POUR CHANGER D’AIR

C’est la toute fin de la saison, je viens de faire ma derniĂšre course de l’annĂ©e. Et je crois que je suis fiĂšre de moi. Je ne suis pas fiĂšre de la course que je viens de faire, je suis juste fiĂšre de moi et je vais essayer de t’expliquer pourquoi dans ces quelques lignes.‹

D’abord, j’ai vĂ©cu une saison vraiment difficile. C’était un peu l’enfer aprĂšs une saison 2023 merveilleuse et c’était dur vraiment. J’ai vĂ©cu des montagnes russes continuelles, des remises en question sans arrĂȘt, des Ă©normes doutes. En fait, quand ta passion et ton sport deviennent et prennent une place entiĂšre dans ta vie, il devient difficile de faire la part des choses. Alors, j’ai appris. Si je devais faire le bilan de ma saison 2024, je te dirais que j’ai grandi et que j’ai progressĂ©. Alors je n’ai pas progressĂ© beaucoup dans mes performances mais j’ai progressĂ© dans ma dĂ©marche sportive, dans ma vision de la performance, dans le regard que je me porte.
Je n’aurai jamais cru Ă©crire ces derniers mots il y a encore quelques semaines, parce que c’est vrai ça a Ă©tĂ© difficile. Il a Ă©tĂ© dur de repousser les dossards, il a Ă©tĂ© difficile de m’entrainer malgrĂ© les blessures, il a Ă©tĂ© compliquĂ© de reprendre Ă  chaque fois, il n’a pas Ă©tĂ© simple de choisir d’abandonner et surtout il a fallu continuellement faire des choix. Ces choix j’ai dĂ» les faire pour moi en concertant autant ma tĂȘte, mon cƓur que mon corps et tu le sais bien, tous les 3 ne sont pas toujours trĂšs d’accord. Mais ces petits obstacles, ces embuches de parcours m’ont amenĂ© Ă  prendre des dĂ©cisions qui me font aujourd’hui beaucoup de bien.‹

