Il y a des semaines que je doute, que je ne sais pas vraiment si c’est possible que je refasse ça. Comment je peux aller rĂ©ussir Ă  courir 50km alors que les sorties longues de 4h me paraissent dĂ©jĂ  si difficiles. Et comment je peux avoir l’envie, l’ambition voire la prĂ©tention de m’engager sur 100km d’ici quelques semaines. Je suis certainement la seule Ă  douter de ça. Je me rends compte que ce n’est finalement pas plus mal. Prendre le dĂ©part d’une course remplie de confiance n’est pas la meilleure solution, avoir quelques doutes me permet finalement de me rappeler pourquoi je fais ça, me fait rĂ©flĂ©chir Ă  ce que j’aime et ce que je recherche dans ce sport et dans les challenges dans lesquels je m’engage. Alors, je souffle fort au fond de moi et je me rĂ©pĂšte : « souviens-toi que tu es lĂ  pour toi et que tu le fais pour toi, juste toi ». Puis j’ai peur mais je suis beaucoup moins stressĂ©e que ce que j’ai dĂ©jĂ  pu ĂȘtre, certainement car je sais pourquoi je suis lĂ . Je vais courir 50km pour prĂ©parer la Maxi-Race, je vais courir tout autour de la maison, sur mes sentiers d’entrainement, sur les chemins de mes dĂ©buts en trail pour que d’ici un mois je me sente prĂȘte.
Est-ce qu’on se sent vraiment prĂȘt parfois ? Pas certaine de ça.

RĂ©veil 5h10, nuit pourrie mais fallait s’y attendre, on se reposera ce soir. Je crois que j’ai hĂąte. Je mange mes pancakes et ma banane en racontant plein de bĂȘtises pour essayer de motiver les troupes et les faire un peu rire malgrĂ© l’heure Ă  laquelle ils ont dĂ» se lever pour moi.

ArrivĂ© au gymnase de VillĂ©, 6h30, et il est vraiment bon de voir tout autour de soi des tĂȘtes connues, de lancer des saluts Ă  droite, Ă  gauche, d’échanger sur le dĂ©but de notre saison, de revoir des copains que l’on n’a pas vus depuis un moment. En fait, il est bon de partir directement de la maison.

DĂ©part 7h, et dĂ©part beaucoup trop vite bien sĂ»r ! Mais ma tĂȘte ne rĂ©ussira pas Ă  penser nĂ©gatif, je dĂ©cide dĂšs le dĂ©part de me faire confiance, de m’écouter, de me croire. Et je me surprends alors Ă  quelques mĂštres de ce dĂ©part en train de me dire intĂ©rieurement « aujourd’hui il n’y aura que du plaisir, peu importe les chiffres, ton but c’est de sourire », finalement je suis peut-ĂȘtre en train de respecter ce que je m’étais promis de faire cette saison. Courir Ă  la maison me rend vraiment heureuse. Voir des visages connus tout au long du parcours me fait vraiment plaisir, je me dis que je ne devrais jamais oublier ces moments.

Je vis une belle course. J’oscille entre la 4Ăšme et la 5Ăšme place fĂ©minine mais sans vraiment m’en soucier. Vers le km20, je me dis mĂȘme que c’est encore long cette aEaire et je n’oublie pas que je dois me faire confiance, que mon corps sait exactement ce qu’il doit faire. Cette course, je la connais par cƓur, les endroits que j’adore, ceux que je dĂ©teste, les moments oĂč il faut savoir ĂȘtre patiente, ceux oĂč il faut encore ĂȘtre en forme. Je sais que rien n’est fini avant la fin.

Étonnamment, mais pas tant que ça au vu de ce que je viens d’écrire, j’arrive dans mes estimations Ă  chaque ravitaillement ce qui me permet d’ĂȘtre assez sereine et de savoir qu’ils seront lĂ  et prĂȘts. Je reste Ă  ma grande surprise plutĂŽt calme (certains diront que je me suis Ă©nervĂ©e une petite fois et ils se reconnaĂźtront mais ils savent aussi que je suis capable de bien pire), je sais de quoi j’ai besoin. Maman ne me dit jamais qu’il est temps de repartir, ça veut dire que je ne prends jamais trop de temps. Je mange bien, je bois bien, je suis le protocole et je suis plutĂŽt contente de ce que j’accomplis.

