Chronique #16
Un dimanche Ă la maison
Il y a des semaines que je doute, que je ne sais pas vraiment si câest possible que je refasse ça. Comment je peux aller rĂ©ussir Ă courir 50km alors que les sorties longues de 4h me paraissent dĂ©jĂ si difficiles. Et comment je peux avoir lâenvie, lâambition voire la prĂ©tention de mâengager sur 100km dâici quelques semaines. Je suis certainement la seule Ă douter de ça. Je me rends compte que ce nâest finalement pas plus mal. Prendre le dĂ©part dâune course remplie de confiance nâest pas la meilleure solution, avoir quelques doutes me permet finalement de me rappeler pourquoi je fais ça, me fait rĂ©flĂ©chir Ă ce que jâaime et ce que je recherche dans ce sport et dans les challenges dans lesquels je mâengage. Alors, je souffle fort au fond de moi et je me rĂ©pĂšte : « souviens-toi que tu es lĂ pour toi et que tu le fais pour toi, juste toi ». Puis jâai peur mais je suis beaucoup moins stressĂ©e que ce que jâai dĂ©jĂ pu ĂȘtre, certainement car je sais pourquoi je suis lĂ . Je vais courir 50km pour prĂ©parer la Maxi-Race, je vais courir tout autour de la maison, sur mes sentiers dâentrainement, sur les chemins de mes dĂ©buts en trail pour que dâici un mois je me sente prĂȘte.
Est-ce quâon se sent vraiment prĂȘt parfois ? Pas certaine de ça.
RĂ©veil 5h10, nuit pourrie mais fallait sây attendre, on se reposera ce soir. Je crois que jâai hĂąte. Je mange mes pancakes et ma banane en racontant plein de bĂȘtises pour essayer de motiver les troupes et les faire un peu rire malgrĂ© lâheure Ă laquelle ils ont dĂ» se lever pour moi.
ArrivĂ© au gymnase de VillĂ©, 6h30, et il est vraiment bon de voir tout autour de soi des tĂȘtes connues, de lancer des saluts Ă droite, Ă gauche, dâĂ©changer sur le dĂ©but de notre saison, de revoir des copains que lâon nâa pas vus depuis un moment. En fait, il est bon de partir directement de la maison.
DĂ©part 7h, et dĂ©part beaucoup trop vite bien sĂ»r ! Mais ma tĂȘte ne rĂ©ussira pas Ă penser nĂ©gatif, je dĂ©cide dĂšs le dĂ©part de me faire confiance, de mâĂ©couter, de me croire. Et je me surprends alors Ă quelques mĂštres de ce dĂ©part en train de me dire intĂ©rieurement « aujourdâhui il nây aura que du plaisir, peu importe les chiffres, ton but câest de sourire », finalement je suis peut-ĂȘtre en train de respecter ce que je mâĂ©tais promis de faire cette saison. Courir Ă la maison me rend vraiment heureuse. Voir des visages connus tout au long du parcours me fait vraiment plaisir, je me dis que je ne devrais jamais oublier ces moments.
Je vis une belle course. Jâoscille entre la 4Ăšme et la 5Ăšme place fĂ©minine mais sans vraiment mâen soucier. Vers le km20, je me dis mĂȘme que câest encore long cette aEaire et je nâoublie pas que je dois me faire confiance, que mon corps sait exactement ce quâil doit faire. Cette course, je la connais par cĆur, les endroits que jâadore, ceux que je dĂ©teste, les moments oĂč il faut savoir ĂȘtre patiente, ceux oĂč il faut encore ĂȘtre en forme. Je sais que rien nâest fini avant la fin.
Ătonnamment, mais pas tant que ça au vu de ce que je viens dâĂ©crire, jâarrive dans mes estimations Ă chaque ravitaillement ce qui me permet dâĂȘtre assez sereine et de savoir quâils seront lĂ et prĂȘts. Je reste Ă ma grande surprise plutĂŽt calme (certains diront que je me suis Ă©nervĂ©e une petite fois et ils se reconnaĂźtront mais ils savent aussi que je suis capable de bien pire), je sais de quoi jâai besoin. Maman ne me dit jamais quâil est temps de repartir, ça veut dire que je ne prends jamais trop de temps. Je mange bien, je bois bien, je suis le protocole et je suis plutĂŽt contente de ce que jâaccomplis.