C’est vrai, les blessures et mon abandon Ă  la CCC m’ont fait rĂ©flĂ©chir Ă  ma pratique, Ă  ma vision du sport, Ă  mon entourage, Ă  la construction de mes saisons, aux choix de vie que je pouvais faire autour de mon sport. Alors, j’ai bousculĂ© quelques habitudes. J’ai dĂ©cidĂ© de m’entourer diffĂ©remment, de m’autoriser une autre approche de ma pratique et de la performance et j’ai construit plus ou moins ma saison 2025 Ă  partir de bases diffĂ©rentes. Et surtout, surtout, en cette fin de saison, j’ai osĂ© me lancer dans ce que j’apprĂ©hende le plus dans ce sport. J’ai rechaussĂ© pour de vrai des chaussures de route,‹et comme il est dur de fractionner Ă  bloc sans aucun objectif j’ai dĂ©cidĂ© de prendre part Ă  la saison de cross et de participer Ă  un 10km.
Et je vais peut-ĂȘtre te spoiler un peu vite mais je suis heureuse de l’avoir fait. ‹J’avais pris la dĂ©cision, j’avais fait toutes les dĂ©marches pour participer en Ă©quipe Ă  la saison des cross corpo et j’étais inscrite au 10km de la Tour Eiffel. J’avais plus vraiment le choix.‹
En premier, il fallait se prĂ©parer Ă  tout ça alors je suis allĂ©e acheter une nouvelle paire de chaussures de route (chaque argument est bon Ă  prendre pour se motiver) et j’ai Ă©coutĂ© les conseils, Ă  la lettre, du coach pour commencer les sĂ©ances sur routes. Que ce soit en endurance fondamentale ou en intensitĂ©, j’ai appris et j’apprends de jour en jour Ă  travailler avec mon cardio. Au dĂ©but, j’y allais plutĂŽt Ă  reculons et je n’apprĂ©ciais pas vraiment dĂ©couvrir toutes ces sensations ultra dĂ©sagrĂ©ables et surtout, surtout c’est dur. C’est dur avec cette exigence que j’ai toujours envers moi-mĂȘme de voir que parfois je n’y arrive pas comme je le voudrais. Mais finalement, ça va. Alors je crois que les sĂ©ances d’une heure d’endurance c’est vraiment plutĂŽt long mais je commence Ă  bien aimer les quelques intensitĂ©s que je dois faire mĂȘme si j’ai toujours un peu d’apprĂ©hension avant la sĂ©ance. Puis, le 7 dĂ©cembre, j’ai participĂ© Ă  mon premier cross. Enfin, on va dire que c’était mon premier cross d’adulte, le dernier en date devait ĂȘtre celui du collĂšge et ce n’est mĂȘme pas trop sĂ»r car j’enchainais plutĂŽt les dispenses que les dĂ©parts de course Ă  cette Ă©poque. Alors, vu de l’extĂ©rieur un cross c’est comment dire une Ă©norme bagarre. En tout cas le dĂ©part y ressemble sur les vidĂ©os et bien vu de l’intĂ©rieur, ça ne change pas grand-chose. Je crois que j’avais un peu peur. Je me disais que tenir des intensitĂ©s c’était dur dĂ©jĂ  5 min, que j’explosais souvent au bout d’un ou max 2 km alors que je vais devoir en faire 7 dans la boue. Mais si Ă  chaque fois que c’était dur, j’avais fait demi-tour je n’aurais‹jamais accrochĂ© de dossard alors on ne rĂ©flĂ©chit pas trop et on y va. Puis, finalement, c’est Ă  prendre comme une grosse sĂ©ance d’entrainement. Alors, je suis allĂ©e fiĂšrement Ă  mon premier cross accompagnĂ© d’une alliĂ©e de taille que je connaissais bien pour ses meilleurs encouragements. ArrivĂ©e lĂ -bas, on a dĂ» me demander une quinzaine de fois «Mais Tiffany, qu’est-ce que tu fais ici ? », j’ai Ă  chaque fois rĂ©pondu que je me posais la mĂȘme question mais qu’on m’avait certifiĂ© que ça m’aiderait plus tard ou que ça ne ferait pas de mal dans tous les cas. Il y a beaucoup de tĂȘtes que je connais et des copains de courses que je n’avais plus vus depuis bien longtemps. Elsa, avec qui j’ai dĂ©jĂ  partagĂ© quelques courses et Ă©changes de nombreuses fois, m’a pris sous son aile pour m’embarquer avec elle dans l’échauffement. Elle m’a montrĂ© et expliquĂ© le tour que l’on allait faire et j’étais dĂ©jĂ  pleine de boue. Ça glissait de partout, y avait des flaques partout et surtout je trouvais que c’était difficile dĂ©jĂ  Ă  l’échauffement. Et en tant que personne bien exigeante avec moi-mĂȘme, je m’étais bien entendu dit qu’il Ă©tait impossible que je cours au-dessus de 5 min/km, faut se mettre un peu de challenge, un peu de pression sinon bien sĂ»r que ce n’est pas drĂŽle. Mais qu’est-ce que je peux me haĂŻr quand je fais des trucs de ce genre. Il Ă©tait l’heure d’aller sur la ligne de dĂ©part et je pense que je n’ai jamais eu aussi peur de me faire piĂ©tiner, de tomber, de ne pas rĂ©ussir Ă  courir dans le groupe, c’est assez impressionnant. Impressionnant au point que je me surprends Ă  pousser des gens dans l’élan du dĂ©part de la course par « instinct de survie », c’est un truc d’animal en fait ce machin. Puis tu veux maintenir ton Ă©lan, continuer dans ton allure, bien te placer, trouver ton allure Ă  toi alors j’ai foncĂ©, dans les flaques, dans la boue, j’étais trempĂ©e, de la boue jusqu’à dans les cheveux. Et les kilomĂštres ont dĂ©filĂ© vite, on avait dĂ©jĂ  fait la 1Ăšre boucle. Au dĂ©part, j’étais assez mitigĂ©e mais j’ai essayĂ© de me faire confiance. Rapidement aprĂšs le 1er km, j’ai essayĂ© de trouver mon allure, l’allure qui fait mal mais que tu dois pouvoir maintenir pendant 7km tout en patinant dans la boue. J’ai trouvĂ© mon allure mais du coup, rapidement je me suis faite dĂ©passĂ©e par beaucoup de personnes, ça ne fait jamais trop de bien au mental mĂȘme si je savais que le cross ce n’est clairement pas ma discipline.

