenir ?
« Alors, je suis loin de pouvoir vivre du ski de fond. Les rĂ©sultats peuvent devenir mauvais du jour au lendemain, ça me dĂ©primerait un peu mais ce n’est pas une fin en soit, je fais des Ă©tudes pour prĂ©venir ça aussi. Je redeviendrai une Ă©tudiante lambda, j’irai skier pour le plaisir et je reprendrai une vie normale. Mais, je ne pense pas souvent Ă  ça et je me laisse vivre. »
– Et niveau palmarùs ça donne quoi ?
Je t’avoue, elle m’a expliquĂ© longtemps les diffĂ©rentes Ă©preuves et Ă  quoi ça pouvait
ressembler, je n’ai pas tout compris à part qu’elle elle n’aime pas les 100km qui dure 13h mais qu’elle est plutît du style effort court et intense.

  • 15Ăšme au FOJE (Festival olympique de jeunesse) sur l’épreuve de KO sprint.
  • 6Ăšme en coupe d’Europe sur l’épreuve de KO sprint.
  • 24Ăšme au Championnat du Monde Junior.
  • 1er en Coupe de France il y a quelques semaines.

– Le petit plus
Léonie et ses copains du Comité des Vosges ont créé une association « Association des Espoirs du ski de fond vosgien » pour mettre en place des petites actions afin de financer une partie de leur saison.
Un grand merci Ă  LĂ©onie de m’avoir accordĂ© du temps et pour ce super moment passĂ© Ă 
papoter autour de nos passions.
Comme on est dans le ski et que j’ai parlĂ© de cette petite dĂ©couverte et rencontre Ă  HĂ©lĂšne, je vous donne son petit coup de cƓur ski Ă  elle aussi : Delphine Wernert. Elle aussi skieuse de fond vosgienne.

Article / Tif Prinz

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Film Raid des chĂąteaux par BlackBeam