💚 // CHRONIQUE 8 ET COUP DE CŒUR D’UNE TRAILEUSE PASSIONNÉE🏃‍♀️🏃‍♀️

💚// Chronique n°8

Les rêves sont faits pour être réalisés

J’ai compris il y a quelques temps que croire en ses rêves ça voulait dire se donner les moyens
de les réaliser et que pour avoir de la chance il faut savoir la provoquer.
J’ai pensé à ça, il n’y a pas si longtemps quand je courais seule. Et tu sais pourquoi, parce qu’en
ce moment je ne cours pas souvent seule.
Après la dernière course, j’ai eu besoin de courir en groupe, de partager des moments sur les
sentiers. D’aller courir mais pour découvrir ou redécouvrir des endroits, pour échanger des
instants, pour rire. J’ai ressenti le besoin de retrouver le trail insouciant, celui que j’ai connu à
mes débuts. J’avais besoin de savoir que je pouvais toujours courir juste pour courir, pour le
partage et pour le plaisir. Et en partageant ces quelques kilomètres, j’ai rencontré des gens,
on a échangé nos histoires, j’ai retracé mon parcours. Alors, je me suis rendu compte de ce
que j’avais parcouru.
Je suis partie courir avec les personnes qui m’avaient emmené faire l’une de mes première
sortie trail au Galtz (dommage si tu ne connais pas parce que ça ressemble à Rio un peu mais
juste un peu) et c’était chouette de se remémorer ses souvenirs. Ce temps où ils me
racontaient leurs courses et leurs ultras et je leur répondais que jamais de la vie je ne ferai un
truc pareil, c’est bon d’en rire.
Puis aussi, j’ai lancé un petit défi à mon frère, celui de participer ensemble au Raid Urbain
multisports de Raid2Vous à Strasbourg le 1er mai. Il a accepté et s’est pris vraiment au jeu car
il s’est même inscrit à son premier trail depuis. Alors, de temps en temps, on part courir
ensemble. Un soir, on enfile nos baskets et je l’emmène sur mes premiers parcours
d’entrainement. Ça me touche, ça me fait un petit pincement au cœur. D’abord, je me
souviens de moi, de mes premières foulées sur ses sentiers qui me sont chers. Ensuite, je le
vois avancer, avec le sourire, rempli de plaisir et tellement fier, ça me semble tellement beau
et bon de partager ça ensemble. En fait, on est fier ! On est fier de courir ensemble, on se
prend au jeu et on rigole en se disant qu’on pourra peut-être un jour monter ensemble sur un
podium, gagner un relais ou une course duo puis on se souvient que pour ça faudra déjà qu’on
ne s’entretue pas. En fait, mon frère m’a fait prendre conscience que j’étais en train de mener
exactement la vie dont je rêvais secrètement. Que j’avais parcouru un long chemin, que j’avais
bien avancé ces dernières années. Je lui dis « Bon, après ce faux plat montant, y a une bonne
côte, on pourra marcher et en haut tu relances. On fait un petit moment calme puis des petites
accélérations sur 30 secondes quand je te le dirai. » Il m’a regardé comme si j’étais folle, il m’a
dit d’arrêter de parler aussi vite, m’a demandé si je pouvais encore respirer et à ajouter : « Je
ne vois pas de quel faux plat montant tu parles parce que là pour le commun des mortels, on
est dans une vraie pente Tif. » On rigole bien quand on court ensemble, je vois qu’il en bave
vraiment et je comprends que quand je te dis que je me souviens à quel point c’était dur, c’est
totalement faux, je me souviens pas du tout d’avoir souffert comme ça. Pourtant, je suis
certaine que je suis partie de zéro.
Enfin, tout ça pour te dire qu’aujourd’hui plus que jamais je sais d’où je viens et où je suis
arrivée.
Arrivée ? Mais qu’est-ce que je te dis, j’ai envie que cette aventure ne s’arrête jamais. Un
projet en amène un autre, une course terminée que je rêve d’une autre, un entrainement fini

que je regarde le prochain. Planifier ma saison en se disant qu’un an c’est trop court, qu’une
vie ne me suffira jamais pour tout faire.
Un jour je suis partie de chez moi avec des vieilles baskets, un jogging et un sweat pour essayer
de courir aujourd’hui je n’imagine pas une seconde ma vie sans sport, course à pied et
montagne.
Souvent, quand on me dit que c’est incroyable, que mon parcours est beau, que je peux être
fière de moi, je réponds : merci, j’ai eu beaucoup de chance. Mais de chance de quoi ? Est-ce
que j’ai eu de la chance de gagner un jour ? Est-ce que c’est la chance qui fait que parfois j’ai
réussi ? Je vais te dire que oui et non. Comme dans tous les jeux, il y a une part de chance, ce
petit truc qui fait que dans une journée tout est aligné pour que ce soit toi. Mais non, parce
que ce n’est pas uniquement cette journée la qui fait que ça sera toi, c’est aussi toutes les
journées d’avant et tout ce que tu as mis en place pour réussir cette journée-là.
Par contre, j’ai de la chance pour différentes raisons :
– Que la vie m’ait amené à découvrir ce sport et m’ait poussé à courir.
– De vivre à la petite montagne mais à la montagne quand même, parce que j’ai juste à
enfiler mes baskets et courir.
– D’avoir hérité d’un caractère de merde (pardon il n’y a pas d’autres mots et mes
parents seront en total accord avec ce terme) qui me permet de me battre, de me
relever plus forte à chaque fois que je tombe ou presque (des fois, ça pique un peu
quand même surtout quand c’est dans les cailloux).
– D’être entourée et soutenue. Alors je t’ai déjà beaucoup parlé de ma famille et de mes
amis. Mais je ne t’ai pas encore parlé de ceux qui sont des amis maintenant, mais qui
ont décidé de me soutenir au départ simplement parce qu’ils croyaient en moi.
Je considère que j’ai de la chance d’avoir fait les bonnes rencontres au bon moment peut-être
en fait.
J’ai rencontré Hélène et Virginie au 1er trail de la Tour (celui où tu dois t’inscrire avec la femme
de ta vie, seulement si tu es une femme et ça peut être ta mère, ta tante, ta cousine, ta sœur,
ta grand-mère, ta meilleure amie…), elles m’ont marqué avec leurs grands sourires, leurs
enthousiasmes naturels. En fait, à leurs côtés, tu as l’impression que tu peux gravir des
montagnes. Quand elles m’ont proposé de soutenir leur association, c’est avec le plus grand
plaisir que j’ai dit OUI. Hélène m’a appelé en me disant que j’étais exactement la sportive
qu’elles imaginent : pleine d’espoir et de plaisir vêtu d’un grand sourire avec un cœur qui bat
au rythme de ma passion dans une histoire singulière. En fait, je suis heureuse, je suis honorée
de savoir qu’elles aient pensé que je puisse être à l’image de leur asso, être une source
d’inspiration pour certaine. Et aujourd’hui j’ai envie de les remercier à ne plus en finir. Elles
me soutiennent dans mes projets, elles me permettent de m’exprimer, elles m’ont montré
que oui, certaines personnes ont été touché par mon histoire. Merci les filles ! Grâce à
Raid2vous, on vient me dire bravo à la fin d’une course, on m’encourage sur les sentiers, on
m’envoie un message avant ou après une course, on m’écrit pour me poser des questions. En
fait, Raid2vous ça me permet de partager de manière décupler ma passion. Ça me permet de
vous rencontrer.

J’ai rencontré Gilles et Kevin de chez RunAventure et ils m’ont accueilli dans leur magasin à
mes débuts me conseillant comme n’importe quel autre coureur. Petit à petit, au fil des visites
et des échanges, une relation amicale est née. Lors de mes premières performances, ils ont
toujours été présents pour me soutenir, me féliciter et me donner un coup de main matériel
autant qu’ils le pouvaient. En fait, j’avais besoin de rien d’autre que de savoir que j’avais avec
moi une petite team. J’ai petit à petit commencé à porter fièrement les couleurs de leur
magasin très naturellement, parce qu’ils étaient là pour moi alors je ferai ce que je peux pour
eux. Puis, j’ai gagné l’UTDP et quand ensemble on a trinqué, j’avais compris qu’on était en
train d’écrire une belle histoire. Une histoire qui m’excitait autant qu’elle m’effrayait.
Heureuse de savoir que j’avais un soutien mais peur de décevoir ceux qui croient en moi.
Aujourd’hui, je crois qu’ils sont là pour le meilleur et pour le pire, que le plus important pour
eux comme pour Hélène et Virginie c’est de me voir parcourir les sentiers sans jamais perdre
mon sourire.
Il y a quelques temps aussi, Kevin m’a écrit pour me dire qu’une marque lance une campagne
de recrutement d’ambassadeur, il me dit de tenter ma chance, que lui et Gilles feront ce qu’ils
peuvent s’ils peuvent me filer un coup de main. Toute façon, on m’a dit : tente, tu n’as rien à
perdre et tout à y gagner. Du coup, j’essaie. Dans le questionnaire, on me demande de parler
de mes plus beaux projets de trail running passé et j’avais vraiment envie de te partager ma
réponse, je trouve qu’elle fait un peu écho à cet écrit :
« Mon plus beau projet a simplement été celui de me mettre un jour à la course à pied, de
m’inscrire à un premier 10km sur route puis un premier trail. À la fin de ce premier trail, je
découvre la Saintélyon. À partir de là, fin 2019, mon plus beau projet est de tout mettre en
œuvre pour un jour courir la Saintélyon. J’y suis parvenue 3 ans plus tard et quelques mois
après cet accomplissement, c’est sans le savoir la naissance de mon plus beau projet trail
running qui pointe le bout de son nez : ma victoire à l’Ultra Trail Des Païens (UTDP), le format
100K du Trail Alsace Grand-Est by UTMB. Je découvre les joies de la préparation d’un ultra
trail, le plaisir des heures en montagne, me trouve une passion étonnante pour les séances de
côtes, m’étonne d’adorer mes dimanches souvent seule à galoper la moitié de la journée sur
les sentiers. Une forte passion née, je me découvre compétitive, battante, sans cesse à la
recherche du meilleur. Je comprends aussi que le sport peut décevoir et nous toucher dans
notre orgueil. Mon plus beau projet de trail running, n’a pas été l’UTDP même si la course
contribue à la beauté du projet aujourd’hui mais le cœur du projet et ce qui le rend
merveilleux à mes yeux c’est ce que j’ai appris sur moi, sur le trail et sur ma relation à ce
sport durant la préparation à cette course. »
Je ne sais pas trop si cette chronique a beaucoup de sens, si elle t’apportera quelque chose ou
non. A moi, elle m’a permis de poser des mots, de sortir des émotions et de me rappeler
pourquoi je cours et j’aime ça. Sur les 2 premières courses de cette saison, j’ai autant souffert
que trouver du plaisir. Mais surtout je n’avais jamais trouvé cette zone, la zone où tu sais que
tu prends quelques risques et, à la fin de chacune d’elle, je me suis demandée pourquoi j’avais
couru. Les deux fois, j’avais été très fière et j’étais très heureuse, j’avais ressenti des émotions
et des sensations folles mais je me disais aussi que j’avais souvent oublié que le trail ce n’était
pas que l’arche d’arrivée et le chrono final.
Bref, si tu dois retenir quelque chose de tout ça c’est que lorsqu’on te dit de croire en tes
rêves, je t’assure que d’y croire ça ne suffit pas. En général, si on y croit, c’est parce qu’on veut
qu’ils se réalisent. Et je te le dis, pour les réaliser, il faut se donner les moyens de le faire. Rien

ne tombe du ciel, c’est comme quand tu as faim, tu dois te bouger pour au moins commander
un truc à manger et au mieux tu te bouges pour faire à manger. Voilà, tes rêves se réaliseront
à la hauteur à laquelle tu t’es donné les moyens. Après, je ne te dis pas que tout se réalisera
mais se donner les moyens ça permet de ne jamais regretter, de se dire que tu auras tout fait
pour réussir.

Coup de cœur n°8.1
Un défi rempli d’amitié

Il y a quelques temps Christelle m’annonçait qu’elle allait participer au Corsica Raid avec son
amie Lisa. Elle allait former l’équipe des Knackis.
Lisa et Christelle sont amies depuis des nombreuses années. Elles sont toutes les deux
mamans et partagent énormément de choses, comme des amis, mais jusqu’à présent le sport
n’était pas vraiment aux programmes de leur moment entre filles.
Christelle pratique le trail depuis quelques années maintenant et c’est d’ailleurs grâce à cela
que je la connais. Quant à Lisa, je l’ai rencontré grâce à Christelle lors d’une soirée pizza et elle
nous prend plutôt pour des grosses folles quand on lui raconte nos courses et nos sorties. Elle
a déjà un peu couru mais pas plus que ça.
Et pourtant, au contraire de ce qu’on peut imaginer, l’idée vient de Lisa. C’est lors d’une soirée,
très légèrement arrosée, que Lisa lance l’idée et Christelle, sans trop réfléchir, dit oui. Mais
une fois qu’on a dit oui, c’est trop tard, on a signé, on y va.
Les Knackis se lancent alors dans les entrainements et la recherche de sponsors. Elles sont
motivées et on ressent que leur amitié leur donne des ailes. C’était sans compter sur une belle
chute de Lisa qui lui coutera une opération et quelques semaines d’arrêt avant une longue
rééducation. Aujourd’hui, les filles s’entrainement à nouveau ensemble et si je vous partage
ce début d’histoire, c’est parce que j’ai déjà hâte de vous raconter la fin avec leur aventure en
Corse.
Si tu as envie d’en savoir un peu plus et de suivre leur périple voici leur compte instagram :
https://www.instagram.com/les_knackis68/

💚 // CHRONIQUE 7 ET COUP DE CŒUR D’UNE TRAILEUSE PASSIONNÉE🏃‍♀️🏃‍♀️

💚// Chronique n°7
Le trail, une rencontre avec soi et une ouverture vers le monde

Je te l’ai déjà dit, pour moi le trail c’est un sport individuel d’équipe. Je crois que la fois où je
t’ai parlé de ça c’était par rapport à mon assistance, aux ravitaillements et toutes les
personnes qui viennent nous voir au bord des sentiers. Mais, j’ai remarqué que c’est aussi un
peu collectif de l’intérieur et puis de l’extérieur ça peut presque s’apparenter à une secte je
crois.
Pourquoi je te dis ça ? Parce que grâce au trail, j’ai retrouvé et rencontré de chouettes
personnes. Je suppose que c’est comme ça un peu dans tous les sports mais il y a quelques
rencontres qui marquent. Certaines sont durables et fortes alors que d’autres ne sont
qu’éphémère pourtant rien n’enlève l’importance de la rencontre peut-être car elle a lieu dans
un moment intense qu’il soit difficile ou merveilleux.
Lorsque j’ai commencé à faire du sport de manière structurée, rigoureuse et en faisant
« attention » à ma vie d’à côté c’est-à-dire à mon alimentation et à mon sommeil notamment,
j’ai vu quelques personnes disparaître autour de moi. J’ai perdu des personnes de mon
entourage par leur incompréhension, simplement parce qu’on prenait des chemins de vie
différents. Mais le sport, m’a aussi permis de retrouver ou encore d’intensifier certaines de
mes relations amicales.
– Il y a presque 2 ans, je suis partie à la Plagne fin juillet pour faire la 6000D. Je vois sur
instagram qu’une copine du lycée, que j’avais perdu de vue, y est également. Je lui
envoie un petit message pour savoir ce qu’elle y fait. Elle est là pour faire l’une des
courses aussi. Malheureusement, j’arrive après sa course sur place et ne peux pas la
voir mais elle me demande mon parcours et mes temps de passage approximatifs pour
venir m’encourager. En t’écrivant ici, je suis allée relire cette conversation et à la fin
on s’est promis d’aller faire un petit tour ensemble un jour. Depuis, on a passé des
vacances ensemble, couru des centaines de kilomètres sur les sentiers, grimpé
quelques mètres de dénivelé, vécu de merveilleux moments de courses, partagé un
beau trail en duo dans le dépassement de soi (grâce au trail de la Tour by Raid2Vous),
manger beaucoup de barres Näak macchiato caramel et de goûters (les carrots cakes
ce sont nos préférés même si on ne dit pas non aux cookies). On s’est soutenu dans
des épreuves sportives mais aussi dans des moments de vies importants et je parle par
du dernier run où l’on s’est perdu au milieu de la neige. Et, il nous reste encore bien
de belles aventures à vivre parce qu’on se dit toujours qu’ensemble c’est plus facile. À
la fin d’une sortie longue, il y a presque toujours le même scénario, je lui dis « Merci
d’avoir été là pour m’accompagner sans toi ça aurait été bien long. » et elle me répond
« Merci de m’avoir attendu et de m’avoir emmené, sans toi je n’aurai jamais fait
autant. ».
– Je te le disais quand j’ai commencé à courir de façon plus intense, j’ai perdu des amis.
Mais une en particulier est restée et restera toujours. Une amie avec qui j’ai traversé
le meilleur mais aussi le pire. Celle qui est là, depuis de nombreuses années, à chaque
moment de ta vie. Tu sais, cette amie qui te dit de ne pas faire comme ça, que tu
n’écoutes presque jamais mais qui est pourtant bien là pour ramasser les pots cassés
après. Elle comprend quand je lui dis que je dois m’entrainer, que c’est ok mais juste
pour un repas et qu’il ne faut pas que je rentre trop tard. Ce petit bout de femme qui

