Chronique n°2
Des hauts, des bas : entre rire et larmes, peine, joie, tristesse, nostalgie, colĂšre, rage, haine, mĂ©pris, doutes, Ă©merveillement, surpriseâŠ
Et la liste est encore longue. Des sentiments, des Ă©motions, des ressentis et des sensations câest aussi ça que je vis grĂące Ă ma passion.
Jâai du positif et du nĂ©gatif mais je peux te proposer une fin heureuse.
Alors, ce quâon va faire câest que je vais commencer par le positif, tâamener dans les moments plus difficiles pour te remonter le moral avec un happy end. En fait, faut que je tâavoue que câest comme ça que jâai envie de lâĂ©crire parce que câest assez reprĂ©sentatif. Tu lâavais compris, le positif ce sont les hauts et le nĂ©gatif, les bas. Les hauts et les bas ça me connait un peu : les profils de courses, les sommets Ă grimper Ă partir du bas des vallĂ©es, les sĂ©ances de cĂŽtes, les descentes qui tâexplosent les quadris. Mais câest aussi ma vie de tous les jours (je prendrai peut-ĂȘtre le temps ou pas de te lâexpliquer dans un prochain Ă©crit) et la rĂ©alitĂ© de ce que je traverse pendant que je cours.
1) Les hauts
Souvent, aprĂšs une course, on me demande comment je fais : pour courir avec ce grand sourire, pour avoir lâair aussi sereine, heureuse et positive.
Jâai une explication assez simple et rationnelle, un truc de scientifique :
la pratique dâune activitĂ© sportive entraine la production dâendorphine. Lâendorphine, câest ce quâon appelle communĂ©ment lâhormone du bonheur. Scientifiquement parlant ce nâest pas tout Ă fait ça mais je te laisse faire des recherches si ça tâintĂ©resse.
La production dâendorphine pourrait donc expliquer mon Ă©tat de bonheur et de bien-ĂȘtre pendant les courses. Pourtant, moi je te le dis que je nâai pas le mĂȘme Ă©tat de bonheur pendant mes sĂ©ances de renforcement.
Je tâassure que ce nâest pas lâexplication que je donne quand on me pose ce genre de questions. Je souris parce que je suis heureuse oui. Et dans ces moments-lĂ je suis heureuse pour mille et une raisons.
Il y a des raisons sur lesquels je ne sais pas poser de mots, des raisons certainement inexplicables, peut-ĂȘtre trop personnelles ou peut-ĂȘtre pas encore assez clairs pour que je puisse les exprimer. Mais je ne vais pas te laisser sur ta faim et te raconter quelques petits trucs tout de mĂȘme. Dâabord, toutes ses courses en montagne accompagnĂ©es de soleil, de paysages Ă en couper le souffle, de sentiers remplis de cailloux (que tu insultes de tous les noms au bout de kilomĂštres, je parle bien de ceux-lĂ ), de forĂȘts enchantĂ©es, avoue que ça peut que rendre heureux. En tout cas, ça sâapparente pour moi au paradis sur terre et câest lâendroit, peu importe quâil sâagisse des Alpes ou des Vosges (oui, je vais devoir mâaventurer dans dâautres massifs tu as raison), oĂč je me sens chez moi.
Aussi, courir ça me permet de me sentir libre. Pourquoi ? Je nâen sais trop rien, surement parce que jâavance sans rĂ©flĂ©chir avec beaucoup de lĂ©gĂšretĂ© dans un monde qui nâappartient quâĂ moi. Un monde oĂč il nây a quâĂ se demander oĂč poser son pied Ă la prochaine foulĂ©e, ce que
lâon va bien pouvoir manger au prochain ravitaillement, si lâon a plutĂŽt envie de sa gaufre au chocolat ou sa barre macchiato (jâai une amie qui me rĂ©pondrai sans hĂ©siter de manger la barre macchiato).
Puis trĂšs sincĂšrement, sur une course qui dure des heures et des heures, si je ne faisais que tirer la gueule, avoir des pensĂ©es nĂ©gatives quel intĂ©rĂȘt ça pourrait bien avoir. Quâest-ce que jâen tirerai dans mon quotidien ? Jâai dĂ©cidĂ©, depuis un petit moment maintenant, dâavoir pour philosophie « le smile câest la life », avoir le sourire aux lĂšvres mĂȘme sâil ne sâagit que dâune image extĂ©rieur me permet au fond de moi dâapporter des bonnes vibes. Me forcer Ă sourire mâapporte de la chaleur, du rĂ©confort. Oui, parfois je mây oblige en essayant de me rĂ©pĂ©ter que le positif attire le positif.