Jâattaque ce que jâappelle la derniĂšre grosse difficultĂ©, bien que je sache quâaprĂšs elle viennent encore de jolis raidards. Bref, je monte le Climont. Jâai pris le temps quâil me fallait au ravitaillement du Col de Steige pour boire la moitiĂ© de ma bouteille de coca, ça fait tellement de bien Ă mon moral. Je sais bien que je suis 4Ăšme mais je me rappelle aussi avoir dit, en mangeant mon pancake quelques heures avant « jâai dĂ©jĂ Ă©tĂ© 1Ăšre, jâai dĂ©jĂ Ă©tĂ© 2Ăšme mais je ne suis jamais montĂ©e sur la 3Ăšme marche, alors je pourrais peut-ĂȘtre faire ça aujourdâhui » et je me suis mis ça dans le crĂąne jusquâĂ lâarrivĂ©e. Ăa faisait dĂ©jĂ quelques kilomĂštres que je disais que mon fessier me faisait mal mais dans cette montĂ©e je ne l’ai plus senti. Sur toute la fin du parcours, je me suis souvenue de toutes les sorties que jâavais dĂ©jĂ pu faire sur ses sentiers. Tous les souvenirs avec les diffĂ©rentes personnes que jâavais Ă ces endroits. Je me suis rappelĂ©e la premiĂšre fois que jâavais fait ce 50km, je me suis souvenue pourquoi jâĂ©tais lĂ et je me suis sĂ»rement rendue compte du chemin que jâavais parcouru. Il faut parfois se secouer un peu pour se remettre sur le droit chemin.
Pour ĂȘtre totalement honnĂȘte, jâai regardĂ© mon chrono et je me suis dit « fais chier, je ne ferai pas mieux que ce que jâai dĂ©jĂ fait ». Mais rapidement jâai relevĂ© la tĂȘte, jâai souri et je me suis souvenue de la saison que jâavais passĂ©e lâan dernier, des sensations horribles que jâai pu ressentir Ă la CCC et jâai mesurĂ© la chance que jâavais de courir, de prendre du plaisir et de pouvoir vivre ces choses-lĂ entourĂ©e des personnes qui me sont chĂšres.
Rien ne mâa rendue plus heureuse que de voir mon frĂšre mâattendre au milieu dâun sentier, Ă quelques mĂštres de lâarrivĂ©e. Jâai retrouvĂ© dans son regard et dans son sourire les mĂȘmes Ă©toiles que celles que jâai pu voir Ă la Fouly en aoĂ»t dernier. Vivre ça me comble vraiment dâun vrai bonheur, de sensations qui me paraissent indescriptibles et jâessaie Ă chaque fois de graver ça bien au fond de moi pour ne jamais lâoublier, pour mâen servir dans les moments plus difficiles. Ătre soutenue, accompagnĂ©e de prĂšs ou de loin, par des mots, des gestes ou un regard par les personnes qui mâont vu grandir, Ă©voluer, changer et prendre de nouvelles routes est si important Ă mes yeux. Le mot toujours inquiet de ma maman, le sourire de mon frĂšre, le « ne te laisse pas faire » de mon papa, je ne saurai comment les remercier Ă part en leur offrant la bouteille de crĂ©mant reçue sur le podium. Jâaime vivre ses aventures-lĂ auprĂšs dâeux, jâaime me dire que lâon part ensemble et quâils me permettent de vivre tout ça lĂ encore plus fort que si je le vivais seule. Et sur cette course, jâĂ©tais vraiment entourĂ©e de personnes importantes dans ma vie au quotidien. Tout le monde ne peut pas toujours ĂȘtre prĂ©sent alors quand lâoccasion se prĂ©sente je crois quâil faut savoir la savourer. A lâarrivĂ©e de cette course jâai Ă©tĂ© heureuse, heureuse dâavoir su profiter de ce moment sans mâeffondrer car ce nâĂ©tait pas exactement le chrono que je mâĂ©tais imaginĂ©.
Ă chaud, je tâaurais certainement Ă©crit que jâaurais pu mieux faire et on ne va pas se le cacher, câest vrai. Ă froid, aprĂšs quelques jours de rĂ©flexion et du recul, je peux te dire que cette course mâa ouvert lâappĂ©tit, elle mâa redonnĂ© lâenvie de mettre des dossards pour de longues journĂ©es en montagne, elle mâa fait renouer avec le sourire sur les sentiers, elle mâa appris ce que câĂ©tait une vraie course de prĂ©pa.