s’est aussi mise au sport, qui construit sa petite vie et dont je suis si fière. Cette amie,
qui ne se montre pas tellement mais qui de loin regarde toujours ce que tu fais et
t’envoie toujours un petit signe de sa présence. Cette fille qui a ma plus grande surprise
s’est montré au bord des sentiers en mai dernier, avec son chéri et une amie pour
m’encourager alors qu’ils passaient tranquillement un week-end en Forêt Noire. « Tu
sais ma Tif je ne pouvais pas louper un moment si important dans ta vie, quand j’ai vu
que tu étais première, j’ai dit à Loïc qu’il fallait que l’on prenne la route pour venir te
voir tout de suite. ». Je crois que le sport nous a unis encore plus fort et a fait que l’on
partage quelque chose de plus ensemble. On partageait déjà beaucoup, malgré nos
vies différentes, de fortes choses nous rapprochent et le sport est venu ajouter un petit
plus à notre relation.
Ensuite, il y a eu toutes ces personnes avec qui j’ai échangé parfois juste un mot, un regard ou
quelques kilomètres sur une course. Des personnes qui ne font pas partie de mon entourage
mais qui ont un moment marqué mon esprit, certaines avec qui j’échange toujours de temps
en temps, d’autres qui ont totalement disparu de ma vie.
– L’an dernier, sur le trail du Wurzel en avril, j’ai fait un petit morceau avec Jean-Baptiste.
On s’est soutenu, on a beaucoup soufflé, on s’est promis que c’était la dernière côte
(c’était faux bien sûr) et à la fin on s’est félicité. Aujourd’hui nous prenons
régulièrement de nos nouvelles, nous échangeons sur notre philosophie du trail et
nous suivons les exploits sportifs de l’un et l’autre. Un concurrent bienveillant qui
lorsque je me suis arrêtée sur ce trail pour un point de côté, n’a pas hésité à s’arrêter
lui aussi pour me demander si j’allais bien.
– Sur l’Ultra Trail des Païens, j’ai fait la rencontre très rapide d’un petit breton,
aujourd’hui encore nous suivons nos courses et nous nous souvenons ensemble de ce
moment au château du Haut-Koenigsbourg lorsqu’il me dit que ce panorama est
merveilleux et que je lui réponds que j’ai beaucoup de chance de courir ici toutes les
semaines en ajoutant attention aux racines dans la descente tout en l’abandonnant
dans celle-ci.
– Sur le même trail, j’ai fait de nombreux kilomètres en compagnie d’un traileur avec
lequel mon seul échange a été : « j’en ai marre sérieux, j’ai mal aux jambes et
normalement il faut courir dans cette p***** de côte ! » et il m’a répondu en riant «
ne t’énerve pas petite, tu as couru 85 bornes si tu n’avais pas mal aux jambes je
m’inquièterais pour toi ». Mais le simple fait que je sache qu’il soit là quelques mètres
devant ou derrière moi, m’a permis d’avancer sereinement en sachant que s’il n’est
pas loin c’est que je vais toujours bien.
– À la dernière édition du trail de la Tour (n’oublie pas ce trail en duo féminin qui a lieu
le 15 septembre organisé par Raid2vous), dans la dernière côte, une fille se retourne
pour me dire : « Oh mais c’est Tiffany, bravo pour ta performance de mai. ». C’était
Alice Violini. Aujourd’hui, on se retrouve sur des lignes de départ à se dire bonne
course en étant heureuse des performances réalisées par l’une et l’autre, on s’envoie
des messages de soutien, on discute autour des problématiques que l’on rencontre
dans nos entrainements, dans notre quotidien face au trail, on essaye de partager
quelques sorties.
En fait, je pourrais en raconter pleins des moments de partages comme ceux-là. Je n’aurai
jamais terminé et j’en oublierai certainement. Mais ces instants font pour moi partie de ce
sport et du partage qu’il m’évoque. Le trail c’est pour moi de la course, des montagnes et du

partage. Ici, je t’ai parlé de rencontre sur les courses avec des coureurs mais j’ai aussi déjà pu
me souvenir, rencontré, échangé avec des supporters ou des bénévoles. Des petits instants
précieux qui te donnent parfois un bon coup de boost dans une course.
Puis, il y a eu ces rencontres grâce au trail, ou en partie, de ces personnes qui font aujourd’hui
parties à part entière de ma vie presque quotidiennement.
– Celui qui croit le plus en moi de la planète trail, qui m’imagine une grande carrière.
Mais surtout, un petit gars qui durant 13 heures, 16 minutes et 16 secondes le 20 mai
2023 a su trouver les mots qu’il fallait me dire pour que je vive une course inoubliable
sur mon premier 100km. J’entends encore certaines de ces remarques aujourd’hui
quand je prends le départ d’une course ou quand j’arrive à un ravitaillement. Il était
passé la veille en disant : alors championne, je viens pendre la température. Plutôt que
de me dire que je suis capable et qu’il faut prendre des risques, que selon les pronostics
je peux faire quelque chose, il a dit : prends du plaisir, termine cette course et vas-y
simplement comme tu sais le faire, il n’y a pas de pression. Puis, le lendemain il a
continué en étant présent sur presque chaque ravitaillement mais sans jamais me
mettre la pression. Tu es 1ère, c’est bien mais prend ton temps, ne te précipite pas, ne
te mets pas dans le rouge, mange bien, bois bien, on a confiance en toi, c’est beau ce
que tu fais. Bref, merci d’avoir été là, d’avoir partagé mes larmes d’émotions, de fierté,
de fatigue à l’arrivée. Merci d’avoir contribué au fait que ce jour reste mémorable et
inoubliable. Merci, d’avoir pris de ce temps pour moi sans me connaître. J’ai encore
plein de choses pour lesquels je pourrai lui dire merci. Je crois que même sans cette
course on s’entendrait à merveille et sans aucun doute car nous adorons partager
notre passion, débattre autour du trail, créer des parcours, trouver des courses à faire,
chercher des défis à réaliser. Mais, ces moments vécus donnent une belle saveur à
notre amitié.
– Trois filles bien particulières qui ont chacune une place importante dans mon cœur :
un ange gardien, un binôme et une sœur. Je les ai rencontrées puis ensemble on a
progressé, on a grandi, on s’est lancé des défis, on a avancé dans nos vies. C’étaient
des coups de cœur, des filles qui au-delà de partager ma passion partagent aussi mes
valeurs. L’une avec qui nos ressemblances sont si grandes que l’on se demande
comment il est possible de ne pas s’être connues avant. Du stress et de l’organisation
de nos vies quotidiennes à notre manque de confiance, nos peurs, nos doutes et nos
larmes concernant nos entrainements. Pourtant, des petites guerrières qui ont bien
du courage et se soutiennent dans bien des épreuves qu’elles sont fières d’avoir
traversé. Une autre que je considère comme un vrai binôme qui regrette, je crois,
parfois d’être ma partenaire. Elle m’a trainée sur mes premiers top 10. On a couru
ensemble dans la joie et la bonne humeur, avec quelques encouragements virulents
pour monter sur la 2ème marche d’un podium en duo. On s’apprête à partager une
course en relais et elle accepte de faire la vraie compétition avec moi et même si cela
signifie qu’elle se fait un peu crier dessus, on donne tout ça ne se discute pas. Bref,
quand elle le peut, elle est là et accepte de revenir même quand je lui hurle dessus
parce qu’elle a oublié ma compote. Et en plus elle est toujours de bons conseils. La
dernière est un petit ange gardien présente depuis peu dans ma vie mais aux côtés de
qui je n’ai jamais autant grandi sportivement et personnellement.

Bien sûr, que je n’ai pas parlé d’un tas de personnes que j’ai rencontrées grâce au trail et qui
m’ont fait avancer sur le chemin du sport ou de la vie.
Il y a cette fille, remplie d’émotions que j’ai rencontré lors d’une rare sortie route en groupe
que j’ai pu faire. Une fille touchante qui partage aujourd’hui sa vie avec un petit mec tout aussi
touchant. Ce mec qui vient sur une course pour voir tout le monde mais qui termine par aider
ta mère et Flo à faire tes ravitos en te hurlant dessus que tu dois courir. Puis, il y aussi toutes
ces personnes avec qui je suis partie pour faire la Saintélyon et qui ont alors partagé des
moments bien importants de ma petite vie de traileuse. Il y a ceux qui ont partagé mes
premières courses, et ceux qui ont partagé mes premiers runs.
Je m’excuse d’avance car je sais qu’ici je n’ai pas parlé de tout le monde, bien loin de là mais
en fait, je voulais te montrer que le trail, le sport à changer ma petite vie intérieure mais il m’a
aussi permis de m’ouvrir à un autre monde.
Enfin voilà, encore une preuve que le sport porte la solidarité mais il va aussi te permettre un
certain épanouissement. Il te permet en apprenant à te connaître, de t’ouvrir au monde. Alors,
lances-toi et n’hésites pas à te joindre à des groupes, à échanger un mot avec la personne à
côté de toi en course, à poser une question à un autre passionné.

Coup de cœur n°7
La fille au vélo

Si je te parle de rencontre, d’ouverture au monde etc… Ce n’est pas pour rien, en fait c’est
mon coup de cœur qui m’a donné cette idée d’écrire sur les rencontres. Laisse-moi te raconter
une petite histoire.
Par un beau jour de juin, accompagnée d’Ana (c’est mon amie avec qui je dévore les goûters
et les barres caramel macchiato), nous partons pour une sortie vélo sur notre belle Route des
Vins Alsaciennes en finissant par l’assaut du Château du Haut-Koenigsbourg. À cet endroit,
une pause s’impose. Je te laisse deviner, c’était l’heure du goûter. On pose nos vélos, on part
chercher nos petites boissons récompenses sportives (le coca pour moi, l’orangina pour elle).
Puis, on se pose sur des rochers par très loin de nos vélos. Près de nous, nous avions repéré
un couple qui nous supposions faisait un trek à vélo car ils étaient chargés. Je me souviens
avoir dit à Ana « je suis certaine qu’elle fait du trail, elle a les mêmes baskets et chaussettes
que moi ». La fille s’approche et demande à Ana si elle peut prendre son vélo en photo. Non
ce n’est pas bizarre (je te vois la juger derrière ton écran), c’est juste que son vélo est vraiment
trop beau. Ana approuve mais nous ne pensons même pas à lui demander ce qu’ils sont en
train de faire car ils sont sur le point de repartir alors nous leur souhaitons simplement bonne
route.
Jusqu’ici, tu me diras, l’histoire est plutôt anodine.
Quelques jours ou semaines plus tard, le podcast de Course Épique concernant mon Ultra Trail
des Païens sort et avec cela plusieurs publications qui en fait la promotion sur instagram. Je
regarde un peu les commentaires et je tombe sur l’un qui m’interpelle. Celui d’Anaïs Duval qui
dit que mon histoire ressemble beaucoup à la sienne et qu’elle a adoré écouter l’épisode. Je
me dis que je vais lui répondre mais avant ça je vais voir un peu son profil car son histoire
m’intéresse et j’ai envie de la découvrir. Et là ? Vous savez qui est Anaïs Duval ? Eh oui, c’est
la fille qui a pris le vélo d’Ana en photo.
Une rencontre totalement hasardeuse, des chemins pourtant très similaires, une vision
commune de notre sport et nous voilà des mois plus tard à passer deux heures en visio comme
des vieilles copines à échanger sur nos saisons dernières, notre relation avec le trail et tout ça
et tout ça.
Tu l’auras deviné aujourd’hui je vais te parler d’Anaïs Duval.
Anaïs aime le trail, le vélo, la montagne et la nature. Son premier plaisir c’est courir pour se
sentir libre, courir pour les paysages, courir pour le bruit de la nature et le chant des oiseaux.
Elle aime courir, elle prend du plaisir à courir. Pourtant, Anaïs n’a pas toujours couru. Elle
commence la course en 2018, se met vraiment à l’athlétisme en 2019 et sérieusement à la

préparation de trail en 2020. Depuis, c’est un beau palmarès qu’elle nous présente : vice-
championne de Bretagne de Trail court en 2022 (oui pardon, je ne t’ai pas dit, elle est

bretonne), 3ème sur l’intégrale des Causses (65km du Trail des Templiers) en 2022 puis en 2023

juste avant notre rencontre elle fait une jolie première place au trail du Val d’Argent à Sainte-
Marie-Aux-Mines et en fin d’année 2023 un beau podium au Menestrail.

Mais à vrai dire, très sincèrement, les chronos et les classements n’ont pas été notre sujet
principal. En fait, nous avons profité de cet appel pour discuter un peu à cœur ouvert et
surtout avec quelqu’un qui nous comprend. En raccrochant, je me suis presque dit que j’avais
passé 2 heures au téléphone avec moi-même.
Tu sais, je t’ai déjà parlé de la peur de ne plus jamais revivre la même chose et bien je suis
rassurée on est deux. Anaïs m’a décrit ses sensations qu’elle peut avoir sur les sentiers, ce
flow que l’on ressent quand on réussit sa course, l’impression que l’on est seule sur les
sentiers. Ces trucs que l’on vit rarement mais où l’on ne pense qu’à ses muscles, son corps, les
ravitos, juste courir avec un énorme sourire. Ce sourire qui vient seul et qu’on ne peut enlever
tant tout est merveilleux. Des courses presque parfaites où l’on peut se sentir forte avec une
impression de liberté immense. Toutes ses sensations, sur lesquelles nous n’avons pas réussi
à mettre des mots mais que l’on a su s’expliquer.
Peur de ne plus revivre tout ça mais aussi une grosse pression. Une pression que l’on se met
à nous-mêmes. Simplement, il faut assumer la saison d’avant, c’est différent une ligne de
départ maintenant. Alors, Anaïs me dit que souvent très souvent et même si c’est plus facile
à dire qu’à faire, elle se souvient des débuts, elle se rappelle que ce qu’elle fait c’est pour elle,
elle se répète qu’elle ne doit jamais oublier que ce qu’elle aime c’est courir et juste courir.
Aussi, on a longuement échangé sur nos proches, la place importante qu’ils ont et cette fierté
de les rendre fiers.
Anaïs a pris un peu de temps pour m’expliquer qu’elle sera présente au Trail de Guerlédan
(65km) cette année car elle a abandonné à sa dernière participation. Terminer ce trail pour
passer à autre chose. Ce trail lui rappelle la frustration d’une belle préparation mais d’une
course ratée mais aussi des souvenirs mémorables grâce à sa place dans l’équipe bretonne
pour le match interceltique. En fait, elle était inscrite sur le 65km mais elle n’a pas su faire de
choix alors étant pris dans l’équipe bretonne elle décide aussi d’accepter de courir pour eux
le 24km la veille. Comme elle fait toujours les choses à fond, elle a très bien couru. Mais n’a
mis aucune chance de son côté pour bien récupérer. Elle se présente alors sur la ligne de
départ du 65km totalement courbaturée, épuisée et vide. Elle comprend vite que c’est
impossible de finir, elle pleure beaucoup mais se promet de courir au moins un marathon et
abandonne alors au 42ème kilomètre. Anaïs soit certaine que cette année, je suivrai de près ta
course et je sais de quoi tu es capable sur ce VRAI trail breton !
Elle sera également présente sur le 80km du Trail des Templiers, de quoi aller affronter des
« vraies traileuses » comme on se le disait entre nous et surtout d’aller faire une belle course
sans pression pour revivre l’aventure comme au commencement.
Puis, le petit projet que l’on adore juste pour les boulangeries : la traversée du Jura à vélo !
C’était une courte présentation d’une grande traileuse bretonne pleine de joie de vivre,
remplie de passion, prête à se nourrir d’aventures, passionnée de montagne et de partage. Et
puis, normalement, nous aurons la joie de nous rencontrer à la Maxi Race alors on n’hésitera
pas à te partager nos good vibes et nos grands sourires à ce moment-là.
Tiens, il me vient une idée, un jour peut-être à pied ou en vélo, on pourrait essayer de se
retrouver au milieu de nos lieux d’habitation. Bon, je ne lui en ai pas encore parlé mais
sûrement qu’elle va adorer.

Coup de Cœur #7.1

8 mars – La journée internationale des droits des femmes

Le 8 mars, en ce jour particulier, j’étais en vacances à Évian-les-Bains et la ville organisait une
conférence autour de la pratique sportive féminine. Une table ronde était organisée
concernant le sujet des cycles menstruels dans le sport. Les recherches sont complexes et bien
rares, le débat est vaste et je ne peux pas résumer tout ce qui s’est dit en quelques lignes.
C’est un sujet intéressant, j’espère et je crois au fait que des recherches vont voir le jour autour
de tout ça car la parole se libère peu à peu. Simplement, je souhaite te partager quelques
sources à ce propos et n’hésite pas à en parler autour de toi car tu découvriras que tu n’es pas
la seule à te rendre compte de bien des choses quand tu fais le lien entre tes règles et tes
entrainements.
– Compte instagram : Empower her de Juliana Antero à
https://www.instagram.com/fempower_sportives/
– Conférence « Le sport au féminin : spécificités du cycle menstruel dans
l’entrainement » : https://www.youtube.com/watch?v=CKFReRUrS0Q
– Conférence « Le sport au féminin : le cycle menstruel, un atout pour la
performance ? » : https://www.youtube.com/watch?v=2c1RY3E52e8

Coup de Cœur #7.2
Quand on aime, on ne compte…

D’accord, j’abuse un peu sur les coups de cœur mais il faut absolument que tu ailles voir ce
reportage, court-métrage, film, documentaire enfin appelle le comme tu voudras. Stéphanie
Case, athlète the North Face et fondatrice de Free to Run, se bat pour la place de la femme
dans le monde du trail, de l’ultra et de la montagne. Mais au-delà de ça, elle se bat pour que
toutes les femmes du monde entier aient accès au droit de faire du sport. Dans ce film, tu
découvriras en parallèle sa préparation et sa participation au Tor des Glaciers 2021 et sa
gestion et son engagement auprès de femmes afghanes au moment de la prise de pouvoir des
talibans. Un film plein d’engagement, de valeurs, de solidarité, de partage et de femmes tout
ce qui m’a rappelé pourquoi je m’étais engagé à mon petit niveau auprès de Raid2vous. Un
film plein d’émotions, de passion qui donne envie de se battre, d’arrêter de se plaindre et
d’avancer. N’oublions pas la chance que nous avons de pouvoir le faire alors encore une fois
ose le faire, lances-toi et fais-le pour toi, pour elles, pour nous. C’était le petit mot féministe
qui est nécessaire de temps en temps.
Film : Free to Run – The North Face à https://www.youtube.com/watch?v=94LezdhOB10

Tif Prinz.
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💚 // CHRONIQUE 6 ET COUP DE CŒUR D’UNE TRAILEUSE PASSIONNÉE🏃‍♀️🏃‍♀️

💚// Chronique n°6
La face cachée

Je recommence à écrire ce texte pour la millième fois, ce n’est vraiment pas facile de poser
des mots sur tout ça. Ici, je prends mon courage à deux mains plutôt que de prendre mes
jambes à mon cou et je me mets à nu pour te raconter ce qui se cache derrière mon large
sourire, tout au fond de mes baskets.
Ça fait quelques temps que je te dis que j’entretiens une relation particulière avec le trail, la
nature et la montagne. Je te dis qu’on est un peu comme un couple, que ça s’apparente à de
l’amour mais peut-être qu’en fait c’est de la reconnaissance.