Sinon, parcourir les sentiers en compĂ©tition ou non me dĂ©foule et me soulage du poids que je porte au quotidien sur mes Ă©paules, mon cĆur, dans ma tĂȘte (et un peu sur mon corps aussi faut pas se cacher quâil faut parfois Ă©liminer la fondue, les cookies et les chocolats) plutĂŽt que de crier, de pleurer je vais courir, aprĂšs tout va mieux et je souris. Jâai encore une raison sĂ©rieuse. Je ne pense pas que je paraisse sereine, je ne suis jamais
vraiment sereine sur une course, mais mon sourire est aussi dĂ» en partie, Ă ma satisfaction. Je suis satisfaite de courir. En fait, non enfin si, mais je veux encore rajouter une chose : je suis reconnaissante.
La reconnaissance, câest exactement ça, câest le mot juste. Aujourdâhui, je me dois dâĂȘtre heureuse, de sourire. Je crois surtout que je le dois au trail, Ă la montagne. Ăa fait quelques annĂ©es maintenant que je cours, la course Ă pied et le trail en particulier mâa beaucoup appris. Cette passion et tout ce quâelle mâa permis de vivre mâa fait grandir, Ă©voluer, avancer, comprendre, changer et tout ce genre de trucs-lĂ qui seraient trop long Ă expliquer maintenant. Bref, ça mâa apportĂ© tant de choses dans la vie de tous les jours, que maintenant quand je foule les sentiers, je dois Ă la montagne et Ă ce sport une reconnaissance Ă©ternelle.
Elle passe, dâaprĂšs moi, Ă travers cette bonne humeur, ce sourire et mon bonheur.
Il faut quand mĂȘme que je te confie deux petites raisons du smile dans tous les cas sur 5 ou 110 kilomĂštres. Ne le dis Ă personne mais la musique et le coca-cola sont ma raison de vivre en trail. Sur chacune de mes courses, mes sorties longues, jâai toujours la mĂȘme playlist dans
les oreilles. Une playlist qui tient 13h pour sĂ»r ! Chaque morceau a une signification. Il me rappelle soit une personne, celle qui mâa donnĂ© le titre en gĂ©nĂ©ral, soit un moment ou encore un endroit. Tu te doutes bien que ce ne sont que des personnes, des moments et des endroits que jâaime ou que jâai aimĂ©. De la musique qui me fait sourire, parfois mĂȘme rire. Des titres qui me donnent envie de danser, qui me font parfois penser quâun ultra trail peut sâapparenter Ă une folle soirĂ©e un peu arrosĂ©e Ă clubber entre copains. Pour le coca, il faut savoir que dans
les moments les plus critiques dâune course câest la chose qui mâa le plus sauvĂ© et je ne te parle pas dâhypoglycĂ©mie lĂ mais dâun coup de blues mental. Un coup de mou et il me suffit de penser que tous les 20 kilomĂštres je trouverai ma bouteille de coca-cola pour retrouver le sourire (dĂ©solĂ©e Ă tout mon crew qui pensait que câĂ©tait eux qui me donner envie dâavancer jusquâau prochain point).
2) Les bas
Ok ok, ce nâest pas toujours rose, je mentirais si je te faisais croire ça. A vrai dire, câest assez difficile pour moi dâĂ©crire sur les coups durs car ce sont en gĂ©nĂ©ral les premiĂšres choses que jâoublie une fois passĂ©e la ligne dâarrivĂ©e. Ăa me parait logique parce que sinon je ne vois pas comment jâaurai envie de recommencer.
Il y a quand mĂȘme quelques difficultĂ©s que je peux te raconter. Dâabord, sache que lâon ne peut pas ĂȘtre toujours satisfait et encore moins lorsquâon sâentraine dur pour un objectif, un rĂȘve, lâaccomplissement que lâon attend. Lorsque jâai prĂ©parĂ© lâUltra Trail des PaĂŻens (UTDP), je courais beaucoup, câĂ©tait Ă vrai dire la prioritĂ© dans ma vie, et jâai Ă©tĂ© déçue des centaines de fois. Tu me diras que câest un peu ridicule dâĂȘtre déçue de son allure sur une sĂ©ance de cĂŽte alors que quelques annĂ©es auparavant tu pensais ĂȘtre incapable de courir 5 kilomĂštres.