J’attaque ce que j’appelle la derniĂšre grosse difficultĂ©, bien que je sache qu’aprĂšs elle viennent encore de jolis raidards. Bref, je monte le Climont. J’ai pris le temps qu’il me fallait au ravitaillement du Col de Steige pour boire la moitiĂ© de ma bouteille de coca, ça fait tellement de bien Ă  mon moral. Je sais bien que je suis 4Ăšme mais je me rappelle aussi avoir dit, en mangeant mon pancake quelques heures avant « j’ai dĂ©jĂ  Ă©tĂ© 1Ăšre, j’ai dĂ©jĂ  Ă©tĂ© 2Ăšme mais je ne suis jamais montĂ©e sur la 3Ăšme marche, alors je pourrais peut-ĂȘtre faire ça aujourd’hui » et je me suis mis ça dans le crĂąne jusqu’à l’arrivĂ©e. Ça faisait dĂ©jĂ  quelques kilomĂštres que je disais que mon fessier me faisait mal mais dans cette montĂ©e je ne l’ai plus senti. Sur toute la fin du parcours, je me suis souvenue de toutes les sorties que j’avais dĂ©jĂ  pu faire sur ses sentiers. Tous les souvenirs avec les diffĂ©rentes personnes que j’avais Ă  ces endroits. Je me suis rappelĂ©e la premiĂšre fois que j’avais fait ce 50km, je me suis souvenue pourquoi j’étais lĂ  et je me suis sĂ»rement rendue compte du chemin que j’avais parcouru. Il faut parfois se secouer un peu pour se remettre sur le droit chemin.

Pour ĂȘtre totalement honnĂȘte, j’ai regardĂ© mon chrono et je me suis dit « fais chier, je ne ferai pas mieux que ce que j’ai dĂ©jĂ  fait ». Mais rapidement j’ai relevĂ© la tĂȘte, j’ai souri et je me suis souvenue de la saison que j’avais passĂ©e l’an dernier, des sensations horribles que j’ai pu ressentir Ă  la CCC et j’ai mesurĂ© la chance que j’avais de courir, de prendre du plaisir et de pouvoir vivre ces choses-lĂ  entourĂ©e des personnes qui me sont chĂšres.

Rien ne m’a rendue plus heureuse que de voir mon frĂšre m’attendre au milieu d’un sentier, Ă  quelques mĂštres de l’arrivĂ©e. J’ai retrouvĂ© dans son regard et dans son sourire les mĂȘmes Ă©toiles que celles que j’ai pu voir Ă  la Fouly en aoĂ»t dernier. Vivre ça me comble vraiment d’un vrai bonheur, de sensations qui me paraissent indescriptibles et j’essaie Ă  chaque fois de graver ça bien au fond de moi pour ne jamais l’oublier, pour m’en servir dans les moments plus difficiles. Être soutenue, accompagnĂ©e de prĂšs ou de loin, par des mots, des gestes ou un regard par les personnes qui m’ont vu grandir, Ă©voluer, changer et prendre de nouvelles routes est si important Ă  mes yeux. Le mot toujours inquiet de ma maman, le sourire de mon frĂšre, le « ne te laisse pas faire » de mon papa, je ne saurai comment les remercier Ă  part en leur offrant la bouteille de crĂ©mant reçue sur le podium. J’aime vivre ses aventures-lĂ  auprĂšs d’eux, j’aime me dire que l’on part ensemble et qu’ils me permettent de vivre tout ça lĂ  encore plus fort que si je le vivais seule. Et sur cette course, j’étais vraiment entourĂ©e de personnes importantes dans ma vie au quotidien. Tout le monde ne peut pas toujours ĂȘtre prĂ©sent alors quand l’occasion se prĂ©sente je crois qu’il faut savoir la savourer. A l’arrivĂ©e de cette course j’ai Ă©tĂ© heureuse, heureuse d’avoir su profiter de ce moment sans m’effondrer car ce n’était pas exactement le chrono que je m’étais imaginĂ©.

À chaud, je t’aurais certainement Ă©crit que j’aurais pu mieux faire et on ne va pas se le cacher, c’est vrai. À froid, aprĂšs quelques jours de rĂ©flexion et du recul, je peux te dire que cette course m’a ouvert l’appĂ©tit, elle m’a redonnĂ© l’envie de mettre des dossards pour de longues journĂ©es en montagne, elle m’a fait renouer avec le sourire sur les sentiers, elle m’a appris ce que c’était une vraie course de prĂ©pa.