« Aujourd’hui je le sais, j’en dois une belle au trail »

Je sais plus trop si je l’ai déjà raconté ou pas, je vais peut-être radoter, au pire tu sauteras ce
passage. J’ai commencé à courir en 2019 parce que je pouvais vraiment plus me voir dans un
miroir, je savais plus comment m’habiller, mon corps et moi c’était la 3ème Guerre Mondiale.
Je ne vais pas te dire qu’aujourd’hui on s’accorde à merveilles mais c’est un autre sujet, en
tout cas, on arrive à cohabiter et à se respecter mutuellement c’est déjà ça. Bref, je commence
à courir et pour faire rapide j’aime vraiment ça petit à petit. Finalement, je me sens de mieux
en mieux, je trouve un équilibre dans ma vie entre le boulot, le sport, l’alimentation, les
sorties, les amis et la famille. J’ai un peu la vie de rêve. J’ai comme on l’entend souvent : TOUT
POUR ÊTRE HEUREUSE.
Mais, il y a 2 ans à peu près, malgré ce « tout pour être heureuse », j’étais désespérément
malheureuse. Tu vas te dire et tu as le droit car je me le suis dit moi-même : elle est barge la
fille, elle perd le poids qu’elle veut, elle a des amis au top et une famille en or, elle fait un
métier qu’elle aime et elle se plaint, elle pleure, elle râle, elle est triste. En fait, elle a un
problème, elle cherche un truc pour aller mal. Je me suis dit ça pendant longtemps, je me suis
convaincue moi-même que j’étais simplement folle, que je devais me bouger un peu au lieu
de rester enfermer dans ma tristesse, que c’est bon y a mille fois pire sur Terre.
Enfin bon, comme je suis là à t’écrire ma vie, autant te dire toute la vérité. J’étais absolument
devenue une personne vide d’émotions, ce que les autres pouvaient ressentir ça m’était bien
égal et je n’avais vraiment aucune pitié sur ce que je disais et la façon dont je le disais. En fait,
soyons honnête, j’étais horrible avec mes proches. Oui, encore plus horrible que sur les
ravitaillements, allez on a le droit de rire quand même. Il m’arrivait d’avoir des moments de
crises de panique où j’hurlais parce que je craignais de ne pas réussir à tout faire dans une
journée ou bien parce qu’il fallait ajouter un imprévu à mon programme. C’est simple, soit je
pleurais, soit je criais, soit j’étais beaucoup trop heureuse mais dans tous les cas je devais
absolument tout contrôler et il ne devait y avoir aucune place pour l’inattendu. Quand je te
dis que j’étais trop heureuse, c’étaient vraiment des moments de folie, un sentiment où tu es
capable de faire en 24h ce que certains font en 1 semaine, genre tu es au-dessus de tout, forte
et intouchable, ce que tu fais, tu le réussis.
J’ai mis un peu de temps, un temps qui devait paraître interminablement long pour ceux qui
partageaient mon quotidien, mais je m’en suis rendue compte et j’ai décidé de me faire aider.

Je suis allée voir mon médecin traitant, j’ai tout raconté en lui disant : « Pour moi, c’est vivable,
je ne gère pas vraiment mes émotions mais franchement je m’y fais. Je me rends bien compte
que c’est dans les extrêmes, je vais très mal mais ce n’est pas bien grave puisqu’après je vais
aller très bien. En revanche, il faut que vous m’aidiez parce que je ne supporte plus de rendre
malheureux les gens qui m’entourent, me soutiennent et m’aiment. »
Bon, on a fait plein de recherches, on a essayé plein de solutions, on a fouillé un peu dans mon
passé de meuf un peu dépressive, toujours stressée, beaucoup trop angoissée en se rendant
compte que les petites déprimes étaient plutôt fréquentes, pas bien longues et fréquemment
suivies de moments où tout étaient merveilleux. Je te dis tout ça en accéléré pour arriver au
fait qu’un beau matin, après m’être rendue chez un psychiatre tout en me demandant ce que
je foutais là, on m’a dit : voilà, madame, vous êtes cyclothymique.
La cyclothymie c’est une forme de bipolarité. Une alternance de phase maniaque (forte
euphorie) et de phase dépressive (grosse baisse de l’humeur). Un trouble de l’humeur qui
présente des phases plus courtes et moins intenses que la bipolarité.
Face au diagnostic, j’ai eu deux réactions : au moins je sais que je ne suis pas folle j’ai vraiment
un truc qui ne va pas, une forme de soulagement et d’un autre côté je me disais super alors

on va dire que tout vient de là, c’est bon je suis casée. Après, je me suis calmée, j’ai pris rendez-
vous chez une psychiatre pas loin de chez moi. Quand j’y suis allée, elle m’a dit que je devais

prendre des médicaments. Bien sûr, je vais prendre un traitement qui va changer ma vie
comme par miracle. J’ai longtemps refusé, tout en allant la voir régulièrement puis je me suis
bien rendu compte que c’était réellement invivable pour mon entourage alors j’ai commencé
un traitement de régulateur d’humeur. Rapidement, mes humeurs se sont régulées et je me
sentais bien plus apaisée.
MAIS… je suis absolument certaine aujourd’hui après plusieurs mois, plusieurs étapes de vie
passées, du recul et l’arrêt de mon traitement, que les médicaments n’ont pas tout fait.
D’abord, j’ai dû accepter la présence de ce truc et vivre avec ça mais il était hors de question
que la cyclothymie guide ma vie. Et pour se faire, je me suis très souvent réfugiée dans le
sport. En fait, le trail c’est un peu comme cette maladie, tu es tout en haut puis tu redescends
tout en bas, tu vis des extrêmes dans un temps très courts. A partir de ce moment-là, j’ai pris
énormément de plaisir à courir seule.
Je suis vraiment désolée si cet écrit part un peu dans tous les sens mais c’est plutôt compliqué
de t’expliquer tout ce qu’il s’est passé. J’espère que tu comprendras ce que je veux te dire et
que tu ne me tiendras pas rigueur de cette pagaille.
Alors, je te disais que courir seule était vraiment devenu un plaisir et même au-delà c’était un
besoin. Là où avant j’avais besoin d’être accompagnée, maintenant j’ai davantage le besoin et
l’envie de me retrouver seule. Des moments de footing, des sorties longues ou d’intensité en
solitaire m’ont permis de me retrouver face à moi-même, je devais me confronter à moi et
mes émotions. En fait, il n’y avait plus personne à côté de moi sur qui je pouvais crier ou à qui
je pouvais en vouloir. J’étais l’unique personne qui devait apprendre à gérer tout ce que je
pensais et je ressentais. J’ai fait couler des milliers de larmes, j’ai laissé des millions de sourire

et aujourd’hui je porte une tonne de fierté d’avoir pu me battre contre moi-même avec moi-
même.

Quand j’allais mal, j’enfilais mes baskets pour me défouler, sortir ma haine, éliminer ma
tristesse, faire entrer les endorphines pour me sentir mieux.
Quand j’allais bien, j’enfilais mes baskets pour prendre un maximum de plaisir.
Oui, le trail m’a un peu sauvé ! Il a été là dans le pire et dans le meilleur, il a su m’accompagner
et me soutenir tout en me montrant que j’étais la personne centrale, que tout dépendait de
moi et que c’était à moi d’agir.
Simplement, quand on me demande ce que le trail et le sport m’apporte dans ma vie ? Dans
mon quotidien ? Je n’ai aucune hésitation à répondre : un équilibre.
Le trail m’a permis de me découvrir au plus profond, d’apprendre à me connaître par cœur
alors que j’étais une inconnue, de gérer mes émotions là où je pouvais totalement exploser.
Le trail a été m’a bouée de secours autant que tes semelles orthopédiques ont soigné ta
périostite, pour l’humour et la comparaison. Et je te parle de trail, et pas de course à pied,
parce que le fait de me retrouver en nature a contribué à ça. Dans la nature on se sent hostile
mais on doit pourtant se débrouiller seule et par soi-même.
Encore une fois, ne m’en veux pas mais je pose mes idées comme ça, comme elles me viennent
en tête. Je n’arrive pas à écrire ce texte différemment parce qu’en pensant à ça, beaucoup
trop de choses me viennent à l’esprit.
Parfois pendant une course, surtout quand elle est longue, je peux avoir un coup de moins
bien alors je m’accroche à tout ça en me disant que j’ai vécu bien pire qu’un coup de mou sur
un trail qui pourra se régler avec un simple verre de coca et ça passera. Souvent ce que tu vis
dans ta vie quotidienne peut t’aider à tenir sur une course, en tout cas penses-y la prochaine
fois ! On dit régulièrement que l’on a tous une raison de courir, je crois que quand on dit ça
on parle exactement ce que je viens de t’évoquer. Mais du coup, l’inverse est vrai aussi. Tu
vois, parfois j’ai des moments un peu down (comme tout le monde) alors je me rappelle ce
dont j’ai été capable dans le sport et je me dis que si j’ai pu faire 110km, je vais bien réussir à
passer ce moment un peu difficile.
Il y a très peu de temps, j’ai arrêté mon traitement, je crains de revivre tout ça mais en même
temps je sais que je suis capable le gérer, de le prévenir. J’ai peur dans chaque sas de départ
et pourtant tout se passe relativement bien en général. Alors, j’ai décidé qu’à partir de
maintenant, chaque matin sera une nouvelle course dont je prends le départ avec une petite
appréhension mais toujours pour y vivre des moments plus beaux les uns que les autres et y
ressentir des choses exceptionnelles le sourire aux lèvres. C’est comme ça que j’avance sur les
sentiers alors autant l’appliquer à ma vie aussi.
Attention, ici je ne te dis pas que c’est parce que des fois tu vas mal puis tu vas bien que tu es
bipolaire. Je ne me livre pas à toi pour me plaindre ou pour embellir mon histoire. En fait, je
me disais juste que partager ça, ça pourrait normaliser les mal-être psy ou encore motiver des
personnes à se mettre au sport dans des moments difficiles. Je veux juste te partager une
partie de mon histoire pour rendre la chose plus accessible, te montrer que tu n’es pas seule,
que tu puisse discuter de ça avec un(e) ami(e) qui se trouve dans une situation compliquée
par exemple.

Quand j’ai dit à ma psy que j’avais peur de tout arrêter, elle m’a répondu : « Vous n’avez rien
à craindre car vous faites tout pour aller bien : du sport, une alimentation équilibrée, une vie
avec des horaires stables ».
PS : tu remarqueras que ma pratique du sport peut paraître tout autant extrême que les
phases de ma maladie. C’est un sujet dont on a longtemps parlé avec la psy, nous avons conclu
que je fais réellement ça par plaisir car je me sens mieux dans ces longues distances. Mais
d’après elle, il doit malgré tout y avoir une corrélation entre les deux et je dois veiller à ne pas
aller trop dans l’extrême. Mais entre nous, je crois qu’elle et moi n’avons pas la même notion
d’extrême.
Du coup, pour cette fois, il n’y a pas vraiment de coup de cœur car je n’ai pas trouvé d’athlète
à présenter dans ce même sujet. C’est un sujet encore tabou, je n’ai pas voulu aller chercher
dans l’intimité de ceux qui m’entourent. Mais ce que je te propose, c’est de te partager des
écrits sur la bipolarité et le sport puis si tu as des questions n’hésite pas à venir vers moi, je
n’ai pas peur de parler de ça.
Des guides, des explications :

– https://hub.vidal.fr/files/uploads/resources/pap_brochure-troubles-
bipolaires_200218.pdf

– https://drive.google.com/file/d/1c5HPzeoECcQ_UN4-
MhxIh_ob7uCWBkax/view?FIRSTNAME=tiffany&email=tiffany.prinz%40outlook.fr
– https://journalmamater.fr/2020/03/06/la-bipolarite-dans-le-sport/
– https://www.lebipolaire.com/lhygiene-de-vie-contrer-bipolarite/
– https://www.youtube.com/watch?v=veq7wta4pPU
Des exemples et des témoignages :

– https://bipolaritefrance.com/olivier-galli-athlete-et-ambassadeur-de-bipolarite-
france

– https://www.nightline.fr/tete-la-premiere-emma-basket
– https://www.lalsace.fr/sport/2022/11/23/centlivre-l-homme-qui-se-soigne-a-velo

– https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230215-dennis-ombachi-le-sportif-bipolaire-qui-
sensibilise-aux-maladies-mentales

Aussi, ce qui est vrai pour un bipolaire est vrai pour tout le monde, ton hygiène de vie et le
sport ne pourra que te faire te sentir mieux en général.
Si j’ai osé te dire tout ça c’est parce que j’ai parcouru beaucoup de chemin et aussi parce que
lors de ma dernière sortie longue j’ai écouté l’épisode « Baptiste Chassagne – Quand la
fragilité devient une force » du podcast Extraterrien où Baptiste Chassagne ainsi que
Barthélémy Fendt se livrent eux même sur des parties qui pourraient rester bien cachées aux
yeux de tous mais qu’il semble important de dire pour faire avancer certaines choses.

Article Tif Prinz

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💚 // CHRONIQUE 5 ET COUP DE CŒUR D’UNE TRAILEUSE PASSIONNÉE🏃‍♀️🏃‍♀️

💚// Chronique n°5
Les questions de trop

Une saison 2023 de rêve, ça tu l’avais bien compris et me voilà aux pieds d’une nouvelle saison. Il y a maintenant un tout petit peu plus d’un mois que j’ai repris le chemin de l’entraînement. La blessure m’a fait couper la course un petit moment et m’a permis de remettre mon entraînement en question. Après quelques passages chez les docs et des moments en salle d’attente, c’est avec de nombreuses questions que j’avance vers la nouvelle saison. J’ai dû apprendre à faire autre chose que courir, je vais nager, je vais rouler, j’apprends à me forcer à faire du renforcement et des étirements, je remercie les spécialistes qui m’entourent de prendre du temps pour moi. En fait c’est un nouveau fonctionnement auquel j’ai simplement dû m’adapter.

Qu’est-ce que je te dis ? Simplement ? N’y crois pas à ça.
Avant de m’adapter, j’ai dû accepter. Avant d’accepter, j’ai dû comprendre. Avant de comprendre, je me suis détestée. Avant de me détester, j’en ai voulu à la Terre entière et j’ai été triste.
En l’écrivant et en le vivant, je me dis et je me suis dit des milliers de fois que je suis vraiment ridicule d’en faire tout un drame. Une blessure qui t’empêche de courir, il y a tellement plus grave dans la vie. Avant tu ne courrais pas, tu allais très bien, courir n’est pas une fin en soi. Je me disais, arrête d’être aussi bête ce n’est pas ton métier, tu n’es pas atteinte d’une maladie incurable, personne ne va mourir. Et j’avais beau me dire ça, rien à faire, ça ne changeait rien. Ce n’est plus un secret, aujourd’hui tu le sais que je suis bornée. Alors d’abord, j’avais mal, j’ai un peu serré les dents et j’ai continué. Je n’ai bien entendu rien dit à personne. Puis le jour où après quelques mètres de course j’ai pleuré de douleurs, je me suis dit qu’il était l’heure de s’arrêter et d’appeler son médecin. Pourquoi prendre le problème à temps quand on peut attendre le dernier moment, c’est tellement plus drôle comme ça. J’ai eu droit au « il faut faire une pause, voici une ordonnance pour une écho et des anti-inflammatoire ». Les anti- inflammatoires sont toujours encore dans l’armoire, en revanche j’avais vraiment mal alors j’y suis allée à l’écho. On soupçonnait une tendinite mais à l’écho on ne voit rien. On me dit que si j’ai réellement mal, et j’avais mal même en marchant, il faut que j’aille faire une irm. Je reste positive en me disant que l’irm ne montrera peut-être rien, que c’est peut-être juste la fin d’une grosse tendinite et que dans 1 semaine je peux repartir. Je sors de l’irm, dans ma voiture je regarde les résultats, autant dire que je ne comprends pas le chinois alors en même temps que j’envoie le compte rendu à ma kiné, je fais des recherches sur internet. Je te laisse imaginer que d’après internet, je ne pourrais plus jamais courir, en même temps ma kiné me répond de ne pas regarder sur internet. Trop tard… Syndrome fémoropatellaire de stade 2. En gros, j’ai une dégénérescence du cartilage du genou, un style d’arthrose.
J’ai 2 choix, je pleure toutes les larmes de mon corps en me disant que je ne pourrais plus jamais courir ou je fais tout pour pouvoir continuer. Comme je ne sais pas faire de choix, j’ai fait les 2. Je suis allée chez la kiné en pleurant et je l’écoute sans hésiter quand elle me dit de faire 2 fois par semaine ses exos que je déteste. J’ai détesté mon podologue quand il m’a fait comprendre que je ne pourrais pas courir comme ça jusqu’à la fin de ma vie mais je l’adore depuis que ces semelles me font courir sans douleur. Je suis allée chez la doc du sport, elle m’a dit d’aller nager 2 fois par semaine, je me suis dit qu’elle est complètement folle, je connais maintenant tous les maîtres-nageurs et je sais compter de 25 en 25 comme une pro. Enfin, tu vois je suis un peu passée par les mêmes étapes que dans un ultra finalement.