Oui, au fond, ce nâest que du sport, ça ne doit tâapporter que du plaisir. Moi, je te le dis, non.
Non, en fait tu as le droit dâĂȘtre déçue. Et ça mâest bien Ă©gal que toi, quand je te dis ça, tu te dis que certains ont des problĂšmes plus graves et que ce nâest que ma passion, pas mon mĂ©tier, que je dois arrĂȘter dâen faire un drame de cette allure pourrie sur ma sĂ©ance de cĂŽte. Je te le dis, quand tu fais des sacrifices, des compromis, que tu fais passer la course avant le reste et bien si ça peut te paraĂźtre ĂȘtre la fin du monde et tu as le droit de tâen vouloir, dâĂȘtre déçue et en colĂšre. VoilĂ , ça câest difficile mais sache juste que ce moment dur, tu dois apprendre Ă en faire une force la fois dâaprĂšs. Puis, il y a aussi tous ces moments oĂč jâai culpabilisĂ© de ne pas y ĂȘtre aller. Je nây suis pas allĂ© parce que je nâavais pas envie, parce que jâai prĂ©fĂ©rĂ© aller boire un cafĂ© avec une copine, parce que jâavais besoin de souffler, parce que je ne mâen sentais pas capable mais aussi quelquefois parce que je craignais dâĂ©chouer. Ah, il y a aussi cette culpabilitĂ© Ă chaque Ă©cart, le soir oĂč jâai mangĂ© trop de chocolats, celui oĂč jâai bu deux biĂšres au lieu dâune, la semaine oĂč au lieu de manger des lĂ©gumes tous les jours jâai mangĂ© trop de pĂątes. Bien sĂ»r, bien sĂ»r, je suis complĂštement folle de culpabiliser pour ça quand je sais que je cours 100 kilomĂštres par semaine. Mais finalement, ce qui me fait le plus souffrir dans tout ça, câest que je mâen veux, je me fais du mal et je dĂ©teste mon corps, voilĂ Ă quoi ça abouti. Mentalement, je me dis que
jâai tout foutu en lâair, que je suis faible et quâen plus Ă cause de ça je nâarriverai Ă rien. Alors, je me dĂ©teste, je dĂ©teste mon corps. En fait, quand je me rends compte que jâen arrive lĂ , je suis encore plus mal parce que je me dis que je dĂ©teste un corps qui me permet de faire des choses extraordinaires. Bon, tu lâauras compris, ce nâest pas toujours simple dans ma tĂȘte et ça me parait compliquĂ© de te lâexpliquer mais au moins tu vois quâil existe bien des passages difficiles.
Je te lâai dit, la plupart du temps quand je passe une ligne dâarrivĂ©e, jâoublie totalement les moments nĂ©gatifs que jâai dĂ» affronter que ce soit physiquement, sur le parcours ou mentalement. Par exemple, sur lâUTDP, je pense bien que tout nâa pas Ă©tĂ© toujours merveilleux et je le sais car je le dis dans certaines vidĂ©os mais je nâai aucun souvenir dâavoir
mal vĂ©cu un moment, dâavoir Ă©tĂ© au bout de ma vie, dâavoir Ă©tĂ© dĂ©primĂ© etc. Pourtant, il y a
cette course, cette fois-lĂ oĂč jâai eu lâimpression que je nâarriverai jamais Ă terminer, oĂč jâai eu la sensation dâun Ă©chec total, dâun mal ĂȘtre permanent. CâĂ©tait au Munster Trail 2022, 42km dâenfer et je vous assure que le classement nâa rien Ă voir lĂ -dedans car je nâĂ©tais pas trop mal placĂ©e. DĂ©jĂ , ça commence par de la pluie Ă ne plus voir devant soi, le genre de journĂ©es oĂč il nây a jamais de jour, assez dĂ©primant de base. DĂšs le dĂ©part, ça mâa gonflĂ©, avec la veste de pluie je crĂšve de chaud, je lâenlĂšve et je nâarrive pas le mettre dans mon sac (merci le gentil monsieur qui mâa aidĂ© aprĂšs avoir trĂšs certainement vu mon grand agacement), sans la veste de pluie je crĂšve de froid, jâenlĂšve mon tour de coup en mĂȘme temps je me bats avec ma casquette (non il nây avait pas de soleil mais beaucoup