Et juste pour finir, quelques heures aprĂšs lâarrivĂ©e, jâai rĂ©ussi Ă me dire : ça y est, jâai retrouvĂ© ça, ce truc qui fait vibrer en moi, ce truc qui me fait sentir vivante. Jâai dĂ©jĂ hĂąte de te raconter la suite de cette saison, je me promets aujourdâhui en plus dâarrĂȘter de regarder les chiffres, dâessayer dâaccueillir chacun des moments de courses en le prenant comme il vient. Bien plus dur Ă faire quâĂ dire mais câest le chemin vers lequel jâaimerais aller. Il est maintenant temps dâaller renfiler les baskets pour foncer tout droit vers ma prochaine course de prĂ©paration Ă la Maxi-Race. Vers la rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale avant le grand jour (qui sera plus long que grand), le Trail du Val dâArgent. Ă dans quelques jours pour dĂ©couvrir la vallĂ©e dâĂ cĂŽtĂ© que je connais bien trop peu.
Coup de cĆur #16 Au cĆur du sujet
Parce quâelle le dit elle-mĂȘme, pour une fois je veux te parler dâelle car elle parle bien assez souvent de nous. Mon coup de cĆur va tout droit Ă HĂ©lĂšne SempĂ© et son passage dans le podcast KRISIS. Elle nous y raconte la crĂ©ation de Raid2vous, son envol avec Virginie sur leur raid Amazones et donne plein de petits conseils pour oser se lancer.
Je ne vais pas te refaire le podcast, je ne vais pas te faire le CV dâHĂ©lĂšne et je ne vais pas te reprĂ©senter lâasso. En revanche, je voudrais juste lui dĂ©dier quelques lignes.
HĂ©lĂšne me surprend par son ambition, son courage et sa joie de vivre. Câest une femme forte, de celle qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, qui sait ce quâelle veut et qui fera tout pour lâavoir. Câest une personne dĂ©bordante dâĂ©nergie, dâidĂ©es, de gentillesse, de bienveillance. Quand tu rencontres HĂ©lĂšne, tu sais quâelle ne peut que tâapporter de belles choses.
Je croisais souvent HĂ©lĂšne sur des Ă©vĂ©nements sportifs et câĂ©tait toujours un plaisir pour moi de participer au Trail de la Tour et dâĂȘtre accueillie Ă lâarrivĂ©e par son grand sourire. Jâai toujours apprĂ©ciĂ© Ă©changer quelques mots avec elle et je lui disais toujours merci de ce quâelle fait pour nous, les femmes, les sportives amatrices.
Je me souviens quand HĂ©lĂšne mâa contactĂ© pour me demander si je voulais ĂȘtre ambassadrice sportive pour Raid2vous. Je croyais quâelle se moquait de moi. Mais elle Ă©tait sĂ©rieuse. Je lui disais que je nâĂ©tais lĂ©gitime de faire ça et câest alors quâelle mâa sorti son grand discours. Câest pour ça quâelle est forte HĂ©lĂšne, elle croit en toi plus que tu ne le crois, elle te fait confiance lĂ oĂč tu doutes.
Si je prends ces quelques lignes câest dâabord pour lui dire merci pour moi mais aussi pour nous toutes. Je suis persuadĂ©e que grĂące Ă Raid2vous certaines femmes osent se lancer dans lâaventure du sport. HĂ©lĂšne porte en elle les valeurs de cette asso et elle lâaffiche sur son visage quand tu la croises Ă un trail, elle le clame haut et fort au moment de tâencourager. Si tu dis Ă HĂ©lĂšne que tu as peur, elle te rĂ©pondra sĂ»rement que de ressentir la peur câest aussi ça de vivre. Si tu dis Ă HĂ©lĂšne que tu nâes pas capable, elle te rĂ©pondra sĂ»rement quâen se donnant les moyens on en est tous capables.
Bref, va Ă©couter ce podcast « La « drogue naturelle » qui a changĂ© sa vie â HĂ©lĂšne SempĂ© » avec KRISIS., tu apprendras Ă connaĂźtre un peu mieux HĂ©lĂšne et sa façon de voir les choses.
Moi, pour finir, HĂ©lĂšne je voudrais te dire merci. Merci de toujours croire en moi, merci de me laisser cette place pour Ă©crire et partager, merci de me porter dans mes projets, merci de mâapporter ta confiance, merci de mâencourager, merci de me transmettre tes valeurs dans ce sport, merci de me rappeler de ne jamais oublier pourquoi je fais ça, merci de me pousser Ă toujours rester en accord avec moi-mĂȘme.
Article Tif Prinz