Et aujourd’hui, je crois les doigts et je touche du bois en l’écrivant, tout va bien, pas de douleurs en vue même si je sais qu’elles peuvent revenir de temps à autre.

Mais en vrai, tu sais de quoi j’avais peur ?
Je craignais d’avoir vécu une merveilleuse saison et de ne plus jamais pouvoir goûter à ça. Peur d’avoir tout gâcher, peur de ne pouvoir jamais démarrer une nouvelle saison, peur de ne pas être au départ des belles courses qui m’attendent en 2024. Et ce qui est assez dingue, c’est qu’aujourd’hui je sais que je vais pouvoir être aux départs de ses courses mais j’ai encore peur.

Je ne sais pas si c’est peur le mot juste mais je crois qu’il n’existe pas vraiment de mot pour définir ce que je ressens.
Je me suis adaptée mais est-ce que tout ce que j’ai changé dans mon entraînement va suffire, suffire pour pallier la douleur mais aussi suffire pour réussir ma saison, réussir comme je l’entends moi ?

Je me suis adaptée mais est-ce tous les changements effectués vont vraiment être bénéfique pour mes performances ?
Je me suis adaptée et je m’alignerai sur les lignes de départ mais est-ce qu’après une fin de saison un peu compliquée je ne mets pas la barre trop haute ? Est-ce que je n’en attends pas un peu trop de moi ?

Quand je me pose ces questions, j’ai peur.
Puis je me dis, mais tu es ridicule, ce n’est que du sport, un loisir, un plaisir. Ici se trouve la limite. La limite entre la performance et le plaisir. Je refuse absolument que la course devienne une corvée, une obligation que je m’impose pour performer et ne pas décevoir. Dans ces moments-là, je me rappelle les raisons pour lesquelles je cours, mes débuts en trail, mes premières courses et mon sourire sur les sentiers. La discipline et la rigueur c’est beau, l’exigence ça permet d’avancer mais parfois ça te pousse un peu loin dans tes retranchements. Tu l’as compris, je suis assez douée pour me mettre la pression toute seule comme une grande.
Alors, en 2024, j’ai de belles courses de prévues mais je me fixe quelques objectifs (au-delà d’arrêter l’alcool jusqu’à la CCC, ce qui est à vrai dire un plus gros objectif que la CCC en elle- même) :
– être fière de moi quel que soit le résultat d’une course car j’aurai donné le meilleur de moi dans tous les cas.
– aller sur les lignes de départ en sachant de quoi je suis capable mais en gardant toujours en tête que je ne suis pas maître de tout et que terminer est déjà beau.
– me soucier de moi et uniquement de mes sensations.
– me rappeler pourquoi je cours.

En gros, je veux te dire ici qu’en fait une guerrière ça peut craquer de temps en temps. Mais quand tu craques, souviens toi d’où tu viens et n’oublie pas où tu veux aller ! J’ai envie de te dire « Aie confiance en toi ! » mais tous ceux qui me connaissent vraiment bien savent que je suis très mal placé pour le dire où alors je peux y ajouter « Fais ce que je dis mais ne fais pas ce que je fais ».

Je n’ai pas écrit grand-chose, en tout cas moins que les dernières fois mais ce sont les quelques pensées qui me traversent l’esprit ces derniers jours, juste avant de prendre le départ de la première course de la saison. Et cette fois-ci, je laisse plus de places à d’autres nanas qui ont- elles aussi beaucoup à nous dire alors direction le coup de cœur.

Coupe de cœur n°5
Donner la vie avec passion

La grossesse et le sport sont des sujets qui me touchent particulièrement. Je ne suis pourtant ni mère ni enceinte. Mais, il arrive de temps en temps qu’on me demande comment je ferai le jour où j’aurai envie d’un enfant. Généralement, je réponds que je n’y pense pas pour le moment, que je verrais si un jour la question se pose ou alors je réponds tout simplement : « Bien si je le décide alors j’aurai un enfant ! » et à ça on me répond : « Alors tu feras quoi du trail ? ». D’abord je me dis « ils ont raison, c’est mort jamais de la vie j’arrête le sport pour un môme » puis je me dis que je suis une personne immonde puis finalement je pense que si je le veux, je serai forcément bien moins égoïste et alors prête à m’adapter et faire des sacrifices. Mais, à aucun moment je n’imagine un jour arrêter le sport pour cette raison. Quand j’ose parler de ça à mon entourage, j’entends dans une grande majorité des cas : ce n’est pas possible, tu serais inconsciente, tu es complétement folle. J’espère grâce à ces quelques lignes pouvoir rassurer, réconforter et informer quelques personnes.

Anne-Lise Rousset, Manon Genet, Bénédicte Perron, Floriane Hot, et j’en passe, ont des points communs. Elles sont athlètes et maman ou future maman. Mais surtout, elles ont pratiqué ou pratique le sport durant leur grossesse.
Alors, je ne vais pas retracer l’histoire de ces athlètes que tu pourras trouver très facilement par toi-même. Je préfère ici, relayer les témoignages de femmes sportives de mon entourage qui ont vécu ou vivent une grossesse.

Anne, Elodie, Fanny et Delphine ont répondu à mes quelques questions. Je les remercie d’ailleurs d’accepter de se livrer et d’avoir pris le temps de le faire. Des questions simples que je me pose quand je pense au fait qu’un jour j’aurai peut-être envie d’être mère sans sacrifier totalement ma passion.

Toutes les quatre pratiquent le sport durant des heures et des heures par semaine, des sports variés (natation, trail, vélo de route, VTT, randonnée, ski etc.) et ont toutes un métier à côté de cette pratique.
Anne, Elodie et Fanny ont un peu de recul sur leur grossesse quant à Delphine, elle, est actuellement enceinte.

Il faut aussi savoir que ces femmes ont vécu des grossesses à des « époques » différentes.

– Avant d’être enceinte, quand le projet d’avoir un bébé s’est construit as-tu pensé au sport ? Est-ce qu’un moment tu as pu voir ta passion comme un frein à ce projet ?

Anne : Non pas du tout, j’ai toujours été passionnée de sport mais jamais cela n’a été un frein ou un sujet de discussion quant au fait d’avoir un enfant.
J’ai bien pris le temps de choisir une poussette avec laquelle je pourrais facilement aller courir et un porte bébé pour aller marcher !

Elodie : Avant mes 30 ans, l’envie d’avoir un enfant ne m’avait pas effleuré l’esprit. Ma principale préoccupation était d’allier la course à pied à mon planning d’infirmière. Et effectivement, une fois qu’est apparue cette idée de construire une famille j’ai plusieurs fois

douté… Je n’avais pas « peur » de ne plus courir comme avant je n’avais JUSTE pas envie d’arrêter de courir !!!

Fanny : Non pas vraiment. Forcément dans l’entourage on côtoie des femmes sportives enceintes. Donc inconsciemment on se dit que le quotidien sportif ne va pas forcément être impacté les premiers mois. Personnellement j’avais déjà fait beaucoup sur le plan sportif. Avoir un enfant était un projet important et la suite logique de ma vie de femme. Je n’avais aucun mal à mettre ma passion en second plan, car je savais que j’allais pouvoir à nouveau combiner les deux le moment venu.

Delphine : Oui clairement car le sport fait pleinement partie de ma vie, c’est une de mes plus grandes sources de plaisir. J’ai des échos tellement divers de femmes sportives comme moi et certaines n’ont pas pu courir de toute leur grossesse (chutes de tension, grossesse à risque obligeant l’alitement…) alors j’espérais de tout cœur pouvoir continuer à faire du sport.

Alors non, pas un frein mais il fallait bien déterminer malgré tout un beau dernier objectif (maratrail des passerelles de Monteynard en Juillet 2023 pour ma part) et mettre en pause les « grosses » performances au cas où je tombais enceinte rapidement… et je suis vite tombée enceinte ! J’ai de la chance car j’ai pu faire un dernier trail en septembre en me disant que ce serait le dernier vu le manque d’énergie incroyable. Sans être un frein, le projet de grossesse nécessite juste d’adapter ses prochains objectifs (au cas où). Je pense que c’est plus compliqué quand tu peines à tomber enceinte parce que le projet devient obsédant et il est difficile de te projeter dans le temps, de définir des objectifs… et on avance beaucoup mieux avec des objectifs distincts (je trouve).

– Vers quel professionnel t’es-tu tourné pour aborder le sujet ? Comment a-t-il réagi ? Y a-t-il eu des suivis plus particuliers lié à ta pratique sportive ?

Anne : Mon gynécologue m’a toujours dit que je pouvais tout faire (j’ai skié au premier trimestre, randonné, fait du vélo, de la natation, du renfo etc…) et que si je devais faire une fausse couche c’est que c’était naturel et spontané car « l’œuf » n’était pas viable. 0 pression.

Elodie : J’ai rencontré des difficultés à tomber enceinte. Je savais déjà avant même d’essayer que le chemin serait long jusqu’au « sommet ». J’ai d’abord été suivi au CMCO (Centre Medico Chirurgical Obstétrical), là-bas on a rapidement estimé que ma pratique sportive était l’un des obstacles à ma fertilité. Heureusement j’ai trouvé une gynécologue privée spécialisée dans l’infertilité et celle-ci a su me comprendre et adapter sa prise en charge en fonction de mes soucis physiques, moraux et besoins sportifs. Il ne faut pas hésiter à consulter différents professionnels et trouver celui qui humainement nous convienne.

Fanny : Je n’ai pas vu de professionnel spécifique mis à part le gynéco. J’étais déjà au clair que j’allais lever le pied, et lui m’a encouragée à continuer une pratique sportive seine, sans excès.

Delphine : Je me suis tournée vers une sage-femme sans hésitation. J’ai la chance d’avoir fait une formation avec La Clinique du Coureur (en tant que kiné) qui parle grossesse et course à pied donc je savais que je pouvais continuer à courir et on te dit que tu peux continuer, qu’il faut par contre écouter tes sensations. Parfois ça peut être un peu flou comme notion, mais il faut se faire confiance. Elle a très bien réagi en me disant de simplement écouter les signaux que m’envoient mon corps et de diminuer les intensités (de toute façon, vu le manque d’énergie dans l’effort par rapport à d’habitude, tu n’as pas trop le choix). Ma médecin et ma sage- femme insistaient à juste titre, sur le fait que ça n’était pas une maladie et qu’à ce titre, les habitudes devaient restées les mêmes, simplement, avec toujours un peu moins d’intensité dans l’effort.

– Je suppose que ta pratique sportive a changé, alors quels ont été les changements dans la pratique? En fonction du temps et de l’évolution de la grossesse ?

Anne : Vraiment au feeling, sans me poser de question. Je n’avais pas de pratique compétitive à l’époque, donc je faisais comme j’avais envie. Pas mal de natation en fait, et beaucoup de repos aussi, car quand tu es PE (professeur des écoles) avec un double niveau et enceinte… les journées sont longues.

Elodie : A 1 mois de grossesse j’ai failli perdre mon bébé. Du coup, mes projets d’entraînements de course à pied sont tombés à l’eau plus vite que prévu ! J’ai eu très peur et cela fut un électrochoc ! J’ai dû arrêter de courir et de travailler. Après quelques semaines de stabilisations, j’ai pu reprendre de la marche rapide, randonnée, vélo d’appartement, natation… je me suis fixée progressivement de nouveaux objectifs : 10000 pas par jour, 5x2km de natation par semaine etc.

Fanny : Forcément cela a changé. Moins d’entraînements et surtout moins spécifiques, puisque les objectifs n’étaient plus les mêmes. Ici c’était de maintenir une forme physique et un bien être de pouvoir se dépenser. En fonction de l’évolution de la grossesse j’ai adapté les activités. Parfois beaucoup de fatigue se faisait ressentir, donc j’adaptais la fréquence des activités. Et plus la grossesse avançait, moins je courais, mais plus je faisais du vélo (route ou VTT à la sensation et à l’envie).

Delphine : Je me répète mais à part l’intensité de mes efforts que j’ai dû revoir à la baisse, j’ai continué les mêmes sports mais sans contact et sans compétition. Un peu moins de course à pied qu’en temps normal, toujours autant de vélo (mais plus d’appartement pour éviter les chutes bêtes), de la natation et du renfo adapté (j’évite le renfo ventral bien qu’en yoga je m’autorise encore à me mettre sur le ventre).

Dans le cas de la course à pied, parfois ça me tire davantage au niveau du bas ventre et ça pousse sur le périnée donc il m’arrive de marcher ou d’alterner marche et course.
Mon sport était quasi journalier avant la grossesse et c’est toujours le cas aujourd’hui à près de 6mois et 1/2 de grossesse. Mais je fais de moins en moins de fractionné en course et de moins grosses distances pour épargner mon périnée (sur lequel je suis concentrée +++ quand je cours).

– D’après toi, qu’est-ce que le sport t’a apporté durant ta grossesse ?

Anne : Le sport t’apporte les mêmes bienfaits que quand tu n’es pas enceinte, détente physique et mentale, bonne fatigue, meilleur sommeil et peut être que le fait de nager te fait te sentir dans ton élément (baleine).
Ça permet de rester en forme aussi, de limiter la perte de masse musculaire et le gain de masse graisseuse !

Et aussi de préparer à l’accouchement pour être en forme après aussi, car ça c’est un sacré marathon !

Elodie : Avant, pendant, après la grossesse le sport est mon échappatoire, mon antidépresseur. Enceinte, j’ai apprécié me sentir toujours « accompagnée », en rando, dans l’eau… Je me sentais connectée davantage à mon bébé. Le sport m’a permis de ne pas prendre beaucoup de poids, de prendre soins de mon corps (et de ma tête) et de bouger chaque jour avec des objectifs accessibles, même parfois ambitieux !

Fanny : Le sport m’a apporté ce sentiment de continuité dans l’activité, de ne pas devoir « stopper » une passion, un besoin, pour un projet d’avoir un enfant. Car les deux, sans contre- indication médicale, peuvent très bien se combiner, et justement, apportent une stabilité à tout niveau (psychologique, au niveau du corps).

Delphine : Il m’apporte tellement de bien-être et d’endorphines !! J’ai parfois l’impression d’être sous cortisone tellement je me sens en forme ! Et à l’inverse, les jours sans sport, je suis toute amorphe, toute fatiguée et molle du genou… Les étirements et le yoga aussi sont hyper salvateurs ! J’arrive encore à faire sauter des blocages au niveau du dos, c’est un régal ! Quand je n’arriverai plus à le faire moi-même, j’irai chez l’ostéo, mais en attendant c’est parfait.

Et il ne faut pas négliger aussi l’aspect social : entourée des personnes avec qui j’aime pratiquer (la course essentiellement) je vis encore mieux cette grossesse et je ne me sens pas exclue, j’adapte juste mes séances auprès d’eux.

– Comment ton entourage, les personnes que tu as croisées ou avec qui tu as échangé ont réagi lorsque tu leur évoqué la pratique sportive pendant ta grossesse ?

Anne : Ah bah comme d’habitude, tu as ceux qui disent que c’est dangereux, que tu risques la fausse couche et ceux qui gentiment ferment leur bouche.
Mais comme je te le disais déjà, il n’y avait pas de partage de vie à l’époque, on vivait plus discrètement donc on n’était pas vraiment au courant de ce que faisaient les autres ou pas !

Elodie : J’ai ressenti beaucoup de bienveillance et d’admiration.
Par contre on m’a souvent rabâché de me reposer, de dormir, de me poser… je pense que le plus important est de se sentir bien, en accord avec ses propres besoins (tout en restant prudente pour son bébé). Je pense que le corps est bien fait et qu’il y’a (dans la plupart des cas) des signaux d’alerte qui nous font dire si ce que l’on fait est bien ou mal. Il faut s’écouter…

Fanny : Les femmes qui étaient de base très sportive et qui ont été enceintes n’avaient aucun mal à comprendre. Certaines pouvaient être dans l’excès et avaient du mal à se détacher, d’autres le faisaient au feeling et se posaient moins de question. J’étais plutôt dans cet esprit- là. Les personnes plus âgées de mon entourage, d’une autre génération, avaient plus de mal à comprendre ce besoin de continuer une activité, même réduite. Surtout par crainte qu’il arrive quelque chose…

Delphine : « Tu cours encore à 6 mois de grossesse ? » « Attention quand même, tu vas accoucher trop tôt avec ces conneries ! » « Vous êtes 2 maintenant, fais attention quand même ! » Et j’entends la grand-mère de Charly (mon conjoint) qui me dis depuis le début de la grossesse « bon j’espère qu’elle ne court plus de 10km hein »… Tout le monde est plutôt inquiet autour de la question et les idées reçues sont énormes.

– Quels conseils aurais-tu envie de donner à une future maman sportive ?

Anne : Profite !
Ça passe tellement et trop vite (quand on a la chance que tout aille bien).
Fais du sport, si tu peux bien sûr, c’est mieux ! Comme toujours d’ailleurs, même si tu n’es pas enceinte. Et si tu en as envie mais surtout prends soin de toi et profite, c’est magique !