trop de pluie), jâavais compris que rien nâira comme je veux. Je tâavoue que je suis plutĂŽt du genre Ă vouloir que tout fonctionne comme je veux et pas autrement, je te laisse imaginer mon Ă©nervement. Alors quand, en plus on me dit « allez tâes Ă 2 minutes du podium », câĂ©tait la phrase de trop et lĂ surgit une Tif que tu ne veux jamais connaĂźtre. Oui, excuse-moi je ne suis pas parfaite. Dâailleurs merci Ă toutes les personnes qui se sont fait hurler dessus parce quâil manque une compote, insulter parce quâils me disent que je cours bien et qui mâexcusent aprĂšs chaque course et se retrouvent au bord des chemins pour moi la fois dâaprĂšs. ArrĂȘte de faire genre, je sais que tu peux ĂȘtre pareil (enfin jâespĂšre ne pas ĂȘtre seule), câest juste que certains arrivent Ă la garder dans leur tĂȘte lĂ oĂč jâai besoin de lâextĂ©rioriser. Bon, mon caractĂšre pourri nâest pas le sujet. Et comme rien ne se passait comme prĂ©vu, comme jâĂ©tais extrĂȘmement de mauvaise humeur, je me suis
demandĂ© ce que je faisais lĂ sur les sentiers en train de me battre contre moi-mĂȘme pour arriver au bout de ces 42km. Dâabord je me suis dit de penser Ă tous les moments de bonheur sur les sentiers mais ce sont tous les autres qui me sont venus Ă lâesprit. Ceux oĂč justement, jâai pleurĂ© en rentrant, qui mâont dĂ©primĂ© pendant des jours car jâai Ă©tĂ© déçu.
Avant, je tâai dit de te servir de ça pour en faire une force, câest vrai ça mâa donnĂ© la rage mais elle sâest plutĂŽt retournĂ©e contre moi. JâĂ©tais en colĂšre de pas avoir rĂ©ussi, de ne pas rĂ©ussir comme je veux, autrement dit en colĂšre de ne pas passer un bon moment, de ne pas ĂȘtre heureuse dâĂȘtre lĂ .
Je suis allĂ©e jusquâĂ lâarrivĂ©e en me rĂ©pĂ©tant dans ma tĂȘte que je suis trĂšs nulle, que je dĂ©teste ce que je fais et que je suis vraiment incapable de rien. En arrivant, jâai dit : plus jamais, plus jamais je ne ferai cette course câĂ©tait la plus horrible de ma vie. Cette annĂ©e, jây suis retournĂ©e, jâai choisi le format 62km, jâavais une revanche Ă prendre, ça Ă©tĂ© un moment extraordinaire et jây ai vĂ©cu lâinverse de lâan passĂ©. Pardon, en fait je suis obligĂ©e de trouver du positif dans mes expĂ©riences nĂ©gatives. Mais, on a quâĂ se dire que ça fait une belle transition vers la derniĂšre partie.
3) Les larmes
Mon grand sourire, ma marque de fabrique comme certains le disent. Ceux qui me connaissent vraiment savent que ma marque de fabrique câest aussi et peut-ĂȘtre mĂȘme avant le sourire, les larmes.
Je dois te le dire, je pleure et je pleure beaucoup. Alors, non je ne pleure pas toujours de tristesse, de rage, de dĂ©sespoir, de dĂ©ception ou de colĂšre. Mais oui, il peut mâarriver de pleurer aprĂšs un entrainement pour toutes les raisons que je tâai expliquĂ© avant. Je pleure aussi parfois parce que je doute, je doute de moi, je pense que je nây arriverai jamais. Parce que, je lâai toujours fait pour tout. Un copain mâa dit, en fait toi tu Ă©tais celle qui pleurait parce quâelle nâavait pas rĂ©ussi lâinterro mais qui avait un 20/20 avec le point bonus pour lâĂ©val dâaprĂšs⊠câest un peu ça en effet. Câest vrai, je peux pleurer pour toutes ces raisons nĂ©gatives : peur, doutes, haine, dĂ©ception etc. Et câest mĂȘme ok de te dire que je peux pleurer la veille dâune course, de peur de prendre le dĂ©part, de stresse de ne pas ĂȘtre capable, de la pression que je me mets seule sur les Ă©paules.