Et juste pour finir, quelques heures aprĂšs l’arrivĂ©e, j’ai rĂ©ussi Ă  me dire : ça y est, j’ai retrouvĂ© ça, ce truc qui fait vibrer en moi, ce truc qui me fait sentir vivante. J’ai dĂ©jĂ  hĂąte de te raconter la suite de cette saison, je me promets aujourd’hui en plus d’arrĂȘter de regarder les chiffres, d’essayer d’accueillir chacun des moments de courses en le prenant comme il vient. Bien plus dur Ă  faire qu’à dire mais c’est le chemin vers lequel j’aimerais aller. Il est maintenant temps d’aller renfiler les baskets pour foncer tout droit vers ma prochaine course de prĂ©paration Ă  la Maxi-Race. Vers la rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale avant le grand jour (qui sera plus long que grand), le Trail du Val d’Argent. À dans quelques jours pour dĂ©couvrir la vallĂ©e d’à cĂŽtĂ© que je connais bien trop peu.

Coup de cƓur #16 Au cƓur du sujet

Parce qu’elle le dit elle-mĂȘme, pour une fois je veux te parler d’elle car elle parle bien assez souvent de nous. Mon coup de cƓur va tout droit Ă  HĂ©lĂšne SempĂ© et son passage dans le podcast KRISIS. Elle nous y raconte la crĂ©ation de Raid2vous, son envol avec Virginie sur leur raid Amazones et donne plein de petits conseils pour oser se lancer.

Je ne vais pas te refaire le podcast, je ne vais pas te faire le CV d’HĂ©lĂšne et je ne vais pas te reprĂ©senter l’asso. En revanche, je voudrais juste lui dĂ©dier quelques lignes.

HĂ©lĂšne me surprend par son ambition, son courage et sa joie de vivre. C’est une femme forte, de celle qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, qui sait ce qu’elle veut et qui fera tout pour l’avoir. C’est une personne dĂ©bordante d’énergie, d’idĂ©es, de gentillesse, de bienveillance. Quand tu rencontres HĂ©lĂšne, tu sais qu’elle ne peut que t’apporter de belles choses.

Je croisais souvent HĂ©lĂšne sur des Ă©vĂ©nements sportifs et c’était toujours un plaisir pour moi de participer au Trail de la Tour et d’ĂȘtre accueillie Ă  l’arrivĂ©e par son grand sourire. J’ai toujours apprĂ©ciĂ© Ă©changer quelques mots avec elle et je lui disais toujours merci de ce qu’elle fait pour nous, les femmes, les sportives amatrices.

Je me souviens quand HĂ©lĂšne m’a contactĂ© pour me demander si je voulais ĂȘtre ambassadrice sportive pour Raid2vous. Je croyais qu’elle se moquait de moi. Mais elle Ă©tait sĂ©rieuse. Je lui disais que je n’étais lĂ©gitime de faire ça et c’est alors qu’elle m’a sorti son grand discours. C’est pour ça qu’elle est forte HĂ©lĂšne, elle croit en toi plus que tu ne le crois, elle te fait confiance lĂ  oĂč tu doutes.

Si je prends ces quelques lignes c’est d’abord pour lui dire merci pour moi mais aussi pour nous toutes. Je suis persuadĂ©e que grĂące Ă  Raid2vous certaines femmes osent se lancer dans l’aventure du sport. HĂ©lĂšne porte en elle les valeurs de cette asso et elle l’affiche sur son visage quand tu la croises Ă  un trail, elle le clame haut et fort au moment de t’encourager. Si tu dis Ă  HĂ©lĂšne que tu as peur, elle te rĂ©pondra sĂ»rement que de ressentir la peur c’est aussi ça de vivre. Si tu dis Ă  HĂ©lĂšne que tu n’es pas capable, elle te rĂ©pondra sĂ»rement qu’en se donnant les moyens on en est tous capables.

Bref, va Ă©couter ce podcast « La « drogue naturelle » qui a changĂ© sa vie – HĂ©lĂšne SempĂ© » avec KRISIS., tu apprendras Ă  connaĂźtre un peu mieux HĂ©lĂšne et sa façon de voir les choses.

Moi, pour finir, HĂ©lĂšne je voudrais te dire merci. Merci de toujours croire en moi, merci de me laisser cette place pour Ă©crire et partager, merci de me porter dans mes projets, merci de m’apporter ta confiance, merci de m’encourager, merci de me transmettre tes valeurs dans ce sport, merci de me rappeler de ne jamais oublier pourquoi je fais ça, merci de me pousser Ă  toujours rester en accord avec moi-mĂȘme.

Article Tif Prinz