Elodie : Il faut accepter que la vie (de sportive) ne sera plus la même, mais que le sport peut y avoir sa place quotidiennement (ou presque) ! A chaque période de la vie, ses objectifs, ses performances…
Porter et donner la vie c’est la plus belle des compétitions ! Il faut croire en soi, en ses ressentis. Et honnêtement la reprise est un pur bonheur, je me suis régalée !! Faites-vous bien entourés de professionnels sensibilisés (ex: une kinésithérapeute spécialisée pour la rééducation du périnée), informez-vous (la clinique du coureur programme spécifique à la reprise de la course post accouchement) et inspirez-vous des plus grandes… Anne Lise Roussel, Clarisse Agbegnenou…

Fanny : De s’écouter, de ne pas se focaliser sur l’activité sportive, il y a un temps pour tout. La grossesse n’est pas vécue par toutes les femmes de la même façon. Mais des enfants on n’en a pas 10 (enfin si ça arrive aha). On peut très bien faire une pause durant quelques mois et profiter de cette nouvelle aventure, pour reprendre plus sereinement par la suite, en combinant vie de maman, vie professionnelle, vie sportive.

Delphine : De ne pas changer trop brutalement ses habitudes sportives. L’arrêt brutal de sport comme une intensification trop rapide sont source de blessures et de danger (c’est la kiné qui parle). Mais si tu t’écoutes un minimum, tu sens que parfois il ne faut pas forcer mais qu’à d’autres moments (le matin à jeun par excellence pour moi) tu peux aisément faire du sport comme tu l’entends. Et surtout, le sport est une source incroyable d’énergie, accessible, gratuite qu’on a tout intérêt à saisir.

Plus on bouge, moins on développe de pathologies en tout genre (jambes lourdes, blocages…) et c’est tout à fait valable dans une grossesse classique (forcément différent quand on ne nous laisse pas le choix d’être alitée pour une raison particulière…).
Je dirais aussi de ne pas négliger ni oublier de pratiquer des étirements/assouplissements régulièrement et du renfo du transverse et du périnée, c’est aussi ça qui aidera les femmes à pratiquer leur sport le plus longtemps possible durant leur grossesse.

Attention par contre à ne pas tirer trop fort lors des étirements et ne pas négliger la détente de tous nos tissus provoqués par la relaxine (d’où la faiblesse de notre plancher pelvien…).

Elles ont sublimement bien répondu à mes questions et j’espère que vous avez pu avoir des réponses, vous reconnaître et apprendre des choses dans cela. Pour ma part, comme le sujet m’intéresse, je peux te conseille d’autres petites choses :

– Va faire quelques recherches, écouter, lire ce que Marion Delespierre raconte à ce sujet. Tout comme tu peux trouver des informations auprès de Blandine Lhirondel

– Le podcast « L’appel de la mère » de Course Épique avec Laure Desmurs.

Article / Tif Prinz
Avec la participation de Elodie Gérard, Fanny Amman, Anne Bernhardt et Delphine Dassy

 

Et si tu es prête inscris toi sur le prochain raid féminin en duo pour vivre une aventure juste WooA : Raid multisport des châteaux en duo du 18 au 20 mai 2024

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Inscriptions
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Film Raid des châteaux

💚 // CHRONIQUE 4 ET COUP DE CŒUR D’UNE TRAILEUSE PASSIONNÉE🏃‍♀️🏃‍♀️

💚// Chronique n°4
Laisse tomber Tinder et mets tes baskets

Parfois, je suis nostalgique. Je crois qu’on peut dire ça comme ça. Tu sais, ce sentiment bizarre entre la joie et la tristesse, celui où tu sais que tu as vécu des choses merveilleuses et que tu as peur de ne plus jamais les vivre.

Aujourd’hui, en postant le 3ème épisode sur les réseaux, je file dans ma galerie photo pour trouver celle qui l’illustrera le mieux et je tombe sur les photos de toutes mes courses de la saison dernière et celle d’avant encore. J’ai alors eu l’idée de me replonger dans mon premier 100k, celui de l’Ultra Trail des Païens (UTDP) du Trail Alsace Grand Est by UTMB, en me disant que j’y ai vécu le plus beau jour de ma vie, celui qui a tout changé. Puis finalement, je me demande, quelle a été ma plus belle course ? A quel moment tout a basculé ? Quand suis-je tombée amoureuse de ce sport ?

Pour ne rien te cacher, je vais en faire couler beaucoup des larmes en écrivant les lignes suivantes.

Tout s’embrouille un peu dans ma tête mais j’essaye de tout remettre dans l’ordre et d’y faire un peu de ménage pour t’expliquer comment le trail et moi avons créer notre relation.
Au tout début, je détestais courir, je n’arrivais pas à courir et tout ça et tout ça. Souvent, on me demande comment j’ai fait pour passer de ça à ultra-traileuse ? Honnêtement, je n’en sais trop rien. Peut-être ma persévérance, ma force de caractère, ma volonté, l’envie de changer. Je n’apporterai pas de réponse à cette question, simplement parce que je ne le peux pas.

Mais je peux te raconter quelques beaux souvenirs qui me semble être les plus marquants de ma petite expérience de traileuse. Ces souvenirs qui font sûrement qu’aujourd’hui j’en suis là, à faire passer les sentiers, la montagne et la course à pied avant la plupart des autres trucs dans ma vie.

Trail du Wurzel – avril 2022

C’était le début de ma saison 2022, le début d’un petit crush avec le trail, on allait voir si lui et moi on pouvait continuer plus loin, si tout ça pouvait devenir sérieux.
Et on ne partait pas sur de supers bonnes bases parce que la nuit précédente c’étaient quelques centimètres de neige qui tombaient sur les petites montagnes de la Vallée de Villé et une grosse fête organisée par mes parents à la maison mais on me disait : « arrête Tiffany, ce n’est pas grave, tu vas réussir à courir tout de même puis ça va tu ne vas pas finir première non plus ».
C’était un trail de prépa, on ne se met pas la pression, on court à la maison sur des sentiers bien connus et pratiqués fréquemment. Oui, je connais le parcours par cœur, je sais ce qui m’attend. Les bases n’étaient pas ouf mais on peut y trouver du positif.
Puis finalement, je crois que c’est là que je me suis dit qu’il fallait peut-être tenter un petit truc et voir où pouvait nous mener cette histoire. Car je crois que c’est ce jour-là que j’ai commencé à prendre goût à la compétition, à comprendre que c’était sympa de se challenger, à donner le meilleur de moi-même, à me surprendre de kilomètres en kilomètres, à puiser au plus profond de moi pour avoir ce je veux, à sourire dans la souffrance.

La 6000D – juillet 2022

Fin 2022, c’est décidé j’adore les formats 50k, j’aime les journées entières sur les sentiers et j’ai entendu que la 6000D c’était sympa. Parfait, j’ai cliqué, je suis inscrite.
Une bonne prépa à partir de  début janvier et je me retrouve dans un sas de départ au pied  de magnifiques montagnes et du glacier de Bellecôte. Je me souviens, le speaker avait dit une quinzaine de fois qu’il fallait faire attention au terre-plein à quelques mètres de la ligne de départ, mais bien sûr que je me suis pris le terre-plein dans les pieds pour mon plus grand plaisir. C’était assez drôle car très paradoxalement, j’étais heureuse, je me suis relevée avec un immense sourire et un remix de « Free from desire » dans les oreilles. Je ressemblais vraiment à cette nana qui s’était levée au milieu de la nuit, en se disant que ses copines sortaient de boîte de nuit, pour manger son petit-déjeuner préférée (une banane, deux tartines de nutella et un thé vert à la menthe, c’est la base) et partir courir une journée entière en montagne comme si tout était normal. Bon, je dois te dire que c’est à ce moment que j’ai commencé à me poser des questions sur ma relation avec le trail. Parce que, clairement, me lever comme ça au milieu de la nuit je le fais pour courir ou si je suis en danger de mort mais
autrement laisse-moi juste dormir. C’est en parcourant, la journée entière les sentiers de la Plagne que j’ai eu quelques réponses.
Pour contextualiser le truc, la 6000D en gros tu tapes 3000 de dénivelé positif en 30 bornes pour monter au glacier puis après grosso-modo tu redescends tout. Ok, dans la descente, tu as une bosse de 400 de dénivelé positif (je te le dis comme ça si tu fais la course un jour, tu ne pourras pas dire que j’ai menti). J’ai pris un de ces départs où tu te dis « moi je pars tranquille y a 62 (68 réellement) bornes à tenir quand même », tu as bien compris, je suis parti sur mes allures de fractionné puis au bout de 2 kilomètres je me suis quand même dit qu’il va falloir se calmer parce que je ne suis pas au 10km de Sélestat là. La première montée m’a donnée une bonne leçon et je trouve tranquillement mon rythme. En fait, là ça ne fait que monter et que se passe-t-il ? Je me surprends en train de faire tranquillement ma balade du  dimanche, ma musique dans les oreilles, le sourire aux  lèvres avec une petite trentaine de minutes d’avance sur mes pronostics de chrono. D’ailleurs, si un jour je te  donne mes temps de passage sur une course, essaye d’y être un peu avant parce que tu risques de me louper, certains en ont fait l’expérience. En gros, j’avale le dénivelé positif et au pied du glacier, je me dis que je vis le plus beau jour de ma vie. Je me suis absolument dit l’inverse dans les 5 derniers kilomètres sur une piste  cyclable immonde qui longe un grand torrent, j’ai passé la ligne d’arrivée, j’ai pleuré et j’ai dit : je veux recommencer, c’est la plus belle chose que j’ai faite. Tu le connais ce moment où tu sais que c’est foutu pour toi parce que tu sens que ton crush ça devient plus qu’un petit feeling, m’y voilà. Je suis tombée amoureuse.

Au fait, j’ai arrêté de pleurer au moment où j’ai écrit « Free from desire » et que j’ai décidé de l’écouter en boucle.

La Saintélyon – décembre 2022

Je n’étais pas certaine de mon statut relationnel, il fallait mettre quelques petites choses au clair.
C’est facile quand tout est beau et rose. Une 6000D avec un  grand soleil, des températures de rêve et des paysages à couper le souffle, forcément tu tombes amoureuse. C’est comme les premiers mois de ta relation où l’autre se présente h24 sur son 31. Comme si tu te réveillais avec les dents brossées, du fond de teint et du mascara. Merci, mais j’ai arrêté depuis un moment d’être naïve. Il fallait donc que je mette légèrement ma relation en péril pour voir si ça tenait, si on n’allait pas flancher à la première difficulté. Alors je ne le savais pas encore, mais j’avais prévu cette mise à l’épreuve depuis un petit moment. En fait, le lendemain du Trail du Wurzel, sur un petit coup de tête, un moment d’euphorie à la suite de mon premier podium, j’avais décidé sans  prévenir personne de  m’inscrire à la Saintélyon. Cette course de nuit, au mois de décembre, qui se déroule toujours dans des conditions météos pourries et qui relie Saint-Etienne à Lyon par les « montagnes ». C’était le date parfait ! Comme celui où tu te retrouves en tête à tête au restaurant et bam y a ton ex qui débarque de nulle part.
J’allais me retrouver une nuit entière en tête à tête avec le trail et tout ce qu’on peut imaginer de plus horrible dans sa pratique. Le truc, ça te vend du rêve au départ, une ambiance dingue.
Puis rapidement, dans les premiers kilomètres, je me demande ce que je fous là, ma pauvre fille tu comptes courir 80 bornes en pleine nuit alors qu’au bout de 2 kilomètres tu râles déjà parce que tu as mal aux jambes. Le restau était sympa mais l’ex était une bombe, c’est un peu ça dans ma tête. Autant abandonner direct quoi. Appel à un ami : « tu n’es pas allé à Lyon pour t’arrêter après 15 bornes, donc laisse-moi dormir et continue ». Il avait raison, j’ai repensé à toutes mes heures d’entrainement, j’ai mis ma musique plus forte et j’ai avancé.
Mais quand même, aucun effort ! De la boue à perte de vue, alors je ne sais pas skier mais je peux te dire que je sais glisser. Du brouillard, tu ne vois pas à un mètre devant toi et de la pluie à n’en plus finir. Et là, il se passe quoi ?
J’avance, je dépasse des gens, je souris, je chante. Je ressemblais à une nana qui avait dormi toute la journée pendant que ses copines faisaient du shopping pour m’en aller courir tout heureuse et toute la nuit dans les monts lyonnais. Très sympa cette course, je me suis même retrouvée à faire des blagues au ravito, je suis presque au paradis finalement. J’ai passé la ligne d’arrivée, j’ai pleuré et j’ai dit : c’était fou, je n’ai jamais vécu ça mais je veux recommencer. Je me retrouvais maintenant quasiment certaine que l’on pouvait surmonter quelques épreuves et surtout que je l’aimais par-dessus tout avec ses défauts et ses qualités (je parle du trail pas du date au restau qu’on soit bien d’accord).

L’Ultra Trail Des Païens – mai 2023
On est capable de passer une nuit dans les pires conditions, d’affronter un fort dénivelé et de sortir s’entraîner quelques soit l’heure et la météo, ça on se l’était prouvé. Mais pourquoi s’arrêté là ? Une relation  platonique, sans   rebondissement, nul à chier,  non merci. Le trail décide alors de me lancer un défi : parcourir 109 kilomètres à travers vignes, châteaux et forêts alsaciennes. Et tu te doutes bien que c’est avec grand plaisir que j’accepte. On ne le savait pas encore mais on pouvait  rencontrer quelques  accrochages et dans la préparation de ce premier  ultra-trail j’ai vécu les premières disputes avec l’amour de ma vie.
En même temps, fallait s’en douter, on passe notre vie ensemble. Plus sérieusement, c’est à ce moment-là que j’ai découvert que le trail pouvait me faire pleurer mais pas que de joie aussi de souffrance et de doute et que je pouvais parfois en arriver au point de le haïr. J’en ai parfois eu marre de lui, j’ai eu envie de partir. Mais, ensemble on s’est battu et quelques mois après, on a su que ça en valait bien la peine.
Je vais te le dire, le 20 mai 2023, c’est le jour où je me suis liée à jamais au trail. On peut dire que c’était comme nos fiançailles. Des planètes alignées, beaucoup de plaisir avec un soupçon de difficulté. On s’est retrouvé, lui et moi dans notre bulle du départ à l’arrivée. On est parti en se disant qu’on était prêt. Au bout de 13 kilomètres, ensemble on a décidé qu’il était possible de garder notre 3ème position (oui, nous avions totalement omis le fait qu’il restait encore presque 100 kilomètres). Au kilomètre 80, on s’est dit que c’était le moment de tout tenter. Au kilomètre 100, on n’y croyait pas. Au kilomètre 109, on ne comprenait pas ce qui nous arrivait mais on savait qu’ensemble on était capable de belles choses. Ce jour-là, le trail m’a fait vivre absolument toutes les  émotions d’une vie entière, j’ai  ressenti des trucs si fort que je n’imagine même pas que ce soit possible de les revivre un jour. J’ai passé la ligne d’arrivée, j’ai pleuré et j’ai dit : ce n’est pas possible ! Est-ce qu’il est l’heure du
goûter ? J’aimerai beaucoup une crêpe au nutella. Je t’assure, j’ai dit ça. Mais quelques jours après, me faisant le film de cette journée inexplicable dans ma tête, j’ai dit pour la deuxième fois dans ma carrière de traileuse : j’ai vécu le plus beau jour de ma vie. Il n’y avait plus aucun doute, j’étais et je suis prête à donner ma vie pour le trail un peu comme ceux qui disent : « je pourrais mourir pour lui »

MT62 – Munster Trail – octobre 2023

Je dois t’avouer qu’après ce 100km, on a vécu quelques bas. C’était dur physiquement et mentalement de se remettre de cette prépa, de toutes les émotions qu’on avait vécues. En fait, on avait besoin de faire un break, pas facile à accepter mais il faut parfois s’éloigner pour mieux se retrouver. Réfléchir à notre relation pour la continuer dans l’épanouissement. Alors, après une petite défaite personnelle et une rancœur envers le trail (ou plutôt la vision que je m’en étais faite) courant juillet, j’ai décidé de couper un peu, de me mettre à d’autres choses, de respirer. Et j’ai bien fait, je suis revenue vers lui début  septembre plus fraîche que jamais et il m’a accueilli les bras ouverts. Juste, je ne suis pas coach love donc ne tente pas ça avec ton partenaire ça risque de ne pas se passer exactement de cette façon et je ne voudrais être responsable d’aucune séparation. D’ailleurs, je ne suis pas coach en trail non plus.
Nos retrouvailles ont été des plus intenses. Comme quand ton partenaire part durant des semaines et que tu le récupères sur le quai de la gare des papillons dans le ventre. C’était exactement ça, j’avais le sourire aux lèvres à chaque  entrainement, l’impression de m’envoler sur les sentiers. Et c’est avec une envie folle qu’on allait se présenter dans le sas de départ du Munster Trail 62 kilomètres. Autant te dire, qu’on y aller main dans la main plus fort que jamais. On n’avait rien à prouver à personne mais beaucoup à se prouver à nous-même.
Pourtant, on avait qu’un seul objectif c’était de passer une journée dingue, de prendre un plaisir fou, de se retrouver en tête à tête comme au premier plus beau jour de notre vie. J’ai pris ce départ exactement de la même façon que tu te tiens quand tu es fier de marcher dans la rue à côté de la personne qui embellie ta vie. Mais en même temps, tu as au fond de toi cette folie et cette étincelle, comme quand tu te retrouves à 3h du matin en train  d’enflammer le dancefloor de la boîte que tu fréquentais quand tu étais étudiant 10 ans en arrière. Peut-être qu’en fait, c’était moi qui voulais prouver au trail que j’étais à la hauteur de notre relation.
Et ce qui devait arriver, arriva, j’ai passé la ligne d’arrivée, j’ai pleuré et j’ai dit : merci, j’ai vécu pour la troisième fois le plus beau de ma vie. Je veux recommencer et je recommencerai car tu es le seul à savoir et pouvoir me faire vivre à chaque fois des  émotions différentes plus  belles les unes que les autres. Tu es celui qui au fil du temps me fait avoir de plus en plus de papillons dans le ventre. Tu es celui qui me fait vivre des montagnes russes, qui m’envoie au septième ciel. Tu es celui qui me fait sentir vivante. Tu es celui avec qui je veux passer ma vie (je parle toujours et encore du trail et de personne d’autre qu’on soit d’accord jusqu’au bout).