Mes larmes sont tellement mais tellement plus que juste ces sentiments négatifs.
Parce que je pleure Ă©normĂ©ment mais je pleure aussi un peu nâimporte quand. Je vais te raconter quelques moments oĂč ça mâest arrivĂ©e.
Jâai pleurĂ©, Ă la fin de mon premier 50km, câĂ©tait une sortie off avec des copains. Je suis entrĂ©e dans la voiture, je ne peux mĂȘme pas dire que jâai pleurĂ©, jâai chialĂ© en fait. Il faut dire, quand mĂȘme, que jâavais mal partout et que jâĂ©tais Ă©puisĂ©e parce que ce truc ça nous avait pris 11h dans
60 centimĂštres de neige. Ă vrai dire, je ne comprenais pas trop pourquoi je pleurais mais je pense que câĂ©tait parce que je me suis rendu compte de ce que jâavais rĂ©alisĂ©, du parcours que jâavais fait depuis mes premiers 500 mĂštres de la mort Ă ces 50 kilomĂštres.
Jâai pleurĂ© Ă mon dernier entrainement avant la SaintĂ©lyon. Cette course, celle que je pensais ne jamais pouvoir toucher du bout des doigts, la belle, la mythique, la course que je rĂȘvais de faire. Les larmes ont coulĂ© parce que jâai fait dĂ©filer ma prĂ©pa dans ma tĂȘte. Les heures dâentrainement, la motivation quel que soit lâheure, la mĂ©tĂ©o, de nuit comme de jour et la plupart du temps seule.
Je remerciais mon corps, ma tĂȘte et mon cĆur de mâemmener, me permettre de mâenvoler vers lâun de mes rĂȘves. Je mâimaginais passer cette arche dâarrivĂ©e dans le cĂ©lĂšbre Hall Tony Garnier.
Jâai pleurĂ© parce que jâĂ©tais heureuse de ce que jâavais fait pour arriver au dĂ©part de cette course et dis-toi juste que ces larmes mâont servi Ă avancer dans les derniers kilomĂštres et ont bien sĂ»r coulĂ© de la mĂȘme façon au moment de passer lâarche. Jâai pleurĂ©, et je tâassure que câĂ©taient des Ă©normes larmes de crocodiles, quand jâai rĂ©alisĂ©, en regardant des milliards de fois les vidĂ©os, ma victoire sur lâUTDP. LĂ , vraiment je peux te dire que jâai pleurĂ© parce que jâĂ©tais fiĂšre, parce que jâai vu la fiertĂ© dans les yeux de mes proches et parce que câĂ©tait la plus belle arrivĂ©e que je nâai jamais vĂ©cue. Je nâai quasiment versĂ© aucune larme Ă mon arrivĂ©e, sĂ»rement parce quâaprĂšs cet effort je ne rĂ©alisais pas vraiment ce qui mâĂ©tais arrivĂ©e et ce qui se passait. Mais, câest juste dingue, dingue de vivre ça, ces Ă©motions de malade, elles sont indescriptibles, dĂ©solĂ©e je ne trouverai jamais les mots
pour ça, je peux juste te dire que câest un peu comme un rĂȘve Ă©veillĂ©. SecrĂštement, parfois le soir dans mon lit, je mâimaginais gagner cette course et je lâai gagnĂ©e, câest exactement ce que jâai pensĂ© en passant la ligne dâarrivĂ©e. Mais bref, on ne parle pas de cette course folle maintenant. Donc voilĂ , jâai versĂ© dâĂ©normes larmes en comprenant ce que jâavais fait et je crois que le plus beau moment et le plus de larmes qui ont coulĂ© câest quand jâai compris (jâai encore dĂ» mal aujourdâhui) que cette victoire je me la dois dâabord Ă moi-mĂȘme et Ă moi seul (il mâa fallu un peu dâaide pour le comprendre). Tu lâas compris, ces larmes ne reprĂ©sentent rien de malheureux, de triste ou de nĂ©gatif mais elles traduisent juste la beautĂ© et le moment inexplicable que jâai vĂ©cu.