Mon kiffe Ă  moi c’est plutĂŽt de faire 10 cross en une seul fois. PlutĂŽt lucide, j’ai dĂ©cidĂ© de ne m’occuper que de moi, je n’étais pas lĂ  pour gagner mais j’étais bien lĂ  pour me prouver que j’en suis capable, pour m’entrainer fort et pour construire des bases solides pour ma prochaine saison. J’ai continuĂ© tranquillement (faux, au bout de ma vie) dans ma lancĂ©e avec une premiĂšre boucle qui passe vite mais une mini cĂŽte qui fait un peu mal. Je me suis dit qu’il ne restait plus qu’à faire encore une fois ça et que c’était fini. Bien j’avais sous-estimĂ© le juste encore une boucle mais j’avais quand mĂȘme eu raison de ma faire confiance sur mes allures et mes sensations car c’était dur mais je n’avais pas totalement explosĂ©, j’avais rĂ©ussi Ă  continuer une deuxiĂšme boucle en serrant les dents mais en maintenant mes allures et en reprenant plein de personnes qui m’avaient doublĂ©e dans la boucle prĂ©cĂ©dente. Bref, je vais aller acheter des pointes parce que je ne sais toujours pas si j’ai aimĂ© mais j’ai envie d’y retourner. Et je sais exactement pourquoi j’y retournerai : parce que j’ai envie d’encore avancer, parce que pendant ces moments difficiles je suis toute seule face Ă  moi-mĂȘme et que je suis la seule Ă  pouvoir me dire que je dois aller au bout. Je crois que maintenant je comprends pourquoi on dit souvent que les cross ce sont l’école de la vie. Et une semaine aprĂšs, parce qu’on adore les rebondissements, je remets un petit dossard et je pars sur le bitume parisien pour le 10km de la Tour Eiffel. Le week-end du 14 dĂ©cembre devait ĂȘtre un simple week-end de visite chez des copains avec au programme shopping, balade et petit footing. Jusqu’à ce que mes chers amis m’embarquent dans leur course mais je ne peux pas refuser ce genre de moment, ils crĂ©ent toujours de merveilleux souvenirs. Je t’écris ces quelques lignes Ă  chaud, dans le train du retour. C’était simple, je devais courir le plus vite possible pour faire une Ă©norme sĂ©ance d’intensitĂ©, voilĂ  le programme du dimanche matin. Dans ma tĂȘte, et sous des conseils avisĂ©s, je partais sur le 1er km puis je me plaçais dans mes zones cardio jusqu’au km4 et j’accĂ©lĂ©rais en fonction de mes sensations au 4Ăšme. Je n’ai pas tout Ă  fait, fait ça.‹ J’ai essayĂ© d’accrocher le petit groupe de copains le plus longtemps possible, toujours en veillant Ă  ne pas monter trop trop haut dans la cardio tout de mĂȘme. Mais entre le 3Ăšme et le 4Ăšme km j’ai fait le point avec moi-mĂȘme, et je sais ĂȘtre aussi honnĂȘte qu’exigeante alors soit j’accrochais encore 2 voire 
3 bornes et j’explosais totalement au point de finir en footing soit j’écoutais mes sensations. Je me suis Ă©coutĂ©e, j’ai calmĂ© un chouĂŻa niveau allure, j’écoutais uniquement les bonnes sensations. Quand j’entendais ma tĂȘte dire que c’était dur, je rĂ©pondais n’oublie pas que tu as de beaux objectifs et que ça ce n’est jamais perdu. Je me suis surprise vers le km7 Ă  sentir ce goĂ»t du sang dont tout le monde ‹parlait dans ma bouche en me disant : le voilĂ  le goĂ»t de l’effort, il est lĂ . Et surtout, je crois que cette fois-ci j’ai aimĂ©. C’était une belle course, c’est une belle dĂ©couverte.