Info playlist
Au courant de chacun de nos moments passés ensemble, je me souviens d’une musique marquante qui est passé dans mes écouteurs (filaires) :
– Wurzel 2022 : 47ter – La seule
– 6000D 2022 : Gala, Molella, Phil Jey – Free from Desire
– Saintélyon 2022 : Stéphane – Green Dream
– UTDP 2023 : Jj Lionel – La danse des canards (sache que je ne suis pas seule maître de cette playlist, donc ne me juge pas)
– MT62 2023 : Logobi GT feat BB Model – Elle danse sexy

Coup de cœur n°4

Une grande traileuse alsacienne Si on me dit : féminine, podium, alsace, présente chaque week-end. Je pense directement : Alizée Minker.
Et toi, tu la connais Alizée ?

Juste comme ça par ce que je connais d’elle et nos quelques petits échanges, sans n’avoir regardé ni son palmarès ni ses statistiques je vais essayer de t’en faire une petite présentation.

Alors voilà, quand je pense à Alizée Minker, je pense à ça :

Une traileuse redoutée sur les lignes de départ alsacienne et nommée comme favorite sur chacune des courses où elle se présente. D’ailleurs, tu peux la retrouver quasiment tous les week-ends sur une ligne de départ et la plupart du temps pour honorer sa présentation en tant que favorite, elle se trouve bien entendu sur le podium à l’arrivée.
Attends, je te dis des bêtises, elle n’est pas que traileuse car Alizée est polyvalente. Tu peux  la voir sur des trails, des courses sur route et des cross. Ce qui ne change pas chez elle, ce sont ses performances car peu importe le type de course, ses performances sont incroyables.
Personnellement, ce que je trouve aussi incroyable c’est que cette nana, elle sait envoyer sur un 20 bornes  comme sur un 50, c’est assez dingue.
Je ne la connais ni très bien, ni depuis très longtemps Alizée.  En fait, je la connais depuis  que j’ai peur de la retrouver sur une de mes lignes de départ en  me disant que si je veux tenter la gagne je vais devoir essayer de suivre une gazelle. Ce n’est pas encore arrivé. Mais ce que je voulais te dire, c’est qu’on m’a raconté qu’Alizée a déjà fait un ultra-trail et s’est lancé sur plusieurs ultra d’ailleurs.
Alizée est donc en plus de tout ça courageuse, même très courageuse car il faut en avoir du cran pour essayer de se confronter au Saint-Graal du trail, j’ai nommé le Grand Raid de la Réunion ou aussi appelé la Diagonale des Fous.
Alizée est tant redoutable  qu’inspirante. C’est une de ces concurrentes qui le sourire aux lèvres viendra te souhaiter bonne chance au départ et te dire bravo à l’arrivée. C’est une traileuse qui aime la compétition mais qui aime aussi partager sa passion, qui aime ce sport pour tout ce qui existe autour de la compétition justement : la nature, le bien-être, la satisfaction, les limites (on les cherche encore).  Je crois, mais je peux me tromper, qu’Alizée ne se présente pas sur une ligne de départ pour gagner, alors on a tous des objectifs en tête, des estimations de chrono et je pense qu’il serait faux de dire qu’on ne pense pas du tout à se surpasser coûte que coûte, mais j’ai tout de même l’impression que par-dessus tout cela, la notion de plaisir prime chez elle. Ce qui me fait dire ça, ce sont son sourire et sa concentration sur les lignes de départ mais aussi son sourire dans la souffrance et ses grimaces sur ses photos de course ainsi que son sourire, ses larmes et sa satisfaction lorsqu’elle passe une arche d’arrivée.

Je ne peux pas te dire beaucoup plus d’Alizée car ici je t’en fais un portrait sans interview, c’est simplement une courte présentation d’une traileuse alsacienne que j’admire. Alizée, je la redoute autant qu’elle m’inspire. Moi aussi, je veux un jour pouvoir tirer la grimace sur mes photos de course, repousser mes limites au point de souffrir légèrement tout en étant satisfaite à l’arrivée, m’affaler après une ligne d’arrivée tant j’aurai tout donner. Moi aussi comme Alizée j’aimerai avoir le  courage de m’élancer sur un  semi-marathon ou de faire une saison de cross. Puis moi aussi, comme Alizée j’espère toujours garder la flamme au fond de moi, celle qui fait qu’on pratique ce sport par plaisir.

Sinon, je suis quand même aller regarder un petit chiffre, Alizée a un Utmb index de 665, je te laisse imaginer ses chronos et son beau palmarès. Et en plus Alizée ne gambade pas souvent en montagne pour ses entrainements alors je peux te le dire, elle a dû mérite cette fille.
Comme quoi, quand on veut, on peut.

Alizée, si tu passes par-là, j’espère te croiser la saison prochaine mais je crois que l’on va partager quelques événements ensemble. Je te souhaite le meilleur pour l’année qui vient et j’ai d’ailleurs vu que ça avait bien commencé pour toi sur les cross.

Article / Tif Prinz

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Film Raid des châteaux

💚 // CHRONIQUE 3 ET COUP DE CŒUR D’UNE TRAILEUSE PASSIONNÉE🏃‍♀️🏃‍♀️

💚// Chronique n°3
Le trail, les autres et moi alors ?

La saison dernière, j’ai réalisé des performances que jamais je n’aurais imaginé être capable de faire. Quelques-unes de ces performances m’ont permises de monter sur un podium, de vivre des émotions exceptionnelles (je t’en parle dans la chronique n°2) et de découvrir différemment le monde du trail et du sport.
En fait, j’ai évolué, progressé et je cherche à faire toujours mieux. J’en veux toujours plus et c’est toujours dans l’idée de donner le meilleur de moi-même que je prends le départ d’une course. Faire de mon mieux, pour ne rien regretter et essayer d’être satisfaite à l’arrivée ! Et justement, à l’arrivée que se passe-t-il ? Après une belle course, une belle performance, une
réussite ? Une fois que je suis montée sur le podium, qu’y a-t-il ?

Dans les faits, mon after-course ressemble plus ou moins à ça :

1) Pleurer bien entendu !
2) Râler un peu et parfois beaucoup.
3) Dire aux membres de mon petit staff tout ce qu’ils ont fait de mal en les engueulant (un peu mais pas trop pour ne pas changer les bonnes habitudes) puis juste après les prendre dans mes bras et les remercier à l’infini.
4) Boire, beaucoup même, tu te doutes bien que je te parle de coca et de Sainte-Yorre.
5) Me doucher pour enfiler la plus belle tenue choisie avec soin la veille. Oui, la veille d’une course je glisse toujours une tenue « podium » dans mon sac en me disant que je l’emporte juste au cas où parce qu’on ne sait jamais.
6) Monter sur le podium et sourire.
7) Boire une bière et en général partager une petite tarte flambée avec les copains. En revanche, je me suis lancée un défi sans alcool jusqu’à la CCC alors si tu me vois boire une bière à l’arrivée des prochaines courses n’hésite pas à venir me demander si elle est sans alcool. En rendant ce défi public, je crois bien qu’il va falloir que je le tienne.
8) Rentrer chez moi : prendre une douche brulante durant des heures, me masser et boire un litre de Sainte-Yorre en me persuadant qu’avec ça il est certain que je n’aurai mal nulle part le lendemain, manger tout (absolument TOUT) ce qui me passe par la tête mais qui ne prend surtout pas de temps à être fait car dans ces cas je suis prête à tuer pour manger. Comprends ici que je peux passer des chips au chocolat, des bretzels aux bonbons (les bouteilles de cocas rose et bleue, la vie), des céréales au saucisson.
Et je t’interdis de me juger, j’ai bien le droit de m’enfiler quelques petits plaisirs après
une journée pareille.
9) Dormir très mal.
10) Avoir des courbatures de la mort mais déjà hâte d’accrocher le prochain dossard.

Par contre, qu’on soit bien d’accord, ça c’est quand tout se passe bien, lorsque ma course a été fantastique et que toutes les planètes étaient alignées. Si ce n’est pas le cas, je passe du
point 1 directement au 9 pour revenir au 1. Mais aujourd’hui, on laisse les côtés négatifs et on ne parle que des moments où tout roule.

Dans ma petite tête et mes pensées mon after-course ressemble plutôt à ça :

1) Un feu d’artifice, une explosion d’émotions.
2) Quelques heures sur un petit nuage (je te parle d’heures qui peuvent devenir des jours).
3) Un shoot énorme d’endorphine (celui qui me fait super mal dormir) qui m’envoie sur une autre planète pendant un petit moment en oubliant même parfois qu’il existe autre chose que le trail dans ma vie.

Et vient le moment, où totalement vide d’énergie, fatiguée mais pleine d’émotions, je prends mon téléphone pour répondre à différents messages. L’instant où j’écris à mon entourage pour leur dire MERCI.

Souvent, je commence par remercier ceux qui ont été présents tout au long de la journée pour me changer mes flasques, me donner à manger, me préparer mon coca, me tendre une compote et revenir au ravitaillement d’après même quand je leur ai hurlé dessus parce que c’est une compote que je veux et pas une barre de céréales ou un TUC (je te promets que je ne fais pas que hurler). Les personnes qui sont là avec moi de 5h du matin à 19h le soir. Dans mon message, je leur dis souvent que je n’ai aucun mot pour les remercier, que ce qu’ils font
est si important et précieux que je ne sais pas quoi faire pour leur dire merci et souvent elles me répondent : « c’est normal », « avec grand plaisir », « je n’ai rien fait de spécial ». Si, elles font en sorte que je passe la meilleure des courses, leur présence peut changer le cours de ma course. Sachez, vous qui êtes à mes côtés dans ces moments-là, que vous rendez les moments difficiles plus doux et les  moments exceptionnels plus intenses. Votre présence multiplie mes souvenirs. Vous me prouvez, et prouvez à tous, que ce sport, aussi individuel soit-il, nécessite une énorme part d’humanité et peut s’avérer encore plus beau lorsqu’on y ajoute un soupçon d’esprit d’équipe. C’est pour tout cela que souvent je parle de NOTRE victoire car tout serait bien différent sans personne qui ne me tend mon gobelet de coca. Après, j’envoie un petit message à Seb (mon coach), si lui ne l’a pas encore fait. Je lui dis toujours « merci ». Et en lui écrivant ça je veux lui dire merci pour : ces plans d’entrainement (où j’ai pu le haïr des centaines de fois), le temps qu’il prend pour moi, son soutien, sa disponibilité. Et à chaque fois, Seb me répond un truc du genre : « Ne me dis pas merci, je ne fais pas grand, c’est toi qui sors 5 fois par semaine pour t’entrainer ».
Puis, même s’ils ont la plupart du temps été présents la journée entière, j’appelle mes parents et je les remercie mille fois d’avoir fait de moi la personne que je suis, de m’avoir transmis la force, le mental et mon petit caractère de guerrière (c’est pour ne pas dire caractère pourri, tête de mule, bornée…). À ça ma mère me dit souvent : « Tu es un sacré bout de femme,
personne et encore moins moi n’aurait imaginé que tu deviennes cette fille-là, tu n’as pas eu besoin de nous pour le devenir, on est fier de toi et crois-moi tu peux l’être toi aussi. » (Et si tu demandes si je pleure quand elle me dite ça, bien évidemment que oui, c’est déjà difficile de ne pas le faire en l’écrivant). Bref, tu l’as compris j’écris aux personnes proches de moi qui me soutiennent dans tous les
défis, toutes les épreuves sportives ou non d’ailleurs. Ceux qui sont là au milieu de la forêt quand tu ne les attends pas, qui trouvent les mots justes à chaque fois, qui t’envoient des vocaux qui pourraient être des podcasts le matin d’une course, qui t’écrivent les plus beaux messages pour te rappeler de quoi tu es capable (les messages qui me font pleurer), qui te suivent derrière leur écran, qui annulent des soirées  anniversaires ou des  restaurants entre copains pour assister à mon arrivée. Puis, tu as aussi compris que souvent je ne sais pas quoi leur dire à part merci et encore merci. Mais, quelques-uns d’entre eux m’ont fait réfléchir en me répondant : « Arrête de nous dire merci, c’est TOI qui fais tout ça, tu ne le dois qu’à TOI et c’est presque à nous de te remercier de nous faire vivre ça. »
Je te le dis tout de suite, dans la suite de mon écrit, il ne s’agit pas d’écarter mon entourage car je t’assure que cet environnement  bienveillant participe  grandement à la réussite de mes projets. Il ne s’agit pas non plus d’égo surdimensionné mais simplement d’une réflexion : qu’est-ce moi je fais, j’ai fait et je continuerai à faire pour aboutir à ce que j’ai voulu, je veux et je voudrais ?

Moi, j’organise ma vie en fonction de mes plans d’entrainements. Oui, ma vie entière, tu vas me dire que je n’ai pas d’enfants, pas de mari et que je suis enseignante alors j’ai bien assez de temps pour tout ça. Peut-être, mais il s’agit d’un choix de vie. Puis, être enseignante ne signifie pas avoir du temps illimité, mes journées ne durent que 24 heures comme les tiennes. Le jour où je dois courir 1h30 mais qu’il y a réunion avec des parents le midi, réunion avec les collègues à 16h et dentiste à 18h, bien ma pauvre Luçette va falloir se bouger le cul pour aller courir 1h avant le boulot. Puis, quand je te parle d’organiser ma vie en fonction du trail, je te parle aussi de dire « Non désolée samedi soir je ne pourrai pas venir au barbecue, j’ai une sortie longue de 6h demain » ou encore « Excuse-moi mais jeudi soir ça n’ira pas, je dois aller courir 1h après le boulot, ça fait un peu trop pour moi de sortir, j’ai besoin de me reposer aussi ».
Voilà, tout planifier en fonction de mes entrainements ça demande en fait de faire des sacrifices, des compromis, de savoir dire non et d’être bien au clair avec ses priorités.
Moi, je ne loupe aucun (presque aucun) entrainement. Oui, la discipline et la rigueur. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, qu’il fasse -10 ou 30° et bien j’y vais. J’enfile mes baskets et tant que je n’ai pas 39 de fièvre, la gerbe ou une blessure grave, je sors, aucune excuse n’est valable. Il m’est arrivé de ne pas vouloir y aller, d’être pas bien, d’avoir envie de rester sous mon plaid mais ma pauvre chérie ce n’est pas comme ça que tu avanceras sur ta prochaine course. Puis, je vais te dire une chose, les séances là, celle où tu n’as pas envie, où tu pars en tirant la tronche, où il fait trop froid, ce sont celle qui te fera le plus avancer justement.

Moi, je suis une éternelle insatisfaite. Oui, j’en veux toujours plus, ce n’est jamais assez bien, on peut toujours faire mieux. Je suis une nana bornée avec un peu de rage au fond de moi. Je peux être ambitieuse (parfois peut-être trop). J’ai envie de croire en mes rêves. Je suis plutôt du style à me dire qu’il vaut mieux essayer et ne pas y arriver que regretter de ne pas l’avoir
fait du tout. Cet état d’esprit doit m’aider dans la discipline, la rigueur et l’organisation dont je te parlais avant. Mais cet état d’esprit, me sert surtout à ne jamais baisser les bras, à toujours rester focalisée sur mon objectif. Dans les moments plus difficiles, cet état d’esprit me permet de ne pas oublier d’où je viens, pourquoi je fais ça et où j’aimerais aller. Mes copains te diront que je suis une lionne et que j’arrive dans le sas de départ comme une guerrière avec un regard de feu. Moi, je te dis que c’est aussi dans ce mood que je pars m’entrainer.

Moi, je suis celle qui a commencé par courir 500 mètres en me disant que 10km c’était monstrueux et qui aujourd’hui s’entraine des heures et des heures dans la semaine pour en courir 100 au moins une fois dans l’année. Je suis celle qui avait peur sur une ligne de départ et qui aujourd’hui (toujours la boule au ventre et la larme à l’œil) se tient fièrement debout pour aller prendre un max de plaisir. Je suis celle qui se disait qu’elle n’y arrivera jamais et qui aujourd’hui prend tous les risques pour y arriver (je te rassure qu’au fond de moi, j’ai toujours peur de ne pas y arriver et encore plus quand j’ai fait de  nombreux sacrifices). Je suis celle qui craignait de partir  courir seule et qui aujourd’hui s’en va des heures à ne plus finir pour gambader en forêt à toute heure et par tous les temps (au plus grand désespoir de ma mère). Oui, j’ai évolué et surtout j’ai appris à m’en sortir seule. Bien oui, mon petit chat, tu ne peux pas attendre et compter sur les autres sinon tu risques d’y rester encore longtemps dans ton canapé alors bouge-toi et fais-le pour toi, tu verras ça  fait du bien.

Moi, j’ai appris à dire merci à mon corps, à l’écouter et à en prendre soin. J’ai compris que si mon cerveau fait beaucoup, c’est aussi à mon corps que je dois énormément. Mon corps accepte de subir des séances horribles, de pratiquer du sport à n’en plus finir, d’être courbaturé, de se faire mal, de courir de longues heures en donnant tout ce qu’il peut alors mon corps a le droit d’être remercié. La récupération, les étirements, les massages voilà le moyen que j’ai trouvé pour le remercier et pour m’excuser de toutes les fois où je l’ai tant maltraité. Je suis aussi persuadée que donner du nutella à mon corps est un moyen de le remercier, laisse-moi y croire s’il te plaît.
Plus sérieusement, il te fait réaliser des choses sublimes alors fais lui plaisir de temps en temps.

