Un nouveau souffle

Il y a bien longtemps que je ne t’ai pas écrit et que je n’ai pas écrit tout court d’ailleurs.
L’hiver est passé et le printemps pointe lentement le bout de son nez. La saison trail est
lancée et le début de la prépa aussi.
J’ai passé mon hiver à bosser quelques trucs que je n’aime pas, entends par là que j’ai
beaucoup couru sur du plat. J’ai compris lors du premier dossard de l’année que je l’avais
bien travaillé. Je me suis même demandé à la reprise du trail comment c’était possible
d’aimer courir dans les montées et de courir longtemps en plus. Heureusement, après
quelques séances d’intensité en côte et de jolis moments partagés sur les sentiers entre
copains, j’ai retrouvé la raison et le goût de ses longues montées, de ses longues sorties.
Je vis l’arrivée de ce printemps comme un petit renouveau et un vrai lancement de ma
saison, de mes entrainements. Il me tarde aujourd’hui d’accrocher les dossards que je
n’ai pas pu épingler l’an dernier !!!
J’ai hâte de vivre cette nouvelle année de trail. En fait, cet hiver j’ai travaillé des trucs que
je n’aime pas beaucoup mais ça m’a permis d’apprendre pas mal quand même. J’ai appris
que j’étais ma seule concurrente. J’ai forgé un petit mental en tenant bon sur les quelques
cross que j’ai pu vivre. J’ai compris que je pouvais choisir. Finalement, faire un peu ce que
je n’aime pas (et en fait, j’ai beaucoup aimé !) m’a rappelé pourquoi je fais ce que j’aime,
pourquoi je décide de prendre le départ de longues courses, ce qui me fait vibrer quand
je parcours les sentiers durant des heures allant d’une demi-journée à une journée
entière. J’ai essayé de me souvenir de ce que c’est de courir avec mes baskets, mon
sourire et mon cœur. Je me promets en ce début de saison de ne pas me perdre dans les
chiPres, les performances et la compétition. Mais quand même, quand faut y aller à fond
on y va à fond ! Bon je te dis ça mais encore il y a quelques heures j’exprimais mon
inquiétude quant à mon volume d’entrainement trop faible à mon coach. Tu sais bien que
mes pensées sont toujours très en accord avec mes paroles et mes actes.
Aujourd’hui je n’ai pas grand-chose à te dire sur moi ! J’ai repris ma petite routine entre le
boulot et mes entrainements. J’ai hâte de vivre des milliards d’émotions et de pouvoir te
partager tout ça. Pour le moment je mène mon petit bout de chemin en préparant
tranquillement une course que je rêve de faire depuis un petit moment : la Maxi-Race.
Cette course fait le tour du lac d’Annecy par les montagnes. Boucler cet ultra parce
qu’autour de cette grande flaque je me sens un peu comme chez moi. Depuis que je
cours, Annecy est un point de rendez-vous annuel que je ne loupe jamais. Et comme je
suis dans cet esprit de retrouver mes racines et que ça fait bien longtemps que je n’ai pas
couru à la maison, j’ai choisi le trail du Wurzel à Villé comme première grosse course dans
ma prépa Maxi-Race. J’ai hâte de te raconter tout ce que je vais vivre, revivre, découvrir
sur les sentiers de ma belle vallée, sur ma petite course de cœur. Il y aura bien d’autres
belles aventures cette année mais en voici déjà deux que j’étais prête à te partager. Alors
rendez-vous dans quelques jours pour le premier compte-rendu de la saison !!!

Bon tu l’auras compris je fais mon petit bout de chemin, je réfléchis toujours à ma
pratique, j’ai appris des choses que j’ai hâte de mettre en œuvre mais pour le moment
tout reste flou et c’est bien pour ça que je n’ai pas écrit depuis quelques temps.
En revanche, j’ai bien des choses à te raconter sur une petite poulette que j’ai rencontrée
il n’y a pas si longtemps…

Coup de cœur 15

On s’est bien trouvée

J’avais déjà vu son nom, j’avais déjà entendu parler d’elle mais je ne savais plus trop
comment ni qui elle était exactement. Puis un jour, il y a quelques mois, je suis tombée
sur cette vidéo d’annonce. Elle annonçait la sortie de son livre « Respire. Ça va aller ! »
alors je suis allée regarder quel était le sujet de son livre. Elle y raconte son histoire, celle
d’une fille, adolescente, jeune femme qui se bat avec elle-même et pour elle-même. Et
sans réfléchir, je lui ai écrit lui demandant si elle était d’accord de partager un petit run et
un café avec moi pour que l’on puisse discuter de tout ça mais aussi de rien.
J’ai bien fait !
Au début, je me suis dit que c’était un peu culotté de faire ça. Un peu comme quand tu
écris la première à ton crush. Mais je me suis souvenue que pour vivre, il fallait parfois
provoquer le destin. Bref, Manon a accepté que l’on se rencontre.
J’ai eu des doutes !
Après, je me suis dit que j’avais vraiment fait n’importe quoi et que je ne saurais vraiment
pas quoi lui raconter. J’étais qui moi pour lui poser des questions sur sa vie au juste. Un
peu comme avant ton premier rencard, où tu as peur de ne pas trop savoir quoi dire et de
faire des bourdes.
Finalement, c’était chouette ! On a recommencé, on recommencera et on a plein d’idées
dans la tête !