Je pleure et je pleurerai toujours Ă la lecture des messages que je peux recevoir avant une course. Tu as raison ça câest juste parce que je suis super Ă©motive et sensible. Mais les messages de certaines personnes, celles qui comptent Ă©normĂ©ment et qui me font avancer (plus que la musique et le coca-cola jâavoue) par leur prĂ©sence, souvent juste mentale, me font pleurer. Je crois que ça me fait pleurer parce que peut-ĂȘtre je me sens chanceuse, chanceuse dâavoir des personnes comme elles qui croient en moi et sont prĂ©sentes pour me rappeler que je dois croire en moi.
Des larmes pleines dâĂ©motions, des larmes de reconnaissance.
Jâai et jâaurai toujours les larmes aux yeux dans un sas de dĂ©part, simplement parce que je sais Ă ce moment que je vais vivre une expĂ©rience exceptionnelle, des moments uniques, des Ă©motions fortes et parce quâentre nous avec leur musique ils cherchent Ă ce quâon chiale aussi.
Je pleure et je pleurerai toujours Ă chacune de mes arrivĂ©es, en tout cas câest ce que je me souhaite car ça voudra dire que jâai Ă chaque fois vĂ©cu quelque chose de fort, que je reste passionnĂ©e et amoureuse de toutes ses sensations que je ne retrouve nulle part ailleurs que dans ce sport et les montagnes.
Il y a deux autres moments oĂč je pleure, quand je retrouve les montagnes et celui oĂč je les quitte. Et allez, je tâavoue quâen me rappelant tous ces souvenirs et en Ă©crivant ces lignes quelques
gouttes salées ont coulé sur mes joues.
VoilĂ , jâai tentĂ© de tâexpliquer les montagnes russes que je vis dans ma tĂȘte et dans mon cĆur.
Coup de cĆur n°2
Tout schuss
Aujourdâhui je te parle ski et pour ĂȘtre honnĂȘte je nây connais pas grand-chose, on peut donc parler dâune belle dĂ©couverte.
Comme câest lâhiver, je me suis dit que je pourrais mettre Ă lâhonneur une athlĂšte locale dans le sport dâhiver. Jâai effectuĂ© quelques recherches et je suis tombĂ©e sur ce petit flocon
pĂ©tillant, jâai nommĂ© LĂ©onie Perry.
LĂ©onie Perry
LĂ©onie est une skieuse de fond de 19 ans qui est originaire de la Bresse. Nous avons passĂ© une bonne heure ensemble Ă Ă©changer autour du ski, de la montagne et un peu du trail comme deux passionnĂ©es qui se rencontrent par hasard. Un chouette Ă©change qui je lâespĂšre mĂšnera sur quelques cours de ski de fond et sorties trail dans les Vosges.
A NoĂ«l, jâai reçu le livre « La vie courante » de François dâHaene, et lĂ tu te dis que je dĂ©bloque complet parce que je suis totalement hors-sujet, bien nonâŠ
Figure-toi quâen commençant Ă le lire, jâai pensĂ© Ă ce que LĂ©onie mâa racontĂ©. Une enfance dans les montagnes, ok les Vosges
ce nâest pas la Savoie mais quand mĂȘme. LĂ©onie a grandi Ă la montagne dans une famille de sportif, avec des parents qui lâont mis sur des skis dĂšs son plus jeune Ăąge. Quand je lui ai
demandĂ© si câĂ©tait dur de skier, elle mâa rĂ©pondu quâelle avait skiĂ© avant de marcher. En
grandissant, elle a intĂ©grĂ© le club dâathlĂ© de la Bresse et elle sâen allait courir partout pour
passer des moments sympas entre copines. Oui, tu lâas compris, elle a eu une enfance dehors, au contact de la nature et de tous les sports que lâon peut croiser en montagne.
En grandissant, elle a eu quelques soucis de genou alors elle sâest davantage tournĂ©e vers le ski en laissant un peu la course Ă pied. Tant mieux pour moi (câest une blague) !
â A quoi ressemble la vie de LĂ©onie aujourdâhui ?