Tu me diras, c’est un peu idiot et logique ce que je viens de te raconter mais c’est vrai que dans ce que j’ai vécu la saison dernière et surtout au moment de ma victoire sur l’Ultra Trail Des Païens, j’avais oublié ma place à moi. Ce que je veux te dire, c’est que toi, tu es le centre de tes projets et  aventures. N’oublie pas que c’est toi qui as osé, que c’est toi qui as mis des choses en place pour y arriver. Souvent, dans la défaite ou les échecs, on trouve tous les moyens de s’en vouloir et on n’hésite pas à s’auto-flageller alors dans la victoire et les réussites nous devons aussi nous tourner vers nous-même. Si j’ai réussi c’est d’abord grâce à moi et j’ai le droit de me remercier, d’être fière, de me lancer des fleurs (pas trop quand même, juste ce qu’il faut pour garder les pieds sur Terre).
Bref, tu ne dois pas avoir honte de montrer que ta propre réussite te donne des ailes, que l’accomplissement de tes projets te rend heureux et que surtout tout ça tu le dois, en premier lieu, à toi-même.

Si tu penses que je m’aime beaucoup trop, tant pis pour toi mais moi je me dis encore fois merci et j’espère que toi aussi tu apprendras à le faire. Et si tu as bien compris la chose, il ne s’agit pas d’égoïsme mais d’une certaine prise de recul sur ma pratique alors j’espère pour toi que tu pourras, toi aussi, te poser des questions comme celle-là.

PS : ce type de réflexion permet de s’occuper pendant quelques heures sur une longue sortie en montagne.

Coup de cœur n°3
Le hasard fait bien les choses

En août dernier, j’envoie un petit message de félicitations à un copain qui a terminé l’UTMB (Ultra Trail du Mont-Blanc) et sa réponse n’a pas été anodine. Il me raconte que lui est arrivé quelque chose d’un peu spécial et que même à Chamonix je ne peux pas lui foutre la paix.
En tant que finisher de l’UTMB, il va boire une petite bière dans un bar, en plein Chamonix, pour fêter ça. En tant que bon alsacien, il portait un maillot du Racing Club de Strasbourg et avait encore son bracelet UTDC (Ultra Trail des Chevaliers) du Trail Alsace Grand-Est by UTMB, bref, tout montrait qu’il est alsacien. Alors, un couple s’approche de lui pour lui demander quelle course il a fait et lui dire qu’eux aussi était présents sur le UTDC en mai. Au fil de la
discussion, Laura lui demande alors s’il me connait car elle avait vu ma performance sur la
100km du même trail.
Puis dans son message, il ajoute, va suivre cette fille sur instagram et va voir ce qu’elle fait car elle est incroyable.
Ni une ni deux, je me connecte sur les réseaux pour chercher Laura Fleury alias « Fluxalors ».
Et quelques jours plus tard, je reçois un message de son compagnon, me félicitant pour l’enregistrement de mon podcast avec Course épique. Aujourd’hui, il arrive fréquemment que nous échangions avec Laura.
Vous allez vite comprendre pourquoi j’ai choisi de vous parler de Laura et que nos atomes crochus ne s’arrêtent pas qu’à cette anecdote de bière dans un bar chamoniard.
Si Laura est un coup de cœur c’est parce qu’elle transmet de belles valeurs, elle est inspirante, elle a osé se lancer et nous partageons une vision quelque peu similaire du trail.
Pour découvrir un peu mieux son histoire, j’ai écouté le podcast « Laura Fleury, l’amour au cœur du trail ! » qu’elle a enregistré avec Sébastien Martin dans « A côté de mes pompes ».
Alors, j’ai pas du tout envie de te spoiler mais je vais essayer de te raconter son histoire et ses prouesses dans les grandes lignes tout en y laissant un peu de suspense pour que tu aies envie d’enfiler tes écouteurs.

Laura pratique la course à pied depuis 5 ans, elle a commencé par faire de la route avant de se mettre au trail. Mais ce qui est grandiose, c’est qu’elle a  décidé début 2022, légèrement sur un coup de tête et sans y  avoir spécialement réfléchi (tiens, ça me rappelle un peu quelqu’un) de s’inscrire à une course, un monument du trail. Puis, comme elle ne veut pas faire les choses à moitié (et c’est le cas de le dire), elle choisit la plus longue des courses, autrement dit elle va faire un aller-retour puisqu’elle s’inscrit sur la Lyon-Saintélyon. Au moment de cette inscription, elle ignorait toutes les heures  d’entrainements qu’elle allait vivre même si elle s’en doutait légèrement mais elle ignorait surtout que la nuit du 4 décembre 2022 marquera à tout jamais sa vie de traileuse et de femme.
Tu entendras Laura te conter son quotidien qui jongle entre boulot et heures d’entrainements difficiles faites dans le plus grand des plaisirs. Elle te parle aussi ces préférences
gastronomiques durant les trails, te donne des conseils pour débuter mais surtout elle te raconte cette fameuse nuit.
Laura est incroyable, je vais te dire pourquoi. Car, au bout de la nuit du 4 décembre 2022, elle passe l’arche d’arrivée dans la Hall Tonny Garnier et qui plus est, en arrivant 1ère féminine de la Lyon-Saintélyon. Je ne vais pas t’expliquer sa course car elle le fait très bien elle-même et il n’y a qu’elle d’ailleurs qui peut le faire. Ces moments d’émotions sont bien trop personnels et particuliers pour que je ne me permettrai pas de les retranscrire.
Mais, il y a tout de même, une partie de ce podcast m’a touché, marqué et interpelé et qu’il faut que je te partage ici. Sebastien Martin évoque la place de la femme dans le monde de l’ultra trail. Nous faisons toutes les deux comme tous en fait le même constat, les femmes sont presque absentes dans ce monde et encore bien effacées. Rien que l’arrivée silencieuse
et ignorée de Laura dans le Hall Tonny Garnier en  témoigne. Je t’assure que nous ne courrons pas pour avoir un accueil phénoménal et une holà à l’arrivée, mais quand je vois tout le tralala que l’on fait pour Alexandre Boucheix, alias « Casquette Verte », vainqueur de la même course, je me dis que c’est bien triste de ne pas avoir mis plus en avant la victoire de Laura.
Pourtant, comme elle le dit si bien, les femmes ont leur place dans les ultras trails et tout comme elle, je ne te le répéterais jamais assez mais ose, lance-toi, tu verras que c’est possible pour toi aussi et même si tu es une femme, une maman, une mamie ou je ne sais quoi encore (enfin commence d’abord par un petit trail, ne t’inscris pas à la Lyon-Saintélyon directement).

Finalement, l’histoire de Laura termine par un scénario digne des plus grands films hollywoodiens alors si tu veux connaître cette happy end, il faudra que tu ailles écouter le podcast car c’est LE TRUC que je ne peux pas spoiler, ça gâcherai tout !

Quelques infos qui peuvent t’intéresser :

– Le pocast : « Laura Fleuy, l’amour au cœur du trail ! » de « A cote de mes pompes » que tu peux trouver ici ou sur d’autres plateforme d’écoute comme spotify.  ttps://www.youtube.com/watch?v=bFMfQ1u7p24
– Le compte instagram de Laura
– Le compte instagram de « A côté de mes pompes »
– Un article concernant l’édition 2022 de la Saintélyon

Article / Tif Prinz

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💚 // Replay interview Raid2Vous by Top Music🏃‍♀️🏃‍♀️

💚//Replay Inteview TopFamily by Top Music

Un nouvel événement sportif
100% féminin par Raid2Vous
Les personnalités qui font vivre, bouger et danser l’Alsace, vous donnent rendez-vous tous les soirs, 19-21 heures dans la Top Family.

Un nouveau raid multisports des châteaux 100% féminin et en duo par Raid2Vous.

Interview réalisée par Erwan Le Guilloux.

Et si tu es prête à découvrir une aventure juste WooA rendez-vous sur le prochain Raid féminin multisport des châteaux en duo du 18 au 20 mai 2024, pour une aventure juste INCROYABLE 🏃‍♀️🏃‍♀️

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💚 // FLASH INFO🏃‍♀️🏃‍♀️

🎙🔥Flash info
Interview par Solène Martin (AZUR FM),  Tiffany Prinz et Hélène Sempé

Raid multisport des Châteaux : Une nouvelle expérience 100% féminine à vivre en duo au cœur de la Vallée de la bruche

En ce début d’année 2024, peut-être avez-vous pris quelques résolutions, comme celle de faire du sport… Le Raid des châteaux est là pour vous motiver ! Du 18 au 20 mai prochain, c’est une nouvelle aventure 100% féminine à vivre en duo qui vous est proposée par l’association Raid2Vous à Saales. De nombreuses épreuves ponctueront ce rendez-vous, dont côté sportif, un trail de 12 kilomètres avec 450 mètres de dénivelé, du canoë et une épreuve Bike and Run de 14 kilomètres et 550 mètres de dénivelé. Un événement qui se déroulera autour de quatre valeurs : la femme, le sport, la solidarité et l’environnement, avec un effet « WooA » garanti. Pour participer, pas besoin d’être une sportive de haut-niveau. On en parle avec Hélène, directrice de Raid2vous et Tiffany, ambassadrice sport de l’association.

Et si tu es prête inscris toi sur le prochain raid féminin en duo pour vivre une aventure juste WooA : Raid multisport des châteaux en duo du 18 au 20 mai 2024
Propos recueillis par Solène Martin (AZUR FM)

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💚 // CHRONIQUE 2 ET COUP DE CŒUR D’UNE TRAILEUSE PASSIONNÉE🏃‍♀️🏃‍♀️

💚// Chronique n°2
Des hauts, des bas : entre rire et larmes, peine, joie, tristesse, nostalgie, colère, rage, haine, mépris, doutes, émerveillement, surprise…
Et la liste est encore longue. Des sentiments, des émotions, des ressentis et des sensations c’est aussi ça que je vis grâce à ma passion.
J’ai du positif et du négatif  mais je peux te proposer une fin heureuse.
Alors, ce qu’on va faire c’est que je vais commencer par le positif, t’amener dans les moments plus difficiles pour te remonter le moral avec un happy end. En fait, faut que je t’avoue que c’est comme ça que j’ai envie de l’écrire parce que c’est assez représentatif. Tu l’avais compris, le positif ce sont les hauts et le négatif, les bas. Les hauts et les bas ça me connait un peu : les profils de courses, les sommets à grimper à partir du bas des vallées, les séances de côtes, les descentes qui t’explosent les quadris. Mais c’est aussi ma vie de tous les jours (je prendrai peut-être le temps ou pas de te l’expliquer dans un prochain écrit) et la réalité de ce que je traverse pendant que je cours.

1) Les hauts
Souvent, après une course, on me demande comment je fais : pour courir avec ce grand sourire, pour avoir l’air aussi sereine, heureuse et positive.
J’ai une explication assez simple et rationnelle, un truc de scientifique :
la pratique d’une activité sportive entraine la production d’endorphine. L’endorphine, c’est ce qu’on appelle communément l’hormone du bonheur. Scientifiquement parlant ce n’est pas tout à fait ça mais je te laisse faire des recherches si ça t’intéresse.
La production d’endorphine pourrait donc expliquer mon état de bonheur et de bien-être pendant les courses. Pourtant, moi je te le dis que je n’ai pas le même état de bonheur pendant mes séances de renforcement.
Je t’assure que ce n’est pas l’explication que je donne quand on me pose ce genre de questions. Je souris parce que je suis heureuse oui. Et dans ces moments-là je suis heureuse pour mille et une raisons.
Il y a des raisons sur lesquels je ne sais pas poser de mots, des raisons certainement inexplicables, peut-être trop personnelles ou peut-être pas encore assez clairs pour que je puisse les exprimer. Mais je ne vais pas te laisser sur ta faim et te raconter quelques petits trucs tout de même. D’abord, toutes ses courses en montagne accompagnées de soleil, de paysages à en couper le souffle, de sentiers remplis de cailloux (que tu insultes de tous les noms au bout de kilomètres, je parle bien de ceux-là), de forêts enchantées, avoue que ça peut que rendre heureux. En tout cas, ça s’apparente pour moi au paradis sur terre et c’est l’endroit, peu importe qu’il s’agisse des Alpes ou des Vosges (oui, je vais devoir m’aventurer dans d’autres massifs tu as raison), où je me sens chez moi.
Aussi, courir ça me permet de me sentir libre. Pourquoi ? Je n’en sais trop rien, surement parce que j’avance sans réfléchir avec beaucoup de légèreté dans un monde qui n’appartient qu’à moi. Un monde où il n’y a qu’à se demander où poser son pied à la prochaine foulée, ce que
l’on va bien pouvoir manger au prochain ravitaillement, si l’on a plutôt envie de sa gaufre au chocolat ou sa barre macchiato (j’ai une amie qui me répondrai sans hésiter de manger la barre macchiato).
Puis très sincèrement, sur une course qui dure des heures et des heures, si je ne faisais que tirer la gueule, avoir des pensées négatives quel intérêt ça pourrait bien avoir. Qu’est-ce que j’en tirerai dans mon quotidien ? J’ai décidé, depuis un petit moment maintenant, d’avoir pour philosophie « le smile c’est la life », avoir le sourire aux lèvres même s’il ne s’agit que d’une image extérieur me permet au fond de moi d’apporter des bonnes vibes. Me forcer à sourire m’apporte de la chaleur, du réconfort. Oui, parfois je m’y oblige en essayant de me répéter que le positif attire le positif.
Sinon, parcourir les sentiers en compétition ou non me défoule et me soulage du poids que je porte au quotidien sur mes épaules, mon cœur, dans ma tête (et un peu sur mon corps aussi faut pas se cacher qu’il faut parfois éliminer la fondue, les cookies et les chocolats) plutôt que de crier, de pleurer je vais courir, après tout va mieux et je souris. J’ai encore une raison sérieuse. Je ne pense pas que je paraisse sereine, je ne suis jamais
vraiment sereine sur une course, mais mon sourire est aussi dû en partie, à ma satisfaction. Je suis satisfaite de courir. En fait, non enfin si, mais je veux encore rajouter une chose : je suis reconnaissante.
La reconnaissance, c’est exactement ça, c’est le mot juste. Aujourd’hui, je me dois d’être heureuse, de sourire. Je crois surtout que je le dois au trail, à la montagne. Ça fait quelques années maintenant que je  cours, la course à pied et le trail en particulier m’a beaucoup appris. Cette passion et tout ce qu’elle m’a permis de vivre m’a fait grandir, évoluer, avancer, comprendre, changer et tout ce genre de trucs-là qui seraient trop long à expliquer maintenant. Bref, ça m’a apporté tant de choses dans la vie de tous les jours, que maintenant quand je foule les sentiers, je dois à la montagne et à ce sport une  reconnaissance éternelle.
Elle passe, d’après moi, à travers cette bonne humeur, ce sourire et mon bonheur.
Il faut quand même que je te confie deux petites raisons du smile dans tous les cas sur 5 ou 110 kilomètres. Ne le dis à personne mais la musique et le coca-cola sont ma raison de vivre en trail. Sur chacune de mes courses, mes sorties longues, j’ai toujours la même playlist dans
les oreilles. Une playlist qui tient 13h pour sûr ! Chaque morceau a une signification. Il me rappelle soit une personne, celle qui m’a donné le titre en général, soit un moment ou encore un endroit. Tu te doutes bien que ce ne sont que des personnes, des moments et des endroits que j’aime ou que j’ai aimé. De la musique qui me fait sourire, parfois même rire. Des titres qui me donnent envie de danser, qui me font parfois penser qu’un ultra trail peut s’apparenter à une folle soirée un peu arrosée à clubber entre copains. Pour le coca, il faut savoir que dans
les moments les plus critiques d’une course c’est la chose qui m’a le plus sauvé et je ne te parle pas d’hypoglycémie là mais d’un coup de blues mental. Un coup de mou et il me suffit de penser que tous les 20 kilomètres je trouverai ma bouteille de coca-cola pour retrouver le sourire (désolée à tout mon crew qui pensait que c’était eux qui me donner envie d’avancer jusqu’au prochain point).