J’ai donc rencontré Manon Plet. On est allé courir ensemble, 1h30 sous la pluie. On n’a
pas vu passer le temps, ni le dénivelé et on n’a d’ailleurs pas senti la pluie non plus.
Ce jour-là, je n’ai jamais posé aucune question à Manon concernant son livre, l’anorexie
ou les troubles alimentaires en général. On a parlé, de tout, de rien. On a échangé sur nos
vies, sur nos façons de voir et de vivre le sport, sur les tabous qui y règnent, sur nos
éternelles insatisfactions, sur nos doutes et nos déceptions, sur nos expériences, sur nos
plus beaux souvenirs sportifs, sur nos rêves de traileuses, sur nos petits secrets bien
gardés. Et finalement, sur nos mal-êtres.

Manon m’a dit : je ne vais pas t’en parler depuis le début, si tu as envie de découvrir cette
histoire tu pourras lire mon livre. Quand je suis entrée, j’ai d’abord pris une douche puis
j’ai commandé son livre.

Mais elle m’a aussi dit : je ne veux pas parler de moi. Son but n’est pas de raconter son
histoire, que l’on parle d’elle ou encore de faire son autobiographie. Elle ne veut pas que
l’on parle d’elle, elle veut que l’on se serve de son histoire pour parler d’elle, elle, la
maladie. Eux les troubles du comportement alimentaire.
L’alimentation, ses vices, ses troubles, son lien avec le sport, je m’en suis intéressée plus
d’une fois. Ce que l’on s’est dit avec Manon c’est qu’il est bien difficile de trouver les fines
limites entre l’obsession pour l’alimentation et juste le fait de chercher à avoir la meilleure
alimentation pour soi, sa vie et sa pratique sportive.
Ce qui est beau dans l’histoire de cette petite poulette, c’est qu’elle fait de son histoire
dure et terrible une vraie leçon de vie pour pouvoir aider les autres à se sortir de sa propre
histoire. Manon a écrit son histoire pour pouvoir libérer certains de la leur. C’est ce qui est
beau.
En écrivant ce livre avec son amie, elle veut briser les codes de ce tabou. Changer les
idées sur les corps et l’alimentation. Je ne vais pas te raconter l’histoire de Manon, son amie Juliette l’a si bien fait dans leur
livre. Et surtout, je ne me permettrai pas de retranscrire quelque chose que je n’ai pas
vécu. Je n’ai jamais été touché de si près par l’anorexie, j’ai pourtant vécu des moments
diPiciles avec l’alimentation, mon corps et le sport. Je n’ai jamais été confronté de si près
à une mise en danger, j’ai pourtant vécu des moments que je décrirais comme noirs. Nos
histoires sont bien diPérentes, nos passés le sont aussi et pourtant en lisant la fin de son
livre, j’ai eu les larmes aux yeux et je lui ai écrit :
« J’ai pleuré, c’est si beau ! Je te remercie, non pas pour moi, enfin pour moi aussi car
même si je n’ai pas connu ça, j’ai connu des moments difficiles. Merci d’énoncer ton
histoire car je suis certaine que cela donnera la force à certains de s’en sortir dans leur
propre combat qu’il soit l’anorexie ou peut-être même une autre maladie ! »
Quelques jours plus tard, Manon a organisé une conférence. Cette conférence partait de
son livre mais encore une fois elle n’a pas voulu parler d’elle. Elle a fait en sorte de
rassembler plusieurs spécialistes et personnes intimement liées aux troubles du
comportement alimentaire pour réaliser une table ronde, communiquer des
informations, avertir et prévenir. Je ne vais pas en refaire tout un article car certaines l’ont
déjà fait ici pour moi. Alors si ce sujet t’intéresse vraiment je t’invite à lire l’écrit de l’autre
TiPany. Je retiens quelques petites choses de cette soirée, mais surtout celle que même
en médecine il n’est pas simple de composer avec les troubles du comportement
alimentaire et comme pour la plupart des troubles concernant la santé mentale nous ne
sommes pas encore assez prévenus, avertis et compris.
Aujourd’hui, j’ai hâte de vivre de nouveaux moments avec Manon. J’ai hâte de partager
avec elle nos angoisses d’avant course. De lui écrire encore et encore « Et finalement, si
tu te plantes un peu tu ne vas pas en mourir » mais de lui partager quelques jours après
que c’est à mon tour d’avoir la trouille de ma vie de prendre le départ de telle ou telle
course. Bref, je crois que même si on est guéries de certains de nos maux grâce à nos
mots, nous sommes toutes les deux des éternelles angoissées de la vie qui avons besoin

de contrôler la plupart des choses de notre quotidien. Manon, penses-tu que l’on aime le
trail car il nous challenge sans cesse sur notre perte de contrôle ?
Voici, le prochain thème de notre sortie de 4h. Bisous ma petite poulette, heureuse d’avoir fait ta
connaissance et pleine d’envie à l’idée de vivre de futures aventures et projets à tes côtés.

PS : après plusieurs tests nos sorties de 4h ne font jamais 4h, on y râle beaucoup mais on
se marre bien.

Article de Tif Prinz

Livre : RESPIRE ÇA VA ALLER / L’histoire de Manon Plet écrit par Juliette Le Guern
JE L’ACHÈTE👇
https://www.cultura.com/p-respire-ca-va-aller-l-histoire-de-manon-plet-ecrite-par-juliette-le-guern-9791042509309.html

Suivez les actualités Raid2Vous pour un envol de bonheur
http://raid2vous.org

ÉVÉNEMENTS RAID2VOUS :
Toi aussi tu rêves d’aventures, rendez-vous du 7 au 9 juin pour participer au 4ème Raid Féminin des Châteaux en Alsace.
JE M’INSCRIS👇
https://raid2vous.org/raid-feminin-2025/