Elle est Ă©tudiante comme toutes les personnes de son Ăąge, enfin câest ce quâelle mâa dit. En fait, elle fait des Ă©tudes en STAPS Ă Grenoble en ayant des cours par correspondance et des horaires amĂ©nagĂ©es afin de pouvoir suivre son emploi du temps dâathlĂšte de haut-niveau. Elle skie aujourdâhui au ComitĂ© des Vosges aprĂšs avoir fait partie lâan dernier de lâĂ©quipe de France Junior qui nâexiste plus faute de moyens.
Sa vie est rythmée par ses entrainements. Sur la saison estivale, elle pratique beaucoup de course à pied et de vélo de route tout en y intégrant des séances de renforcement. Petit à petit, le ski roues prend place. Puis sur la saison hivernale, en tout cas dÚs que la neige pointe
le bout de son nez, elle chausse les skis.
â Comment LĂ©onie en est-elle arrivĂ©e au haut-niveau ?
Alors, comme je te lâai racontĂ©, elle passe son temps en montagne et skie depuis toujours ou presque. Mais elle me raconte quâau dĂ©part, elle skie et intĂšgre un club pour passer du bon temps entre copains. Elle commence les compĂ©titions et lĂ elle me dit quâelle Ă©tait trĂšs nulle. Laisse-moi rire, jâai chaussĂ© des skis deux fois dans ma vie et elle, elle me raconte quâelle Ă©tait nulle. Disons que son niveau de lâĂ©poque ne lui laissait pas penser quâelle pouvait un jour en arriver lĂ . Puis, les rĂ©sultats sâamĂ©liorent petit Ă petit et elle prend goĂ»t Ă la performance et Ă ses rĂ©sultats. Si tu me connais un peu, tu comprends quâon a quelques points communs toutes les deux. Du coup, comme moi, elle te dira dây croire, de bosser, de ne pas lĂącher et de te donner les moyens pour rĂ©ussir Ă aller lĂ oĂč tu veux.
â Quâest-ce quâapporte le ski Ă LĂ©onie ?
LĂ©onie aime le sport en gĂ©nĂ©ral parce que ça permet de soigner son corps, dâen prendre soin.
Le sport lui permet aussi de garder le moral. Et le ski, plus particuliĂšrement, elle en a besoin car elle ne se voit pas rester enfermer, elle a besoin de ce contact avec la nature. Puis forcĂ©ment, les rĂ©sultats ça donne toujours envie de continuer et dâaller plus loin.
â Au fait LĂ©onie, tu imagines quoi pour ton avenir ?
« Alors, je suis loin de pouvoir vivre du ski de fond. Les rĂ©sultats peuvent devenir mauvais du jour au lendemain, ça me dĂ©primerait un peu mais ce nâest pas une fin en soit, je fais des Ă©tudes pour prĂ©venir ça aussi. Je redeviendrai une Ă©tudiante lambda, jâirai skier pour le plaisir et je reprendrai une vie normale. Mais, je ne pense pas souvent à ça et je me laisse vivre. »
â Et niveau palmarĂšs ça donne quoi ?
Je tâavoue, elle mâa expliquĂ© longtemps les diffĂ©rentes Ă©preuves et Ă quoi ça pouvait
ressembler, je nâai pas tout compris Ă part quâelle elle nâaime pas les 100km qui dure 13h mais quâelle est plutĂŽt du style effort court et intense.
- 15Ăšme au FOJE (Festival olympique de jeunesse) sur lâĂ©preuve de KO sprint.
- 6Ăšme en coupe dâEurope sur lâĂ©preuve de KO sprint.
- 24Ăšme au Championnat du Monde Junior.
- 1er en Coupe de France il y a quelques semaines.
â Le petit plus
Léonie et ses copains du Comité des Vosges ont créé une association « Association des Espoirs du ski de fond vosgien » pour mettre en place des petites actions afin de financer une partie de leur saison.
Un grand merci Ă LĂ©onie de mâavoir accordĂ© du temps et pour ce super moment passĂ© Ă
papoter autour de nos passions.
Comme on est dans le ski et que jâai parlĂ© de cette petite dĂ©couverte et rencontre Ă HĂ©lĂšne, je vous donne son petit coup de cĆur ski Ă elle aussi : Delphine Wernert. Elle aussi skieuse de fond vosgienne.
Article / Tif Prinz
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