2) Les bas
Ok ok, ce n’est pas toujours rose, je mentirais si je te faisais croire ça. A vrai dire, c’est assez difficile pour moi d’écrire sur les coups durs car ce sont en général les premières choses que j’oublie une fois passée la ligne d’arrivée. Ça me parait logique parce que sinon je ne vois pas comment j’aurai envie de recommencer.
Il y a quand même quelques difficultés que je peux te raconter. D’abord, sache que l’on ne peut pas être toujours satisfait et encore moins lorsqu’on s’entraine dur pour un objectif, un rêve, l’accomplissement que l’on attend. Lorsque j’ai préparé l’Ultra Trail des Païens  (UTDP), je courais beaucoup, c’était à vrai dire la priorité dans ma vie, et j’ai été déçue des centaines de fois. Tu me diras que c’est un peu ridicule d’être déçue de son allure sur une séance de côte alors que quelques années auparavant tu pensais être incapable de courir 5 kilomètres.
Oui, au fond, ce n’est que du sport, ça ne doit t’apporter que du plaisir. Moi, je te le dis, non.
Non, en fait tu as le droit d’être déçue. Et ça m’est bien égal que toi, quand je te dis ça, tu te dis que certains ont des problèmes plus graves et que ce n’est que ma passion, pas  mon métier, que je dois arrêter d’en faire un drame de cette allure pourrie sur ma séance de côte. Je te le dis, quand tu fais des sacrifices, des compromis, que tu fais passer la course avant le reste et bien si ça peut te paraître être la fin du monde et tu as le droit de t’en vouloir, d’être déçue et en colère. Voilà, ça c’est difficile mais sache juste que ce moment dur, tu  dois apprendre à en faire une force la fois d’après. Puis, il y a aussi tous ces  moments où j’ai culpabilisé de ne pas y être aller. Je n’y suis pas allé parce que je n’avais pas envie, parce que j’ai préféré aller boire un café avec une copine, parce que j’avais besoin de souffler, parce que je ne m’en sentais pas capable mais aussi quelquefois parce que je craignais d’échouer. Ah, il y a aussi cette culpabilité à chaque écart, le soir où j’ai mangé trop de chocolats, celui où j’ai bu deux bières au lieu d’une, la semaine où au lieu de manger des légumes tous les jours j’ai mangé trop de pâtes. Bien sûr, bien sûr, je suis complètement folle de culpabiliser pour ça quand je sais que je cours 100 kilomètres par semaine. Mais finalement, ce qui me fait le plus souffrir dans tout ça, c’est que je m’en veux, je me fais du mal et je déteste mon corps, voilà à quoi ça abouti. Mentalement, je me dis que
j’ai tout foutu en l’air, que je suis faible et qu’en plus à cause de ça je n’arriverai à rien. Alors, je me déteste, je déteste mon corps. En fait, quand je me rends compte que j’en  arrive là, je suis encore plus mal parce que je me dis que je déteste un corps qui me permet de faire des choses  extraordinaires. Bon, tu l’auras compris, ce n’est pas toujours simple dans ma tête et ça me parait compliqué de te l’expliquer mais au moins tu vois qu’il existe bien des passages difficiles.
Je te l’ai dit, la plupart du temps quand je passe une ligne d’arrivée, j’oublie totalement les moments négatifs que j’ai dû affronter que ce soit  physiquement, sur le parcours ou mentalement. Par exemple, sur l’UTDP, je pense bien que tout n’a pas été toujours merveilleux et je le sais car je le dis dans certaines vidéos mais je n’ai aucun souvenir d’avoir
mal vécu un moment, d’avoir été au bout de ma vie, d’avoir été déprimé etc. Pourtant, il y a
cette course, cette fois-là où j’ai eu l’impression que je n’arriverai jamais à terminer, où j’ai eu la sensation d’un échec total, d’un mal être  permanent. C’était au Munster Trail 2022, 42km d’enfer et je vous assure que le classement n’a rien à voir là-dedans car je n’étais pas trop mal placée. Déjà, ça commence par de la pluie à ne plus voir devant soi, le genre de journées où il n’y a jamais de jour, assez déprimant de base. Dès le départ, ça m’a gonflé, avec la veste de pluie je crève de chaud, je l’enlève et je n’arrive pas le mettre dans mon sac (merci le gentil monsieur qui m’a aidé après avoir très certainement vu mon grand agacement), sans la veste de pluie je crève de froid, j’enlève mon tour de coup en même temps je me bats avec ma casquette (non il n’y avait pas de soleil mais beaucoup trop de pluie), j’avais compris que rien n’ira comme je veux. Je t’avoue que je suis plutôt du genre à vouloir que tout fonctionne comme je veux et pas  autrement, je te laisse imaginer mon énervement. Alors quand, en plus on me dit « allez t’es à 2 minutes du podium », c’était la phrase de trop et là surgit une Tif que tu ne veux jamais connaître. Oui, excuse-moi je ne suis pas parfaite. D’ailleurs  merci à toutes les personnes qui se sont fait hurler dessus parce qu’il manque une compote, insulter parce qu’ils me disent que je cours bien et qui m’excusent après chaque course et se retrouvent au bord des chemins pour moi la fois d’après. Arrête de faire genre, je sais que tu peux être pareil (enfin j’espère ne pas être seule), c’est juste que certains arrivent à la garder dans leur tête là où j’ai besoin de l’extérioriser. Bon, mon caractère pourri n’est pas le sujet. Et comme rien ne se passait comme prévu, comme j’étais extrêmement de mauvaise humeur, je me suis
demandé ce que je faisais là sur les sentiers en train de me battre contre moi-même pour arriver au bout de ces 42km. D’abord je me suis dit de penser à tous les moments de bonheur sur les sentiers mais ce sont tous les autres qui me sont venus à l’esprit. Ceux où justement, j’ai pleuré en rentrant, qui m’ont déprimé pendant des jours car j’ai été déçu.
Avant, je t’ai dit de te servir de ça pour en faire une force, c’est vrai ça m’a donné la rage mais elle s’est plutôt retournée contre moi. J’étais en colère de pas avoir réussi, de ne pas réussir comme je veux, autrement dit en colère de ne pas passer un bon moment, de ne pas être heureuse d’être là.
Je suis allée jusqu’à l’arrivée en me répétant dans ma tête que je suis très nulle, que je déteste ce que je fais et que je suis vraiment incapable de rien. En arrivant, j’ai dit : plus jamais, plus jamais je ne ferai cette course c’était la plus horrible de ma vie. Cette année, j’y suis retournée, j’ai choisi le format 62km, j’avais une revanche à prendre, ça été un moment extraordinaire et j’y ai vécu l’inverse de l’an passé. Pardon, en fait je suis obligée de trouver du positif dans mes expériences négatives. Mais, on a qu’à se dire que ça fait une belle transition vers la dernière partie.

3) Les larmes
Mon grand sourire, ma marque de fabrique comme certains le disent. Ceux qui me connaissent vraiment savent  que ma marque de fabrique c’est aussi et peut-être même avant le sourire, les larmes.
Je dois te le dire, je pleure et je pleure beaucoup. Alors, non je ne pleure pas toujours de tristesse, de rage, de désespoir, de déception ou de colère. Mais oui, il peut m’arriver de pleurer après un entrainement pour toutes les raisons que je t’ai expliqué avant. Je pleure aussi parfois parce que je doute, je  doute de moi, je pense que je n’y arriverai jamais. Parce que, je l’ai toujours fait pour tout. Un copain m’a dit, en fait toi tu étais celle qui pleurait parce qu’elle n’avait pas réussi l’interro mais qui avait un  20/20 avec le point bonus pour l’éval d’après… c’est un peu ça en effet. C’est vrai, je peux pleurer pour toutes ces raisons négatives : peur, doutes, haine, déception etc. Et c’est même ok de te dire que je peux pleurer la veille d’une course, de peur de prendre le départ, de stresse de ne pas être capable, de la pression que je me mets seule sur les épaules.
Mes larmes sont tellement mais tellement plus que juste ces sentiments négatifs.
Parce que je pleure énormément mais je pleure aussi un peu n’importe quand. Je vais te raconter quelques moments où ça m’est arrivée.
J’ai pleuré, à la fin de mon  premier 50km, c’était une sortie off avec des copains. Je suis entrée dans la voiture, je ne peux même pas dire que j’ai pleuré, j’ai chialé en fait. Il faut dire, quand même, que j’avais mal partout et que j’étais épuisée parce que ce truc ça nous avait pris 11h dans
60 centimètres de neige. À vrai dire, je ne comprenais pas trop pourquoi je pleurais mais je pense que c’était parce que je me suis rendu compte de ce que j’avais réalisé, du parcours que j’avais fait depuis mes premiers 500 mètres de la mort à ces 50 kilomètres.
J’ai pleuré à mon dernier entrainement avant la Saintélyon. Cette course, celle que je pensais ne jamais pouvoir toucher du bout des doigts, la belle, la mythique, la course que je rêvais de faire. Les larmes ont coulé parce que j’ai fait défiler ma prépa dans ma tête. Les heures  d’entrainement, la motivation quel que soit l’heure, la météo, de nuit comme de jour et la plupart du temps seule.
Je remerciais mon corps, ma tête et mon cœur de m’emmener, me permettre de  m’envoler vers l’un de mes rêves. Je m’imaginais passer cette arche d’arrivée dans le célèbre Hall Tony Garnier.
J’ai pleuré parce que j’étais heureuse de ce que j’avais fait pour arriver au départ de cette course et dis-toi juste que ces larmes m’ont servi à avancer dans les derniers kilomètres et ont bien sûr coulé de la même façon au moment de passer l’arche. J’ai pleuré, et je t’assure que c’étaient des énormes larmes de crocodiles, quand j’ai réalisé, en regardant des milliards de fois les vidéos, ma victoire sur l’UTDP. Là, vraiment je peux te dire que j’ai pleuré parce que j’étais fière, parce que j’ai vu la fierté dans les yeux de mes proches et parce que c’était la plus belle arrivée que je n’ai jamais vécue. Je n’ai quasiment versé aucune larme à mon arrivée,  sûrement parce qu’après cet effort je ne réalisais pas vraiment ce qui m’étais arrivée et ce qui se passait. Mais, c’est  juste dingue, dingue de vivre ça, ces émotions de malade, elles sont indescriptibles, désolée je ne trouverai jamais les mots
pour ça, je peux juste te dire que c’est un peu comme un rêve éveillé. Secrètement, parfois le soir dans mon lit, je m’imaginais gagner cette course et je l’ai gagnée, c’est exactement ce que j’ai pensé en passant la ligne d’arrivée. Mais bref, on ne parle pas de cette course folle maintenant. Donc voilà, j’ai versé d’énormes larmes en comprenant ce que j’avais fait et je crois que le plus beau moment et le plus de larmes qui ont coulé c’est quand j’ai compris (j’ai encore dû mal aujourd’hui) que cette victoire je me la dois d’abord à moi-même et à moi seul (il m’a fallu un peu d’aide pour le comprendre). Tu l’as compris, ces larmes ne représentent rien de malheureux, de triste ou de négatif mais elles traduisent juste la beauté et le moment inexplicable que j’ai vécu.
Je pleure et je pleurerai toujours à la lecture des messages que je peux recevoir avant une course. Tu as raison ça c’est juste parce que je suis super émotive et sensible. Mais les messages de certaines personnes, celles qui comptent énormément et qui me font avancer (plus que la musique et le coca-cola j’avoue) par leur présence, souvent juste mentale, me font pleurer. Je crois que ça me fait pleurer parce que peut-être je me sens chanceuse, chanceuse d’avoir des personnes comme elles qui croient en moi et sont présentes pour me rappeler que je dois croire en moi.
Des larmes pleines d’émotions, des larmes de reconnaissance.
J’ai et j’aurai toujours les larmes aux yeux dans un sas de départ, simplement parce que je sais à ce moment que je vais vivre une expérience exceptionnelle, des moments uniques, des émotions fortes et parce qu’entre nous avec leur musique ils cherchent à ce qu’on chiale aussi.
Je pleure et je pleurerai toujours à chacune de mes arrivées, en tout cas c’est ce que je me souhaite car ça voudra dire que j’ai à chaque fois vécu quelque chose de fort, que je reste passionnée et amoureuse de toutes ses sensations que je ne retrouve nulle part ailleurs que dans ce sport et les montagnes.
Il y a deux autres moments où je pleure, quand je retrouve les montagnes et celui où je les quitte. Et allez, je t’avoue qu’en me rappelant tous ces souvenirs et en écrivant ces lignes quelques
gouttes salées ont coulé sur mes joues.
Voilà, j’ai tenté de t’expliquer les montagnes russes que je vis dans ma tête et dans mon cœur.

Coup de cœur n°2
Tout schuss
Aujourd’hui je te parle ski et pour être honnête je n’y connais pas grand-chose, on peut donc parler d’une belle découverte.
Comme c’est l’hiver, je me suis dit que je pourrais mettre à l’honneur une athlète locale dans le sport d’hiver. J’ai effectué quelques recherches et je suis tombée sur ce petit flocon
pétillant, j’ai nommé Léonie Perry.
Léonie Perry
Léonie est une skieuse de fond de 19 ans qui est originaire de la Bresse. Nous avons passé une bonne heure ensemble à échanger autour du ski, de la montagne et un peu du trail comme deux passionnées qui se rencontrent par hasard. Un chouette échange qui je l’espère mènera sur quelques cours de ski de fond et sorties trail dans les Vosges.
A Noël, j’ai reçu le livre « La vie courante » de François d’Haene, et là tu te dis que je débloque complet parce que je suis totalement hors-sujet, bien non…
Figure-toi qu’en commençant à le lire, j’ai pensé à ce que Léonie m’a raconté. Une enfance dans les montagnes, ok les Vosges
ce n’est pas la Savoie mais quand même. Léonie a grandi à la montagne dans une famille de sportif, avec des parents qui l’ont mis sur des skis dès son plus jeune âge. Quand je lui ai
demandé si c’était dur de skier, elle m’a répondu qu’elle avait skié avant de marcher. En
grandissant, elle a intégré le club d’athlé de la Bresse et elle s’en allait courir partout pour
passer des moments sympas entre copines. Oui, tu l’as compris, elle a eu une enfance dehors, au contact de la nature et de tous les sports que l’on peut croiser en montagne.
En grandissant, elle a eu quelques soucis de genou alors elle s’est davantage tournée vers le ski en laissant un peu la course à pied. Tant mieux pour moi (c’est une blague) !
– A quoi ressemble la vie de Léonie aujourd’hui ?
Elle est étudiante comme toutes les personnes de son âge, enfin c’est ce qu’elle m’a dit. En fait, elle fait des études en STAPS à Grenoble en ayant des cours par correspondance et des horaires aménagées afin de pouvoir suivre son emploi du temps d’athlète de haut-niveau. Elle skie aujourd’hui au Comité des Vosges après avoir fait partie l’an dernier de l’équipe de France Junior qui n’existe plus faute de moyens.
Sa vie est rythmée par ses entrainements. Sur la saison estivale, elle pratique beaucoup de course à pied et de vélo de route tout en y intégrant des séances de renforcement. Petit à petit, le ski roues prend place. Puis sur la saison hivernale, en tout cas dès que la neige pointe
le bout de son nez, elle chausse les skis.
– Comment Léonie en est-elle arrivée au haut-niveau ?
Alors, comme je te l’ai raconté, elle passe son temps en montagne et skie depuis toujours ou presque. Mais elle me raconte qu’au départ, elle skie et intègre un club pour passer du bon temps entre copains. Elle commence les compétitions et là elle me dit qu’elle était très nulle. Laisse-moi rire, j’ai chaussé des skis deux fois dans ma vie et elle, elle me raconte qu’elle était nulle. Disons que son niveau de l’époque ne lui laissait pas penser qu’elle pouvait un jour en arriver là. Puis, les résultats s’améliorent petit à petit et elle prend goût à la performance et à ses résultats. Si tu me connais un peu, tu comprends qu’on a quelques points communs toutes les deux. Du coup, comme moi, elle te dira d’y croire, de bosser, de ne pas lâcher et de te donner les moyens pour réussir à aller là où tu veux.

– Qu’est-ce qu’apporte le ski à Léonie ?
Léonie aime le sport en général parce que ça permet de soigner son corps, d’en prendre soin.
Le sport lui permet aussi de garder le moral. Et le ski, plus particulièrement, elle en a besoin car elle ne se voit pas rester enfermer, elle a besoin de ce contact avec la nature. Puis forcément, les résultats ça donne toujours envie de  continuer et d’aller plus loin.
– Au fait Léonie, tu imagines quoi pour ton avenir ?
« Alors, je suis loin de pouvoir vivre du ski de fond. Les résultats peuvent devenir mauvais du jour au lendemain, ça me déprimerait un peu mais ce n’est pas une fin en soit, je fais des études pour prévenir ça aussi. Je redeviendrai une étudiante lambda, j’irai skier pour le plaisir et je reprendrai une vie normale. Mais, je ne pense pas souvent à ça et je me laisse vivre. »
– Et niveau palmarès ça donne quoi ?
Je t’avoue, elle m’a expliqué longtemps les différentes épreuves et à quoi ça pouvait
ressembler, je n’ai pas tout compris à part qu’elle elle n’aime pas les 100km qui dure 13h mais qu’elle est plutôt du style effort court et intense.
• 15ème au FOJE (Festival olympique de jeunesse) sur l’épreuve de KO sprint.
• 6ème en coupe d’Europe sur l’épreuve de KO sprint.
• 24ème au Championnat du Monde Junior.
• 1er en Coupe de France il y a quelques semaines.

– Le petit plus
Léonie et ses copains du Comité des Vosges ont créé une association « Association des Espoirs du ski de fond vosgien » pour mettre en place des petites actions afin de financer une partie de leur saison.
Un grand merci à Léonie de m’avoir accordé du temps et pour ce super moment passé à
papoter autour de nos passions.
Comme on est dans le ski et que j’ai parlé de cette petite découverte et rencontre à Hélène, je vous donne son petit coup de cœur ski à elle aussi : Delphine Wernert. Elle aussi skieuse de fond vosgienne.

Article / Tif Prinz

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Sandrine “Grey So What” Ambassadrice Raid2Vous

🏃‍♀️Découvrez notre nouvelle ambassadrice Sandrine, une femme dynamique de 56 ans influenceuse, mannequin et enseignante d’anglais, mieux connue sous le nom de “Grey So What ».

20 ans d’écart, une passion commune pour la piste, toutes les deux cherchaient un nouveau défis pour 2024.

Sandrine propose à Céline Distel d’être sa binôme pour participer à leur premier raid multisport des châteaux féminin en duo organisé par Raid2Vous, qui se déroulera du 18 au 20 mai.

Sandrine, après avoir arboré la couleur grise avec audace, souhaite démontrer qu’à 56 ans, il est encore possible de se surpasser et que tous les défis sont envisageables.

Aujourd’hui, Sandrine est fière d’apporter sa contribution en tant qu’ambassadrice de l’association Raid2Vous, véhiculant les actions et les valeurs engagées par Raid2Vous : la Femme, le Sport, la Solidarité et l’Environnement.

Femme fatale qui croque la vie en se lançant dans de nouveaux défis, Sandrine embarque avec elle toutes les femmes qui osent repousser leurs limites.

L’histoire de Sandrine a débuté en 2016 lorsqu’elle a lancé son compte Instagram sous le nom de « Grey So What ». Femme fatale aux cheveux gris, elle redonne une nouvelle jeunesse en assumant sa couleur naturelle pour dédramatiser les effets du vieillissement.

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