Au-delĂ  de la performance, en 45’56 j’ai appris des choses sur moi que je n’avais jamais dĂ©couvertes mĂȘme en 18h de course. J’ai envie de continuer, continuer Ă  explorer tous les aspects de ce sport, continuer Ă  dĂ©couvrir toutes les facettes de moi-mĂȘme dans les efforts diffĂ©rents. J’ai aimĂ© ça et j’ai aimĂ© ça parce qu’encore une fois, je me suis sentie vivante pour de vrai.‹Je n’ai qu’une chose Ă  te dire, ose mĂȘme quand tu apprĂ©hendes, fonce mĂȘme quand tu as peur. ‹Au pire ça sera dur, au pire tu te louperas mais au moins tu ne regretteras jamais d’avoir essayĂ©. ‹Et surtout, si c’est dur et que tu n’y arrives pas, si tu n’as pas aimĂ©, ne t’en veux pas, sois heureux d’avoir eu le courage de le faire.‹

Du Mont-Blanc solitaire à l’Antarctique en famille

Comme chaque annĂ©e mĂȘme 2 fois par an, je vais au cinĂ©ma pour l’édition Montagne en ‹ScĂšne et j’y dĂ©couvre toujours des athlĂštes fantastiques et des films grandioses. Cette annĂ©e, j’ai dĂ©couvert deux films qui m’ont marquĂ©, que j’ai envie de te partager. Le premier « Always Alive » prĂ©sentait la prĂ©paration et le record fĂ©minin de l’ascension aller-retour du Mont-Blanc par Hillary Gerardi. Je ne connaissais pas cette athlĂšte avant‹ce film. J’ai dĂ©couvert dans le court-mĂ©trage une belle athlĂšte pleine de passion. ‹En fait, elle est de ces personnes qui courent pour la course mais aussi et surtout pour l’environnement et la montagne, ce qui est parfois oubliĂ© tant on est Ă  la recherche de la performance. J’ai aimĂ© ce film pour les paysages, pour l’humilitĂ© d’Hillary, pour sa patience, sa passion et sa rĂ©silience dans la prĂ©paration de cet objectif, pour l’immensité‚de son exploit.‹Tu peux louer le film complet mais je ne l’ai pas trouvĂ© en version gratuite, cependant, voici un petit lien oĂč tu pourras entendre Hillary au micro du podcast Extraterrien : https://www.youtube.com/watch?v=5tMymVuKHuI‹‹

Le deuxiĂšme filme “Of a lifetime“ prĂ©sentait une partie de la famille De Le Rue dans leur‹voyage en Antarctique. Ce film m’a marquĂ© pour les paysages que l’on peut y voir mais‹surtout pour l’émotion que leur voyage nous partage pour la leçon que l’on peut en tirer. ‹À seulement 18 ans, Mila prend part Ă  ce voyage avec son pĂšre et son oncle. Dans ce film,‹ tu trouveras beaucoup d’adrĂ©naline mais aussi un vrai partage gĂ©nĂ©rationnel. Je n’ai pas‹envie de t’en dire beaucoup plus car je prĂ©fĂšre te laisser dĂ©couvrir le film par toi-mĂȘme‹alors fonce le regarder. Tu ne seras pas déçu entre les petits pingouins et la belle glisse : ‹https://www.youtube.com/watch?v=LmvfkOdL2PQ

J’ai rĂ©cemment Ă©coutĂ© le podcast Culotte & Trail de Laurie G. Ce podcast est Ă  l’image de Raid2Vous car Laurie a osĂ© se lancer pour prendre un envol WooA et vivre son rĂȘve tout en donnant envie aux autres de le faire. Elle invite Ă  son micro des traileuses ou des traileurs mais toujours pour Ă©voquer des sujets qui nous paraissent encore tabous dans‹le sport au fĂ©minin : les troubles du comportement alimentaire, la maternitĂ©, les rĂšgles

‹‹Quand tu Ă©coutes son podcast, tu penses Ă©couter la discussion de deux copines. C’est un podcast simple, naturel et fluide. Tu y retrouveras les courses et les histoires de grandes traileuses tout en comprenant qu’elles vivent parfois les mĂȘmes problĂ©matiques que nous petites amatrices. Et si tu es un homme, n’hĂ©site pas Ă  Ă©couter ce podcast toi‹ aussi car tu comprendras peut-ĂȘtre plus facilement le comportement, les rĂ©actions de ta compagne, tes copines ou encore ta sƓur.‹
Belle annĂ©e 2025 Ă  tous, que votre annĂ©e soit pleine de dĂ©couverte, de dĂ©fi, d’exploit et‹de sourire.‹

Article de Tiffany Prinz.‹‹

Et si tu es prĂȘte inscris toi sur le prochain Raid fĂ©minin en duo pour vivre une aventure juste WooA : Raid multisport des chĂąteaux en duo du 7 au 9 juin 2025

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